7- Essayage et enchères

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Aujourd'hui, les robes arrivent. Je dois dire que je suis contente, car je vais enfin avoir le droit de sortir. J'ai passé les deux dernières journées enfermée dans ma chambre, impossible de sortir. La Duchesse a demandé à être présente lors de l'essayage. Elles sont toutes dans les teintes de gris, violet et bleu, de ce que j'ai vue, ce sont aussi la palette de couleur de la garde-robe de la Duchesse.

J'essaie en premier les robes pour les jours normaux, elles sont effectivement sobres, mais tout de même extrêmement élégantes, elles embrassent mes formes et me donnent un aspect de Déesse.

La modiste me fait ensuite porter les robes de soirées, plus belles les unes que les autres. Ma préférée est grise, mais lorsque je bouge, des étincelles violettes ou bleues apparaissent gracieusement. Elle a un magnifique corset surmonté de petites fleurs d'un violet très pâle, les manches bouffantes s'arrêtent juste avant mes triceps. Ma jupe est longue, entourée d'un mince voile presque transparent.

— Vous porterez celle-ci lors du Bal des Héritiers, m'indique la Duchesse en me montrant ma robe préférée.

Je souris en passant ma main sur ma taille, je porte toujours la robe. Elle me va comme un gant!

La Bal des Héritiers est organisé par Ses Majestés le Roi et la Reine au palais royal! Je souris à l'idée de me promener dans ce magnifique endroit.

— Celle-ci aussi est jolie, j'ajoute en pointant une robe bleu nuit, ornée de magnifique dentelle, laissant apparaître les épaules.

La Duchesse grogne élégamment.

— Il est hors de question que vous portiez cette robe! me lance-t-elle sur un ton dur. Que penseraient les gens en apercevant mon héritière vêtue d'une robe de ce genre?

La modiste baisse les yeux vers le tapis.

— Elle est plutôt jolie, pourtant... je marmonne assez fort pour qu'elle entende.

— Que venez-vous de dire?!

Je lève la tête vers la Duchesse, mes yeux dans les siens.

— J'aime cette robe.

J'ai à peine le temps d'assimiler le regard de haine dans le visage de la Duchesse qu'elle lève la main haut, puis la dirige à une vitesse impressionnante en direction de mon visage. Je ne peux m'empêcher de perdre l'équilibre et me retrouver sur le sol, ma main est sur ma joue, je tremble. La Duchesse ne me regarde plus, ses yeux fixent la modiste.

— Nous devons parfois la ressaisir, elle ne comprend pas ce qu'elle dit. Mademoiselle June est encore jeune et immature, ça viendra avec le temps.

Je retiens mes larmes pour couler.

— Ajustez-lui cette dernière robe, qu'on en finisse, ordonne la Duchesse en sortant de la partie salon. Gayle, fait mettre à Mademoiselle June la robe bleue nuit avec les manches longues et les boutons dorées à l'avant, puis emmène-là à l'extérieur, les calèches doivent bientôt arriver. Nous partons dans quelques minutes pour choisir notre héritier.

Ma femme de chambre acquiesce pendant que la Duchesse quitte ma chambre.

La modiste me fait enfiler la robe décrite par le cruelle femme qui vient de quitter, le haut est comme une sorte de veste, en dessous je porte une chemise blanche. La jupe est longue, mais moins bouffante que les autres. Je réalise que c'est une robe de voyage.


Je me retrouve ainsi dans une calèche du Duché d'Angwin du Nord en direction de la Capitale. Je ne me souvenais pas des chemins de campagne aussi chaotiques, il y a des nids de poule partout!

Après environ cinq heures, nous sommes enfin arrivés à la Capitale. Il est dix heures, les enchères ont déjà commencé, mais la Duchesse affirme qu'ils, elle et le Duc, ne sont pas intéressés aux lots en haut de quarante. Vous vous dites probablement que c'est tôt, cinq heures du matin, pour que la modiste vienne, mais la Duchesse a insisté. De toute façon, j'étais déjà réveillé.

Nous sommes à la même place qu'à mes enchères, mais cette fois-ci, nous entrons par la porte principale, les sols sont faits d'un tapis rouge vif, les murs sont en bois clair, les lustres donnent une impression somptueuse.

Nous arrivons dans la partie des gradins, une jeune homme est sur la scène, certaines familles se battent pour l'avoir, mais il n'est que le lot 55. On nous fait signe de s'installer à côté d'une Marquise, une femme dont les cheveux d'un blanc clair, une mince taille, des rides partout autour de sa bouche et de ses yeux.

La Duc sort un livre de poche, puis s'installe confortablement, le Duchesse, elle, parle à la Marquise.

— Aimez-vous votre héritière, Madame la Duchesse? demande-t-elle.

Elles font comme si je n'étais pas là.

— Elle est parfaite, cette jeune June. Et vous, Agnes, la vôtre?

La Marquise sourit.

— J'ai eu le lot 7, comme vous le savez, elle est polie, mais silencieuse, elle ne parle jamais! Je regrette tout de même un peu mon choix, mais elle est très jolie, c'est ce qu'il faut, non?

La Duchesse sourit, tout comme la Marquise.

Le temps passe, je n'ai rien à faire, je suis insérée entre le Duc et la Duchesse. Je ne peux pas bouger, les deux trop occupés, soit à lire, soit à discuter avec leur voisine.

Le jeune homme placé cinquième dans le classement s'avance sur la scène. La Duchesse se tait immédiatement, son attention n'est plus sur la Marquise qui a déjà son héritier, c'est le Marquis qui est allé le chercher.

— Beau jeune homme, j'entends glisser la vieille femme à la Duchesse. Je crains qu'il ne fasse, cependant, un beau couple avec votre héritière.

Le jeune homme a la peau matte, les cheveux noirs. Peut-être a-t-elle raison.

Finalement, c'est un autre Marquis qui le choisit.

Le quatrième, c'est un Duc.

Le troisième, c'est une Duchesse.

Le deuxième... C'est le Roi!

La Duchesse émet un ricanement de bonheur, le premier entre en piste. Ses cheveux sont blancs, ses yeux foncés, comme deux billes dans le visage. Sa mâchoire est magnifiquement posée.

— Ce garçon est parfait, annonce la Duchesse en levant son bras pour signifier qu'elle enchérie.

La foule est silencieuse, nous sommes débarrassés de la famille royale, nous avons probablement le champ libre. Oh non... Le Duc de Néregs du Sud lève la main. Les deux le veulent à tout prix.

La Duchesse du Nord (En réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant