5 : Charlie arrive trop tard

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Charlie avait sous-estimé le temps qu'il lui faudrait pour rentrer à la maison. Il avait marché plus que d'habitude et l'aventure hors-norme qu'il avait vécue l'avait encore plus éloigné de ses chemins habituels, il avait donc dû s'orienter une nouvelle fois avec son smartphone pour trouver le trajet le plus court.

Au bout d'une bonne trentaine de minutes, Charlie approcha enfin de la maison. Serein, il savait que Mary ne s'inquiéterait pas, même s'il avait « traîné », et surtout, il était content d'avoir pris une décision. La bonne décision. Malgré tout, comme à chaque fois, cette balade avait été productive et il en revenait fort d'une vision nouvelle de la situation. Il avait hâte d'en discuter avec la jeune femme.

Il franchit les derniers mètres qui le séparaient du perron, mais en montant les marches, il sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. La porte était entrouverte et ce n'était vraiment pas le genre de la maison ; Mary était plutôt paranoïaque en ce qui concernait la sécurité, surtout depuis la vague de cambriolages qui avait affecté le quartier l'année dernière. Dès qu'elle devait monter à l'étage ou aller prendre une douche, si elle était seule, elle verrouillait la porte d'entrée et activait l'alarme.

Il grimpa en vitesse la volée de marche et stoppa net devant la porte, hésitant presque à aller plus loin. Il la poussa délicatement, glissa un œil à l'intérieur, sans que cela l'informe plus sur ce qui se passait.

- Mary ? Mary, c'est moi ! dit-il en entrant, sans être vraiment sûr de ce à quoi s'attendre.

Il referma la porte d'entrée.

- Mary ?

La maison était silencieuse. Il n'entendait rien d'autre que le fond musical qu'elle laissait souvent, quoi qu'elle fasse. N'obtenant pas de réponse, Charlie alla vérifier dans la cuisine, revint sur ses pas pour voir dans le salon - vide - et monta à l'étage en l'appelant à nouveau.

- Mary ?

Il inspecta rapidement le bureau et la chambre, poussant même jusqu'à la salle de bain, aussi vide que le rez-de-chaussée. Charlie ne remarqua rien d'anormal, pourtant, un vague sentiment d'inquiétude, presque une peur viscérale, sourde, commença à lui secouer les tripes. Il tenta de se rassurer : peut-être avait-elle décidé de faire un tour, elle aussi ? Sans prévenir ? pensa-t-il aussitôt. Ce n'était vraiment pas dans les habitudes de Mary.

Il descendit les escaliers, se demandant encore ce qui se passait.

C'est là qu'il le vit, posé sur le meuble de l'entrée. Il ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas prêté attention en entrant, mais il y avait bien un mot mis en évidence, debout contre la petite lampe de table.

Charlie attrapa le feuillet, mais quelque chose clochait : derrière le mot, il trouva un portefeuille qui ressemblait curieusement au sien. Il porta machinalement la main à sa poche pour découvrir qu'il n'y était plus. Il le prit et l'ouvrit pour constater que rien ne manquait, rien sauf la série de photo qu'il avait contemplée dans la rue.

Bon sang ! Comment ce portefeuille s'était-il retrouvé là ?

Cette peur qu'il avait ressentie à l'étage se révéla dans toute sa dureté, lui tordant les boyaux, et sa main tremblait déjà en ouvrant la petite feuille de papier pliée en deux.

« Tu as quelque chose qui nous appartient. Nous avons quelque chose qui t'appartient. Appelle au 555-3454-2390. »

Charlie manqua de tomber à la renverse ; ce ne fut que le mur du petit couloir qui le retint.

Il n'en revenait pas. Sa vie banale venait de basculer dans un mauvais film noir.

Il se laissa glisser vers le sol, adossé au mur, tandis qu'un tas d'idées lui traversaient l'esprit. Des idées sombres.

Teddy BearWhere stories live. Discover now