2 : Charlie sauve une vie

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Alors qu'il entrait dans la ruelle sombre et étroite, ses écouteurs diffusaient Nothing Else Matters. C'était la chanson, celle sur laquelle il avait dancé avec Mary pour la première fois, un slow envoutant, tout en douceur et en puissance, et qu'ils avaient partagé et sur lequel ils avaient dansé puis fini par s'embrasser. Ce titre de Metallica était devenue leur chanson. À chaque fois qu'il l'entendait, Charlie ne pouvait s'empêcher de repenser à ce moment magique.

Cette nostalgie le poussa à sortir une série de photos de son portefeuille. C'était presque un réflexe, il en avait conscience et pourtant, il avait du mal à réfréner ce geste. Quatre petites images issues d'un photomaton dans lequel ils s'étaient amusés et qui avaient été prises le jour suivant ce premier baiser. Revoir ces clichés lui rappelait immanquablement le bonheur de ces instants.

Le début de soirée était bien avancé et il faisait beaucoup plus sombre maintenant. Charlie s'approcha d'un lampadaire qui éclairait faiblement la ruelle. Il se positionna juste en dessous, histoire de profiter de la lumière jaunâtre et vibrante et il contempla quelques secondes les photos. En voyant ces sourires, il laissa remonter les émotions qui arrivaient tout doucement, par vagues, et il se souvint de ces bons moments.

Bon sang ! Ces sentiments des premiers jours, il les avait encore ! Ces petits bonheurs des débuts lui en rappelèrent d'autres, plus récents, et au fil des pensées, dans cette ruelle sombre, il réalisa à quel point il aimait Mary. Ces disputes n'étaient qu'un problème de communication et tout ce qu'il avait à faire, c'était d'être un peu plus à l'écoute. C'était simple au fond : il allait repartir de cette série photomaton et de ce qu'elle symbolisait.

Dans le prolongement de son bras, un objet coloré et incongru attira son attention.

Un petit ourson en peluche d'une quinzaine de centimètres de haut était comme assis en plein centre de la ruelle. Bizarre, il n'avait rien remarqué en arrivant seulement quelques minutes plus tôt. Cet ourson paraissait tout neuf, il n'aurait pas pu le rater.

Charlie haussa les épaules. Au cours de ces balades particulières, il lui arrivait même de se demander quel chemin il avait suivi. Bercé par le morceau des Metallica et absorbé par ses souvenirs avec Mary, bien sûr qu'il aurait pu passer à côté.

Mary.

Mary qui lui faisait ce si joli sourire sur les photos. Mary qu'il aimait tant. Il en était sûr. Pourquoi remettait-il en question ses sentiments aux premières difficultés, à la moindre dispute ? C'était... stupide.

À nouveau, quelque chose attira son regard. Un éclat rouge. Brillant. Juste là, à ses pieds, en direction de la peluche.

L'ourson était assis au milieu de la ruelle comme si quelqu'un de particulièrement farceur l'avait placé là. Charlie fixa quelques secondes l'objet sans que rien ne se passe. Il détourna le regard et presque immédiatement, il eut l'impression de revoir cet éclat rouge.

C'était dans les yeux de l'ourson, il en était certain.

Charlie rangea la photo dans son portefeuille, le glissa dans la poche de sa veste et s'approcha de la peluche.

Il était dans un état incroyable : on aurait dit qu'il sortait d'une boutique, qu'il venait d'être déballé.

- D'où sors-tu, toi ?

Charlie s'accroupit pour le ramasser et l'examina sous toutes les coutures, le tournant et le retournant. C'était une peluche tout ce qu'il y avait de plus normale et vraiment comme neuve. D'une belle couleur marron, avec des poils assez longs et doux, cet ourson arborait un petit pull en laine rouge, avec, brodée en caractères blancs, l'inscription « Teddy Bear ».

Teddy BearNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ