— Tu lui as dit la vérité, alors ?

— Non, je l'ai évité le reste de l'après-midi. Et vous ? Vous en avez parlé à quelqu'un ?

— Oui. Seulement à mon amie, Anna.

— Celle dont vous m'avez parlé ?

— Oui. Je lui raconte tout.

— Tout ? Même ce qu'il s'est passé en quatrième ?

— Oui... C'est la seule personne qui est au courant de cette histoire.

Il ne dit rien. Elle se justifia.

— Tu sais, c'était une situation particulière. J'étais une jeune prof et j'ignorais quoi faire. J'avais besoin de conseils et je savais qu'Anna n'en parlerait pas. Je ne pouvais pas garder tout ça pour moi...

— Je comprends. J'ai fait tout l'inverse et j'ai perdu presqu'une année à l'hôpital. Vous avez bien fait.

Il sourit à Clémence pour confirmer qu'il ne lui en voulait pas.

— Elle ne vous a rien dit lorsque vous m'avez ramené au Nouvel An ?

— Non, elle ne savait pas que tu étais de nouveau dans ma classe. Elle ne pouvait pas se douter que c'était toi.

— Et maintenant, elle est au courant ?

— Oui, je lui en ai parlé quand elle est venue chez moi.

— Le jour où vous n'êtes pas venue au parc.

— Oui.

— Pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt ?

— Je ne sais pas... Je crois que je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour moi.

— Ce serait compréhensible. Un élève harceleur qui est toujours là.

— Je ne t'ai jamais considéré comme tel. Anna peut-être mais son opinion a changé. Surtout depuis que tu m'as sauvée de Samuel.

— Vous exagérez un peu en parlant de sauvetage.

— Je ne crois pas. Il avait l'air fou et qui sait jusqu'où il aurait pu aller. Pour moi, tu es mon sauveur.

Elle lui sourit mais il regardait ailleurs. Le jeune homme se leva précipitamment.

— Désolé mais je dois vous laisser. Au revoir, Madame Leduc.

— Euh... Au revoir, Jordan. A demain.

Il partit en marchant vite. Clémence fut étonnée de ce départ subit et le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il s'arrête devant une jeune fille. La professeure ne la distinguait pas bien mais elle semblait légèrement plus âgée que Jordan et assez mignonne. Elle les observa discuter et s'installer sur un banc. Clémence ressentit quelque chose de bizarre au niveau de son estomac, comme une acidité pénétrante. C'était la première fois qu'elle avait cette sensation. Voir cette inconnue discuter et rire avec Jordan, sur un banc, dans ce parc, fâcha l'enseignante. Elle se sentait trahie. Elle quitta le parc d'un pas lourd en se posant mille questions sur l'amie de son élève.

Le lundi qui suivit, Jordan fut moins participatif qu'à son habitude. Il avait les yeux rivés sur son bureau et ne répondait à aucune question. Cela arrangeait bien Clémence qui était toujours en colère contre lui. Elle arriva dans la salle des professeurs et se prépara un thé pour se relaxer. Elle corrigea un test donné plus tôt dans la matinée en faisant un effort de concentration. Une fois les corrections terminées, Albert, qui l'observait, vint s'asseoir près d'elle.

— Bonjour, Clémence. Vous semblez soucieuse.

— Bonjour. Non, tout va bien.

— Si vous le dites... dit-il peu convaincu. Êtes-vous au courant pour le bal des dernières années ?

Les promesses du parcWhere stories live. Discover now