Chapitre 13

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Le mois de juin arriva trop vite pour Clémence. Un compte à rebours douloureux s'était mis en marche. Comme chaque jeudi, l'enseignante débutait sa journée plus tard avec les sixièmes. Elle était dans la salle des professeurs en attendant que la sonnerie lui somme d'aller donner cours. Elle réfléchissait en buvant son éternel thé au tilleul. Les examens commenceraient le 19. Cela lui laissait encore deux semaines de leçons et révisions. Ensuite, elle verrait Jordan moins régulièrement. Elle surveillerait sa classe le 23 lors de leur épreuve de français. Quatre heures durant lesquelles elle pourrait l'observer à sa guise. Elle s'était également proposée d'être présente le lundi 26 pendant leur examen de géographie : leur professeur ayant plusieurs classes de dernière année, il ne saurait pas rester dans un seul local. Les conseils de classe se dérouleraient les jours suivants. Le vendredi 30, les étudiants jusqu'à la cinquième année recevraient leur bulletin dans la matinée et à 15h, la remise des diplômes des sixièmes aurait lieu. Enfin, le même jour, le bal de promo commencerait à 20h pour clore cette année scolaire. Ce mois filerait à la vitesse de la lumière. Cette pensée fit soupirer la jeune femme. Trop fort sans doute car certains de ses collègues la dévisagèrent. La sonnerie la sortit de ses réflexions. Elle se rendit dans la classe des élèves de dernière année et les salua avec énergie.

— Bon, les gars ! C'est la dernière ligne droite. Plus vite nous finissons cette matière, plus vite nous entamerons les révisions. J'espère que vous êtes encore un peu motivés.

Les réactions de ses élèves lui indiquèrent que certains l'étaient et d'autres un peu moins. Elle sourit et démarra sa leçon. Elle ne put s'empêcher de jeter de temps à autre un regard vers Jordan. Ce besoin de le voir était presque devenu essentiel pour Clémence. C'est d'ailleurs lui qu'elle regarda quand elle partit à la fin du cours.

De retour dans la salle des professeurs, elle se posta devant la fenêtre et chercha son élève des yeux dans la cour de récréation. Elle le trouva facilement. Les adolescents ont cette étrange habitude de toujours se mettre au même endroit. Elle le contempla un instant puis se retourna et constata qu'Albert l'observait.

— Bonjour, Albert.

— Bonjour, Clémence. Vous êtes triste.

— Mais non, pas du tout !

— Ce n'était pas une question. Venez près de moi.

Il lui montra une chaise à côté de lui. Elle s'y assit.

— Vous êtes bien plus expressive que vous ne l'imaginez. Et là, je vois bien que vous êtes triste. C'est étrange... En général, le mois de juin est plutôt positif pour un enseignant.

— Je ne suis peut-être pas une prof ordinaire.

— C'est bien vrai. Je ne sais pas exactement ce qui vous attriste mais je suis certain que ce sera arrangé avant les vacances.

— Faites-moi confiance ! finit-il en clignant de l'œil.

Clémence était toujours déconcertée après une discussion avec son collègue. Il avait l'art de dire les choses tout en gardant une part de mystère. Il donnait l'impression d'avoir vécu cent vies et de connaître les personnes mieux qu'elles-mêmes. Il lui manquerait vraiment l'année prochaine.

Le lendemain, pendant la pause de midi, Adèle vint rendre visite à ses collègues avec la petite Lily. Cette dernière était une véritable attraction et passa de bras en bras. Clémence resta un peu en retrait avec Albert. Il posa sur la jeune maman un regard paternel. Soudain, l'enfant se mit à pleurer et Adèle lui prépara sa purée de légumes. Elle s'installa près de sa remplaçante et donna à manger à sa fille.

— Alors, Albert ? Prêt pour la retraite ?

— Pas vraiment. Cette école va sincèrement me manquer. Aussi bien mes collègues que les élèves.

Les promesses du parcWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu