Chapitre 6

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Les semaines de novembre s'écoulèrent de façon routinière. Entre les cours, leur préparation et la météo peu engageante, Clémence s'était rendue seulement une fois au parc et n'y avait croisé que peu de promeneurs. Le mois de décembre arriva avec son esprit de Noël. L'enseignante adorait cette période et toute la magie qui l'accompagnait. Elle avait prévu d'installer et de décorer son sapin le vendredi après son travail, soit le lendemain soir. Elle s'en réjouissait d'avance.

La matinée du vendredi sembla courte à la jeune femme et elle arriva à la salle des professeurs de bonne humeur pour le repas de midi. Elle discuta avec ses collègues de leurs projets pour les fêtes de fin d'année. Elle constata que la plupart d'entre eux avait fondé une famille ou, du moins, était en couple. Lorsqu'elle fit savoir qu'elle passerait le réveillon de Noël avec ses parents et celui du Nouvel An avec ses amis d'université, une collègue lui demanda si elle était en couple. Un peu embarrassée, elle répondit par la négative.

— Elle attend juste le bon, voyons ! intervint Albert. Et elle a bien raison. Je suis certain qu'elle ne devra plus patienter bien longtemps.

Il lui adressa un sourire bienveillant avant de boire son café. La sonnerie retentit pour avertir de la reprise des cours et la salle se vida. Clémence se rendit dans la classe des sixièmes et remarqua une certaine agitation. Elle s'installa à son bureau et, le calme ne revenant pas, elle demanda ce qu'il se passait.

— Rien de spécial, répondit Jordan.

— On se demandait ce que Jordan allait faire pour son anniversaire vendredi prochain, dit Xavier.

— C'est ton anniversaire la semaine prochaine ? questionna Clémence.

— Oui mais je n'ai pas vraiment envie de le fêter.

— T'auras 18 ans, bien sûr qu'il faut fêter ça ! On ira boire des bières, reprit Xavier.

— Je ne veux pas savoir ce que vous ferez et consommerez la semaine prochaine. Vous en parlerez à un autre moment. Maintenant, vous allez vous concentrer sur le cours et avancer afin d'être prêts pour les examens qui vont arriver, conclut leur professeure.

Les deux heures de leçons filèrent à toute vitesse, à la grande joie de Clémence qui avait hâte de rentrer chez elle. C'est enjouée qu'elle se dirigea vers le parking. Elle démarra sa voiture dans laquelle le volume de sa musique préférée était constamment trop fort. Cette chanson s'adaptait toujours à l'humeur de la jeune femme. Heureuse, le rythme la motivait. Triste, l'interprétation de la chanteuse la rendait plus forte. En colère, les paroles étaient libératrices.

Dans son appartement, elle rangea son sac et ses affaires, enleva ses chaussures et se mit à la décoration de son salon. Une fois fait, elle but un thé en se remémorant l'évocation de son célibat avec ses collègues. C'était la première fois qu'elle se sentait gênée d'en parler. Elle n'en avait jamais eu honte auparavant. Mais, ce soir-là, en regardant les lumières briller dans son sapin, elle éprouva une certaine

solitude. Elle s'emmitoufla dans le plaid qui traînait dans son canapé et regarda une comédie romantique.

Le lendemain, elle se rendit à la papeterie pour acheter du matériel scolaire ainsi que des rouleaux d'emballage cadeau. Alors qu'elle marchait dans les rayons, son regard fut attiré par un cahier vert au format A4. Elle le prit en main, en feuilleta les pages immaculées et le reposa ensuite en secouant la tête. Elle quitta l'allée, toujours en pensant qu'un professeur ne devait rien offrir à un élève. Elle se dirigea vers la caisse. Brusquement, elle fit demi-tour, attrapa vivement le cahier et alla payer ses achats avant de rentrer chez elle. Elle le sortit de son sac et le posa sur la table de sa cuisine comme s'il lui brûlait les doigts.

Les promesses du parcWhere stories live. Discover now