Chapitre 28 - Aveux et nourriture

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Harry passe les deux jours qui suivent à se traîner lamentablement à travers le château, et ni la bonne humeur de ses amis, ravis d'avoir enfin terminé leurs examens, ni le plaisir qu'il devrait ressentir à pouvoir lézarder dans le parc au lieu d'aller en cours, comme les élèves plus jeunes, ne parviennent à le sortir de sa léthargie.

Il ne comprend pas pourquoi Rogue l'a repoussé de la sorte. Pourquoi est-ce que l'homme a attendu qu'il accepte enfin pleinement ces sentiments dont il n'a jamais voulu avant de rejeter ses avances ?

Ils se sont embrassés, par Merlin ! Il a senti l'excitation du professeur, aussi forte que la sienne ou peu s'en faut. Alors pourquoi ? Pourquoi s'être enfui en l'abandonnant seul dans le couloir ?

Ressasser encore et encore cette nuit, cette minute maudite où Rogue l'a repoussé, le mine au point qu'il recommence à s'isoler et à ignorer ses amis quand ceux-ci lui adressent la parole.

— Harry ! l'alpague Hermione, quand il apparaît au petit-déjeuner, le matin du troisième jour. Tu as rempli tes formulaires ?

Il lève ses yeux gonflés et cernés vers la jeune femme surexcitée qui a étalé devant elle plusieurs parchemins couverts de son écriture fine et régulière. Et s'il ne déjeunait pas, tout compte fait ? Il coule un regard vers la grande porte, mais avant qu'il ait pu se remettre en marche, une main se referme sur son avant-bras et le force à s'asseoir.

— Vieux, tu ressembles à une goule depuis quelques jours, alors tu vas t'asseoir avec nous et expliquer ce qui se passe. Les examens sont finis, souris !

Inquiétée par la voix soudain sérieuse de son petit-ami, Hermione tourne la tête vers lui avant de revenir sur Harry une seconde plus tard et d'écarquiller les yeux.

— Harry ! Mais, tu... mais...

Alors qu'elle cherche des mots qui ne viennent pas, ses joues prennent une teinte écrevisse. Elle a été si absorbée par les dizaines de formulaires à remplir pour obtenir un stage au Ministère, qu'elle n'a pas remarqué la détresse de son meilleur ami.

Pire, le jour précédent, elle lui a remis de forces des formulaires identiques aux siens pour qu'il les remplisse à son tour et les envoie au plus vite.

— Je ne sais pas si j'ai vraiment une chance d'entrer au Ministère, s'était-elle plainte. Mais toi, ils ne refuseront jamais ta candidature, à moins qu'ils ne soient complètement stupides. Mais il faut que tu les renvoies vendredi au plus tard, Harry. C'est mieux de faire bonne impression tout de suite. Et puis, il n'y a qu'une très petite poignée d'élèves qui obtiennent un stage au Ministère avant la période officielle d'admission de fin août, tu sais. Trois ou quatre, en général, et jamais plus de cinq, même les plus grosses années. Ceux-là sont assurés de pouvoir intégrer l'un des programmes du Ministère, et avec une avance sur les autres, puisqu'ils seront dans la place depuis au moins trois semaines, parfois même cinq. Oh, Merlin ! Mais si ça se trouve, je n'ai même pas réussi mes examens, Harry, et je fais tout ça pour rien. Si jamais j'ai échoué, jamais ils n'accepteront ma candidature l'année prochaine...

Et elle avait continué sur sa lancée, parlant sans jamais s'arrêter à cause du stress que lui procurait la fin des examens et l'envoi de toutes ces demandes de stage. Elle n'avait même pas noté l'absence de réponse du jeune homme assis à côté d'elle, ni son manque d'entrain.


Hermione peut être qualifiée de beaucoup de choses, mais pas d'égoïste. Et son incapacité nouvelle à aligner plus de deux mots, vient de l'énorme boule de culpabilité qui obstrue son œsophage alors qu'elle découvre l'état lamentable dans lequel Harry se traîne en cet instant.

Les Larmes du Phénix (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant