— C'est vrai que vous étiez en couple en septembre.

— Oui... Elle m'avait déjà demandé en juin pour qu'on sorte ensemble et j'avais refusé. On s'est vus quelques fois pendant les vacances avec les autres de la classe et elle a insisté aussi par messages. Finalement, je me suis dit : "Pourquoi pas ?" à la mi-août. On a fait une ou deux sorties mais ce n'était pas honnête de ma part de continuer avec elle alors que je ne l'aimais pas. J'ai préféré rompre et arrêter les frais.

— C'est respectueux de ta part même si elle a dû en souffrir.

— Oui, une journée. Elle ne connaît pas l'amour, elle l'idéalise.

— Au moins, elle ne l'ignore pas.

C'était sorti tout seul. Leur échange était tellement naturel. Il la regarda dans les yeux, sans rien dire et elle regretta soudainement sa dernière phrase.

— Désolée. C'était... maladroit.

— Non. Je me disais simplement que vous semblez en ignorer moins qu'avant. C'est une bonne chose.

Il fixa alors l'horizon.

— Jordan...

— Oui ?

— Je... Je te souhaite sincèrement de retrouver l'inspiration.

Pendant une seconde, elle avait hésité à lui dire les sentiments qu'elle ressentait pour lui mais elle s'était ravisée. La peur de tout gâcher, sans doute.

— Je l'espère aussi. Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui. La nuit commence à tomber, nous ferions mieux de rentrer.

— Tu as raison.

Ils se levèrent et marchèrent ensemble jusqu'à la sortie du parc sans s'adresser le moindre mot. Ils se saluèrent et se séparèrent, chacun empruntant un chemin différent. Le cœur de la professeure battait encore fort dans sa poitrine.

Le 14 février tomba un mardi. Clémence fut réveillée tôt par les messages qu'elle recevait de ses proches lui souhaitant un bon anniversaire. Ce réveil la mit de bonne humeur. Elle se rendit à l'école pleine d'entrain. Elle débutait la journée avec une classe de cinquième. Ce premier cours fut interrompu par Marie et un autre élève de dernière année qu'elle ne connaissait pas. Ils distribuèrent une rose rouge à quelques élèves. L'enseignante avait oublié que les dernières années avaient organisé une vente de roses pour la Saint-Valentin. Les commandes avaient été prises la semaine précédente et maintenant, les fleurs étaient livrées avec une carte aux heureux élus du cœur de quelqu'un. Clémence trouva cela mignon. Son téléphone vibra lors de la distribution et un élève lui demanda s'il s'agissait de son amoureux pour la Saint-Valentin. Elle répondit que c'était une amie pour son anniversaire. Tous les élèves présents lui souhaitèrent alors un bon anniversaire puis les deux élèves de sixième quittèrent la classe et la professeure reprit son cours.

A midi, elle rejoignit la salle des professeurs et dîna. On frappa à la porte et un de ses collègues l'ouvrit puis appela la jeune femme. Surprise, elle marcha jusque-là et vit Marie, tenant un bouquet de roses rouges.

— Il nous restait des roses et, comme j'ai entendu que c'était votre anniversaire, on s'est dit avec les autres de la classe que nous allions vous les offrir.

— Oh merci ! C'est vraiment gentil. Ça me touche vraiment.

— Nous avons aussi écrit sur les cartes. Bonne journée, Madame.

— Bonne journée à toi aussi. Remercie tout le monde de ma part !

Clémence ferma la porte et alla s'asseoir et entreprit de lire les quelques cartes qui accompagnaient le bouquet. Entre les traditionnels "Bon anniversaire, Madame Leduc" et le "Vous êtes une prof trop cool" de Xavier, la préférée de la jeune femme était celle de Jordan sur laquelle il avait dessiné une magnifique rose et écrit : "Elle est revenue". Clémence était heureuse de l'apprendre mais aussi d'avoir reçu un nouveau croquis de son élève.

Les promesses du parcWhere stories live. Discover now