— C'est magnifique ! Tu as de l'or dans les doigts. Ne t'arrête jamais.

Elle se leva pour rejoindre sa collègue.

— Attendez ! lui dit le jeune garçon. Prenez-le. J'en ai beaucoup et mes parents en ont marre de voir mes dessins partout.

— Merci beaucoup, Jordan. Grâce à ça, je me souviendrai de toi !

Malgré lui, il rougit en fixant sa future professeure puis quitta la classe sans rien dire.

— On te soudoie déjà ? lança Adèle.

— Il semblerait. Mais c'est vraiment superbe. J'adore !

— C'est vrai qu'il a du talent, ce gamin. Mais il est peu concentré en classe car il dessine tout le temps. C'est un bon élève mais il pourrait faire mieux.

La matinée se termina avec l'échange des numéros de téléphone et des adresses mail des deux professeures. Clémence rentra chez elle, salua ses parents et leur raconta sa journée. Elle se dirigea vers sa chambre en riant intérieurement de vivre encore chez ses parents. Elle se promit de trouver un appartement pour la prochaine rentrée. Une fois seule, elle déposa son sac et en sortit le dessin de l'arbre qu'elle accrocha à un des murs. En le contemplant, elle estima que cette journée avait été parfaite et que travailler à Saint-André était une belle opportunité.

Les semaines s'étaient rapidement écoulées et il était déjà temps pour Clémence de prendre le relais d'Adèle. Légèrement anxieuse mais déterminée à ce que tout se passe bien, elle débuta les cours avec les quatrièmes C. Elle fit l'appel afin de connaître tous les prénoms et les associer à un visage. De son observation, elle ne se souvenait que de Jordan. Elle continua la leçon de poésie entamée par sa collègue. D'après cette dernière, la production finale devait avoir lieu trois semaines plus tard, il ne fallait donc pas trop traîner. Pendant que la jeune enseignante dispensait son cours, elle constata que Jordan dessinait.

— Jordan ! J'admire beaucoup les artistes mais j'apprécie encore plus les élèves attentifs. Pose ton crayon et écoute-moi, s'il te plait.

Elle s'attendait à ce qu'il l'ignore mais il lui obéit et ne toucha plus son crayon durant le reste du cours. A la fin de celui-ci, elle prit son élève à part, dans le couloir.

— Ecoute-moi, Jordan. Je ne suis pas là pour te réprimander mais j'aimerais vraiment que tu oublies le dessin lors des cours. D'après Madame Michaux, tu pourrais facilement améliorer tes notes en étant plus concentré et participatif. Es-tu d'accord pour faire un effort ?

— Oui, Madame Leduc. Je peux retourner en classe ? J'ai cours de math...

Clémence lui répondit par l'affirmative en voyant arriver Monsieur Sion.

— Alors, c'est toi qui remplaces Adèle ? lui demanda-t-il. Il n'attendit cependant pas la réponse et enchaîna. Je m'appelle Samuel Sion. Je suis ici depuis 4 ans et l'école est top, tu verras... euh ... ?

— Clémence. Clémence Leduc. Merci pour votre accueil.

— Avec plaisir ! Mais tutoie-moi. On doit avoir pratiquement le même âge. Et appelle-moi Sam. A plus !

Et il rentra dans la classe sans entendre le salut de sa collègue. Tout en se rendant à la salle des professeurs au premier étage, elle pensa que le professeur de mathématiques devait faire craquer les filles : jeune, athlétique, les cheveux bruns et les yeux d'un bleu profond. Sans oublier son côté décontracté avec son jean délavé, son pull en maille bordeau et ses baskets blanches. Un bel homme, conclut-elle.

Après une semaine, Clémence se sentit acceptée par ses confrères et ses élèves. Elle était particulièrement contente de Jordan qui avait délaissé sa passion pour suivre les cours. Elle releva même que ses interventions en classe étaient pertinentes et réfléchies. Elle avait l'impression d'avoir accompli quelque chose d'important. Elle continua sa leçon sur la poésie les deux semaines suivantes tout en ayant des contacts réguliers avec Adèle dont l'avancée des cours la satisfaisait pleinement. Les jeunes avaient réalisé leur production écrite finale le vendredi. Le lendemain, Clémence s'installa à son bureau, dans sa chambre, pour les corriger. Les premières qu'elle lut étaient correctes et respectaient les consignes données : utiliser des rimes, avoir le même nombre de pieds dans les vers, écrire sur le thème "Je suis un sentiment" ... Elles manquaient cependant un peu d'originalité. Beaucoup parlaient de l'amour ou de la colère. Toutefois, la rédaction de Jordan la laissa sans voix.

Les promesses du parcWhere stories live. Discover now