Chapitre 1

337 7 4
                                    

"Madame Leduc". A chaque fois que Clémence écrivait son nom au tableau d'une nouvelle classe, elle était fière. Être professeure représentait pour elle beaucoup de choses : l'accomplissement d'un rêve, la satisfaction de transmettre et le plaisir d'accompagner les jeunes dans leur apprentissage. Cela faisait quatre ans qu'elle enseignait et, jamais, elle n'avait ressenti la moindre lassitude ou eu le moindre doute sur la voie qu'elle s'était choisie. Même si sa deuxième année avait été particulière.

Depuis qu'elle avait obtenu son diplôme, Clémence avait travaillé dans différentes écoles de Wallonie afin de remplacer des professeurs absents. Et cette année, elle revenait dans un établissement dans lequel elle avait déjà travaillé. La jeune femme était ravie de retrouver les collègues qui l'avaient accueillie la première fois. Et surtout la professeure qu'elle avait remplacée et qui attendait de nouveau un heureux événement. Adèle Michaux avait été une alliée précieuse qui l'avait épaulée et conseillée. Leur collaboration avait été parfaite. Dès lors, quand celle-ci annonça sa grossesse au directeur, Monsieur Dupont, elle avait presque imposé Clémence pour son remplacement. Il contacta alors cette dernière qui n'hésita que quelques secondes, le temps d'un rapide calcul, puis accepta volontiers le poste. Et la voilà désormais, jeudi 1er septembre, à donner des cours de français à des élèves du degré supérieur* à l'école Saint-André. La grossesse d'Adèle étant à risque, elle avait dû s'arrêter plus tôt que prévu et ne serait de retour qu'à la rentrée prochaine. Clémence restait donc toute l'année scolaire avec les mêmes classes. Une première pour elle ! Elle s'en réjouissait et espérait qu'un poste se libère l'an prochain pour rester à Saint-André.

Il était temps pour elle de rencontrer ses nouveaux élèves. Après s'être présentée, elle fit l'appel et tenta de mémoriser les visages des étudiants de ses deux classes de cinquième. Certains d'entre eux lui rappelaient vaguement quelque chose. Elle les avait sans doute croisés lors de son premier remplacement.

La première journée fut courte mais épuisante. Heureusement, à la rentrée, les cours ne commençaient qu'à midi. Chaque premier jour dans une nouvelle école fatiguait la jeune enseignante. Répéter la même chose, se souvenir des visages de ses élèves, dont elle aimait découvrir l'identité en classe, était un exercice plus éreintant que de leur apprendre la grammaire. Ce soir-là, elle lut quelques pages d'un roman en buvant un thé au tilleul, son préféré, et alla au lit tôt afin d'être en forme le lendemain pour rencontrer ses dernières classes. Clémence se réveilla fraîche et motivée. Elle se doucha, tressa ses longs cheveux blonds trop raides puis mit du fond de teint ainsi que du mascara noir pour agrandir ses yeux marron. Elle enfila un jean et un chemisier fleuri jaune. Elle était prête à affronter ce vendredi. La jeune femme débuta sa journée avec les quatrièmes A puis, après une heure de pause, les quatrièmes

G avec qui elle réitéra sa présentation et son travail de mémorisation. Durant la pause de midi, Adèle l'appela afin de prendre des nouvelles.

— Salut Clémence. Alors, comment ça se passe ? dit-elle, la voix enjouée mais fatiguée.

— Salut. Pour le moment, tout se passe bien. Je ne me suis pas perdue dans les couloirs et les élèves ont l'air correct.

— Sincèrement, les classes que tu as sont assez faciles. Hormis l'un ou l'autre qui aime faire le clown, ils ne sont franchement pas méchants. Tu finis avec les sixièmes, c'est bien ça ?

— Oui. Deux heures avec eux puis c'est le week-end! J'aurai fait le tour de mes classes en deux jours. Je pourrai commencer la matière dès lundi. Si tu as le temps ce week-end, j'aimerais bien revoir quelques points avec toi sur les leçons...

— Je t'appellerai ce soir, ce sera plus facile pour moi quand Tom sera au lit. Ok ?

— Très bien pour moi. Merci. A ce soir, alors !

Les promesses du parcWhere stories live. Discover now