Chapitre 26

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¤ cette randonnée est un chaos

- Allez, les jeunes ! annonce Dreyfus, déjà debout, en tapant dans ses mains pour attirer l'attention du petit groupe d'adolescents.

- Déjà ? s'enquit Yuki en faisant la moue.

- Il faut qu'on prévienne nos collègues que cette randonnée est plus dure qu'il n'y paraît, or il n'y a pas de réseau ici.

- Et si on se dépêche, on mangera plus tôt, ajoute en souriant Hendrickson.

En rouspétant, les lycéens se lèvent avec difficulté, les membres engourdis. Sans un bruit, Meliodas se lève, puis tend une main à sa petite amie. Elle se redresse et le remercie d'un sourire lumineux, quoi que légèrement fatigué. Le blond tourne la tête vers la suite du chemin quand ses prunelles rencontrent la silhouette du rosé.

Un brusque éclat de rire fait sursauter Ban. Il se retourne vivement et reste bouche bée devant la scène qui s'offre à lui. Le mystérieux blond est plié en deux de rire, le doigt pointé sur un Gowther offusqué. Ne comprenant rien dans un premier temps, le bleuté dirige son regard dans la direction pointé par son ami.

- Faut croire que tu sues du cul, arrive à lâcher Meliodas entre deux rires.

Force est de constater que l'adolescent avait raison. Le short de sport blanc de Gowther était devenu transparent tant il avait transpiré. Le rosé, plus surpris que réellement choqué, lève les yeux au ciel en bougonnant quelques mots sur l'immaturité des jeunes de nos jours avant de récupérer son sac à dos.

C'est avec un sourire au coin des lèvres que les randonneurs reprirent leur marche. Par chance, cette bonne humeur reste le long de la "promenade de santé", malgré les difficultés engendrées par le chemin. La jeune femme aux cheveux argentés tente de tenir le rythme coûte que coûte, en dépit de sa frêle constitution physique. Le bleuté le remarque et siffle d'admiration. Pas si chochotte que ça finalement, la bourgeoise. Il commence à comprendre doucement pourquoi son ami de taille moyenne sort avec elle. Même si elle n'est pas du tout son genre...

Meliodas, quant à lui, accueille avec enthousiasme les douleurs musculaires causées par la randonnée. Comme pour laver l'impression de saleté que le cauchemar avait déposé sur lui, tel de la poussière sur un meuble. Ou pour purger ce qu'il juge être sa peine. Chassant ces pensées-là de son esprit, il se concentre sur le bruit apaisant et régulier des pas de ses compagnons. Peu à peu, son organe cérébral se vide. Plus de chaos, uniquement du silence. Apaisé, le blondinet relève légèrement la tête. Ses pupilles se dilatent afin de s'emplir pleinement de la vue splendide. L'azur du ciel, le vert intense des grands arbres suivi de la couleur plus douce et conciliante de l'herbe, l'explosion de couleurs primaires que forment les fleurs, mais surtout les bords déchirés par le vent ainsi que les pluies de la montagne : toute cette beauté le frappe telle une gifle.

- Pourquoi tu regardes en bas ? s'horrifie Gowther en se retournant d'un coup, manquant de faire tomber Elizabeth de surprise. C'est extrêmement angoissant !

- J'aime bien, rétorque-t-il en haussant les épaules, et je trouve que l'endroit est tellement beau.

- Et puis, pas tout le monde ne souffre de vertige, hein ma barbapapa ? glousse Diane de loin.

Ce dernier grommelle quelques vagues menaces, couvertes par l'éclat de rire collectif des adolescents. Excepté Yuki, se contentant de lever les yeux au ciel, agacée. Par eux, la randonnée ou qui sait ?

- Mais c'est pas possible, on va jamais y arriver ! gémit Dreyfus en regardant l'heure sur son portable inutilisable. Bon, les plus lents devant !

- Avec un peu de chance, dans les hauteurs on captera. T'en fais pas, Dre, tout va s'arranger, le tranquillise Hendrickson en se roulant une clope.

- Dre ? Comme Dr. Dre ? glisse à mi-voix Ban à l'oreille de son ami.

Méliodas se mord les lèvres dans un effort colossal pour ne pas éclater de rire. En fin de compte, Gowther, Elizabeth et Yuki se retrouvèrent devant, guidés par les indications parfois hasardeuses de Dreyfus. Vint ensuite Diane, accompagnée d'Howzer et de ses amis (Gilthunder et Griamore). A la toute fin, le basketteur et le lycéen aux cheveux couleur blé tiennent compagnie à Hendrickson, tranquillement en train de fumer. Escanor, quant à lui, avait feint la maladie pour pouvoir profiter pleinement de ce premier jour, en totale liberté. Chacun continue d'avancer sans se plaindre (à quelques exceptions près). Une bonne ambiance s'installe, des cris d'enthousiasme retentissent dans la vallée lorsqu'ils découvrent un superbe point de vu, constitué de rochers et d'une sorte de plaine d'un vert tirant sur le jaune sous l'effet du soleil. Clou du spectacle, il donne directement vu sur la vallée, et également sur le reste de la randonnée.

- Mais, s'exclame Diane en fronçant les sourcils, on n'en est qu'à la moitié !

- Vous nous avez menti tout à l'heure ! s'indigne Yuki.

- Donc là, maintenant, on a plus le choix de faire demi-tour, ajoute Griamore.

Gowther ne dit rien, cramponné fermement à une surface rocheuse, le teint affreusement vert. Elizabeth est à ses côtés, lui caressant avec douceur le dos et murmurant des paroles réconfortantes. Le blondinet fait un pas pour aller les rejoindre, soucieux pour son ami. Néanmoins, le bleuté l'attrape par le coude, l'entraînant dans une autre direction. Un hochement de tête du rosé lui indique qu'il peut y aller, qu'il ne le prendra pas (trop) mal. Ban semble excité comme un gamin tandis qu'il lui montre le village et la nature dessinée sous leurs yeux. Même si la ville a ses avantages et sa beauté, la nature reste tout de même supérieure dans le cœur et l'esprit des hommes. Elle émerveille, éblouit, s'empare des âmes avec la même subtilité qu'une brise effleurant un pétale.

- On capte ! dit avec victoire Hendrickson en levant son portable.

- Faites gaffe à pas le lâcher, rit Gilthunder.

Quelques secondes plus tard, on entend le surveillant déblatérer à un interlocuteur inconnu leurs péripéties. Méliodas en profite pour s'asseoir, étirer ses jambes. Ils ont terminé la montée. Mais ce n'est pas pour autant que la descente va être plus facile musculairement parlant. Son regard se perd sur les hauteurs montagneuses, comme aimanté. Une main sur son épaule le ramène en délicatesse à la réalité.

- On repart, Mélio'.

Sa petite amie dépose un baiser sur sa joue avant de s'éloigner en sautillant pour rejoindre son ami de la troupe de devant. Un sentiment de honte l'envahit quand il se rend compte qu'ils sont tous en train de l'attendre. Les joues rougies, il se dirige rapidement vers Ban.


- Attention !

C'est déjà la troisième fois que quelqu'un manque de se casser la figure sur l'un des cailloux qui peuplent le chemin escarpé.

- Mais quelle galère cette descente, râle Gowther en tenant fermement la main de l'argenté.

Finalement, tout le monde y passe. Même les deux surveillants finissent fesses contre terre. Un ras-le-bol général s'installe, poussé par la faim (ils n'avaient évidemment pas emmener de pique-nique), la chaleur et l'épuisement. Arrivé au niveau d'un lac artificiel, Ban retire son tee-shirt trempé de sueur, laissant à la vue de tous son torse musclé et saillant. Spectacle que scrute le blond du coin de l'œil, étonné par le trouble qui naît en lui.

Hate me Love meWhere stories live. Discover now