Chapitre 21

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¤ Muffins

Les doigts en feu et le cerveau en compote, écrit les derniers mots de sa conclusion. Enfin, songe-t-il en soupirant d'aise. Il s'appuie sur le dossier de sa chaise et jette un coup d'œil à la fenêtre. Ça devrait être interdit, selon lui, de passer des examens blancs alors qu'il fait si beau dehors. Les surveillants doivent être du même avis puisqu'ils consultent avec impatience leurs montres. Un regard circulaire de la salle lui permet de savoir qu'Elizabeth est encore en train de bucher, que Diane s'est endormie sur sa table et que Gowther se met du vernis noir sur ses ongles. Va savoir comment il a réussi à le faire entrer. Normalement, les élèves doivent juste avoir une montre (évidemment non connectée à Internet) et des stylos. Les sacs sont dans une salle fermée, à l'extérieur. Histoire de se plonger dans des conditions d'examen réel.

- Il vous reste deux minutes ! chantonne une surveillante en passant à travers les rangs.

Un grognement collectif lui répond. Meliodas doit se mordre la lèvre pour ne pas rire. Deux minutes pile plus tard, il rend sa copie à un surveillant aimable comme une porte de prison. Trente secondes après, il est dehors, en train d'attendre ses amis. Le premier à sortir est Gowther, soufflant sur ses mains.

- Alors ? demande le rosé en s'arrêtant quelques instants de souffler.

- J'ai sûrement pas fait un travail aussi bien que les filles mais je pense avoir plutôt bien réussi.

Son ami battait désormais des mains, ressemblant fortement à une poule.

- Moi, ça va. J'ai pris un sujet dont je connaissais bien le bouquin et j'ai fait un plan du tonnerre.

- Cool, tant mieux !

- Ouais. Je compte bien aller faire cette fameuse semaine de randonnée, eheh ! T'as intérêt à avoir la moyenne, toi !

- Genre, pourquoi moi et pas les filles ?!

- Parce que t'es nul en français.

Pourquoi la vérité fait-elle si mal, énoncée ? Gowther appuie son dos contre le mur, imitant le blond. Ils regardent en silence les autres élèves sortir de la salle. Ne voyant toujours pas émerger leurs amies du flot vomissant des lycéens, ils décidèrent tous deux d'aller dans la cour afin de manger un bout. Le rosé, avec sa prévoyance habituelle, sort deux muffins d'un Tupperware en verre. Son ami le remercie avec enthousiasme. Cela fait une heure que l'estomac du blond gargouille, pour le plus malheur de sa voisine de table.

- Merci, mec ! Ils sont super bons !

- Merci, je trouve aussi. Je les ai fait hier soir.

En traînant un jour dans une librairie pour trouver des bons mangas à lire, le jeune homme à l'excentrique couleur capillaire avait trouvé un livre nommé Famille presque zéro déchet, ze guide (nda : ce n'est pas un sponsor mdr mais je le mets pour sensibiliser au zéro déchet). La couverture lui ayant plu, il l'avait acheté. Et eut une véritable révélation en le lisant. Il fallait faire cesser le règne du plastique et du capitalisme. Consommer moins pour consommer mieux. Saviez-vous que les produits industriels contiennent des choses très mauvaises pour la santé et qu'ils font nettement plus grossir qu'un produit naturel ? Le lycéen avait alors décidé de changer radicalement son mode de vie, bientôt imité par les membres de sa famille.

- Ahlala, Gowther. Que ferais-je sans toi ? soupire d'aise Meliodas en dévorant le gâteau.

Il ne pouvait qu'admettre que le "fait maison" était bien meilleur que les gâteaux trouvés en supermarché.

- Probablement rien de très intéressant, j'imagine.

- Fais gaffe, ta tête commence à enfler, mec.

Le regard du rosé se pose alors sur un point fixe. Le blondinet se tord le cou pour apercevoir ce qui faisait sourire son ami.

- Bon, j'te laisse. Je vais au petit coin.

Le chétif adolescent tourne les talons. Un souffle d'air chaud sur sa nuque le fait frissonner. Il lève la tête. Et rencontre le visage souriant d'un certain basketteur. Il avale durement sa salive, légèrement surpris.

- Alors, cette épreuve écrite ? dit Ban en regardant pivoter le lycéen de petite taille.

- Pas trop mal. Normalement, j'aurais la moyenne. Et toi ?

- Oh, super. J'ai pas mal révisé et ça a porté ses fruits.

- Toi ? Réviser ? s'enquit-il en haussant un sourcil, le regard taquin.

- Eh oui, monsieur ! Ce séjour à la montagne me fait de l'œil, figure-toi ! 

Son ton se fait moins gai lorsqu'il achève son embryon de tirade avec ces mots :

- Au moins, je pourrais échapper à mon père quelques jours.

Hate me Love meWhere stories live. Discover now