La Fille du Capitaine

Chapitre 3 : Caprice royal (2x2)

Fin septembre 1638, Paris

Paris était animé, comme n'importe quel jour de la semaine et Anawël se déplaçait parmi la foule, ignorant les marchands qui haranguaient les passants. La jeune femme était dans ses pensées. Depuis quelques jours, elle cherchait un petit travail afin de pouvoir se payer un logement et vivre de façon indépendante, ne supportant plus de voir son père dormir dans un fauteuil ou dans une chambre de mousquetaire libre. Cela faisait maintenant deux bonnes semaines qu'elle était revenue et elle avait l'impression de chasser son père de chez lui. Pourtant, elle avait argumenté, déclarant qu'elle pouvait très bien dormir dans le quartier des mousquetaires. Mais même si son père avait confiance en ses hommes, il avait refusé de façon catégorique.
Alors, elle avait trouvé pour seule solution de subvenir elle-même à ses besoins en se trouvant pour commencer un travail. Depuis cinq ans elle fonctionnait ainsi, ce n'est pas à Paris qu'elle était soudainement devenue une assistée de la vie. Le problème, c'est que les seules besognes qu'elle avait effectuées étaient soit dans une ferme, soit dans une taverne. La première option était vite balayée quand on vivait en ville. Alors, elle écumait les tavernes, cherchant un petit emploi de serveuse, en vain, son accoutrement masculin ne semblant pas faire l'unanimité aux possibles patrons. Elle soupira. Elle allait devoir s'acheter une robe, afin d'être un peu plus présentable – la seule qu'elle possédait, étant devenue une vraie loque depuis le temps qu'elle l'avait en sa possession.

Anawël finit par atteindre la garnison et salua les quelques mousquetaires présents en cette matinée. Elle s'était rapidement faîte à la vie de la caserne et les hommes s'étaient vite accommodés à la présence de la fille du Capitaine après la nouvelle de son existence passée. Elle comptait grimper les escaliers pour aller voir son père quand elle entendit sa voix s'élever avec force. Elle ne venait pas de son bureau mais du bâtiment des mousquetaires. Elle se dépêcha de traverser la cour, évitant les entraînements et entra. Elle arriva dans le grand corridor et sur sa droite se trouvait la salle commune des Mousquetaires. Là, elle vit son père hurler sur deux mousquetaires qui ne se trouvaient être que tout autre Athos et Porthos. Elle se stoppa sur le seuil, en restant silencieuse, grimaçant face à la remontrance que semblait donné le Capitaine à ses hommes.

- Est-ce que vous vous rendez compte ? Le baptême du Dauphin a lieu demain. Si le roi n'est pas là, la nouvelle se propagera dans toute l'Europe !

- Il y a un souci avec le roi ? intervint Anawël, en comprenant que l'affaire est sérieuse à la mention du souverain et son père se retourna constatant sa présence.

- Ces idiots ont emmenés le Roi dans une taverne et D'Artagnan et lui ont disparus ! s'exclama Tréville sur les nerfs.

La jeune femme se figea sous la surprise de l'annonce.

- Que... Quoi ?!? s'écria-t-elle.

- Il ne peut pas être pas loin, s'exprima Athos, pour tenter de calmer son capitaine. Nous allons le retrouver.

- Retrouver qui ? questionna Aramis qui venait d'entrer dans la pièce.

Anawël comprit que le mousquetaire n'avait pas fait partie de la petite expédition nocturne avec le Roi et qu'il venait tout juste de rentrer à la Garnison. La colère ressurgit sur les traits du père de la jeune femme quand il l'aperçut.

- Qui était l'heureuse élue cette fois ? demanda-t-il, sèchement.

- Un mousquetaire se doit d'être discret, lui répond Aramis, confirmant les soupçons qu'Anawël s'était fait ces derniers jours sur sa réputation auprès des femmes.

Elle vit Porthos faire signe à son compagnon de se taire et il eut bien fait car elle se demandait si son paternel ne serait pas près de sauter à la gorge de l'homme.