Prologue

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31 octobre 1616, Trois-Ville

C'était une nuit de pleine lune, calme et silencieuse. Le manoir, située à l'écart du village, était à présent plongée dans le même état. On ne pouvait imaginer qu'il y a quelques heures à peine, une agitation avait régné en ces lieux. Quoique d'allure modeste, la demeure était élégante et on ne peut mieux entretenue, signe d'une certaine noblesse. C'était une demeure paisible où l'on s'y sentait bien. Enfin, d'habitude. Mais ce soir, une atmosphère lourde flottait dans cet endroit. Toutes les lumières étaient éteintes, sauf celle qui provenait d'une chambre à l'étage.

Allongée dans le lit en face de la cheminée avec des draps imbibés de sang, une jeune femme à la chevelure noire comme la nuit, trempée de sueur, épuisée et à bout de force, essayait de garder les yeux ouverts. Elle avait perdu beaucoup trop de sang. Mais il fallait qu'elle reste éveillée. Elle voulait voir son bébé, sa petite puce qu'elle avait mise au monde. La sage-femme était partie, il y a quelques secondes avec l'enfant, rejoindre son mari et sa mère.

Soudain, la porte s'ouvrit sur cette dernière en larme qui vint à s'agenouiller près d'elle. Pourquoi pleurait-elle ? Elle avait mise au monde la plus belle chose qui soit sur cette terre. Y aurait-il un problème avec son bébé ? Elle commença à paniquer mais cela n'arrangea pas son état. Elle continuait à perdre plus de sang, ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes et la douleur...la douleur irradiait tout son corps. Mais arriva alors son mari avec un petit être rose entouré de linge dans les bras et cela la calma instantanément. Elle tendit un bras vers son trésor et, son époux, le regard triste posé sur elle, s'avança pour s'assoir au bord du lit. La jeune femme, avec une immense joie, observa ce petit être qui avait, pendant plusieurs mois, grandi en elle, sa petite bouche en cœur, ses petites mains, ses petits pieds, ses yeux fermés et gonflés par la naissance. Il lui semblait la connaître depuis toujours et cependant, nulle première rencontre n'égalerait jamais celle-ci, moment unique figé dans le temps et l'espace, où la jeune femme avait éprouvé pour la première fois un sentiment intense de vie. Doucement, elle approcha sa main de sa petite fille, lui caressant sa petite tête et son petit visage, avant que les doigts minuscules du bébé attrapent le doigt de sa mère. Un immense sourire attendri et plein de joie s'afficha sur le visage blafard et en sueur de la jeune femme. Puis soudain un éclair de réalité vint à elle, en sentant la fatigue la prendre et la vie s'écouler peu à peu hors d'elle. Elle allait mourir. C'est pour cela que sa mère pleurait à côté d'elle et que son mari la regardait avec tant de tristesse et chagrin, évitant de poser son regard sur son corps couvert de sang. Elle ne verrait pas grandir sa petite puce. Elle ne sera pas présente dans sa vie et elle avait mal. Encore plus que cette douleur lancinante qui emprisonnait son corps et des larmes glissèrent sur ses joues. Elle sentait ses paupières se fermer peu à peu mais pas encore. Ce n'était pas encore le moment de partir. Il fallait qu'elle tienne encore quelques minutes. Elle voulait profiter de son bébé.

-Comment allons-nous l'appeler ? demanda son mari la gorge nouée.

-Ana...Anawël, murmura la jeune femme avec effort. Ma petite Anawël, sourit-elle difficilement en posant son regard attendri sur son enfant.

Ce fut sa dernière parole et doucement, elle glissa vers le sommeil éternel. Lorsque sa respiration s'arrêta et qu'il n'y eut plus aucun mouvement de sa part, sa mère hurla de désespoir tandis que son mari pleura, tenant tendrement la petite vie au creux de ses bras.

***

~ Et voilà pour le prologue !
On commence dans une bonne ambiance, vous trouvez pas ? x)

Allez ! Je vous dis à la prochaine !

Bisous ~

La Fille du CapitaineWhere stories live. Discover now