Chapitre 6 - Faible

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Au petit matin, alors qu'ils étaient encore tout reblottis l'un contre l'autre, une sinistre silhouette se dessina sur la porte et y frappa pour demander l'accès à la chambre. Le couple d'ennemis se réveilla lentement, après cette mémorable soirée. Le jeune homme, les cheveux encore tout décoiffés, nia le son de la porte et se réfugia sous la couverture avec son amante détestée. Elle ne broncha pas le moins du monde et ne prit même pas la peine d'ouvrir les yeux pour entrevoir cette silhouette qu'elle aurait dû pourtant bien reconnaître, mieux que quiconque. Cachée derrière la musculature de Cinq, elle ne se doutait pas que tout allait dérailler pour elle.

On entendit un petit bruit, on eut cru un courant d'air, mais des raclages de gorge forcés le succédèrent.

Cinq se releva, endormi comme si ce son n'était que le fruit de son imagination, et T/p fit de même.

"Mais quelle genre de plaisanterie est-ce cela? se demanda la Directrice, postée là dans leur chambre, alors que Cinq était à moitié habillé et T/p pas dutout.

La jeune demoiselle remonta la couverture vers elle pour cacher sa poitrine presque entièrement nue. Le garçon, lui, se leva avec précipitation et enfila rapidement et maladroitement son débardeur. Il se rhabilla.

"Madame la Directrice, ce n'est pas ce que ça paraît être!" déclara-t-il.

Le regard désapprobateur de leur supérieure se plongeait plus régulièrement sur la jeune T/p.

"Je pensais que vous vous haïssiez mais vous avez fini par "tomber amoureux" comme ose prétendre les jeunes gens, continua-t-elle. Les relations amoureuses causent toujours la ruine d'une équipe et vous le savez éperdument.

-Madame... murmura T/p.

-Et vous, Numéro Cinq, la Directrice se tourna vers lui, ne profitez-vous pas de la faiblesse grandissante de ma fille?

-Votre fille?!

-Maman, je t'en supplie, arrête... pria T/p.

-Maman?! s'interrogea encore Cinq en déglutissant avec peine.

-Toi, tu n'as pas ton mot à dire, dit la mère, sèchement. Je t'envoie en mission avec un homme, un de mes meilleurs agents, et tu lui sautes dessus comme sur le premier venu en prétendant l'apprécier... Tu es vraiment ma plus grosse déception. De tous mes enfants, aucun n'a jamais fait ça. L'aimes-tu?

-Non! Nous n'avons pas fait ce que tu penses, nous n'avons rien fait! Nous ne nous aimons pas.

-Tu te réveilles nue dans le lit d'un homme que tu connais depuis quelques jours à peine, ma chérie. Si ce n'est pas de la faiblesse, je ne sais pas ce que c'est. Quelle genre de cruche peu bien faire cela si ce n'est toi? Tu oses nier que tu l'apprécies même après que je le découvre moi-même.

-Madame, tenta Numéro Cinq.

-Oh, Numéro Cinq, je vous prie de m'excuser pour l'incapacité de mon idiote de fille à faire preuve de bon sens. Je suis navrée, depuis toute petite déjà, tout ce qu'elle touche se transforme en chaos, elle détruit tout sur son passage. Je m'excuse mille et une fois pour cela."

Elle attrapa le bras de T/p avec violence et, la poigne dure, l'entraîna à l'extérieur.

T/p se remplissait de peur et de tristesse face à sa mère. Sa sensibilité, née hier, lui fit monter les larmes aux yeux, encore... Elle était désemparée par rapport à cette situation, entre Cinq perdu et qui n'osait pas dire un mot depuis qu'il avait appris que la Directrice était en réalité la mère de la fille avec laquelle il avait commencé ce stupide jeu, et la Directrice elle-même qui comme toujours, par ses propos et ses paroles, arrivait à affaiblir le pauvre T/p ça depuis qu'elle l'avait retirée de ses parents à l'âge de cinq ans seulement.

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