IV: Helas

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Le bruit du verre qu Hinata venait de reposer sur la table le replongea dans le présent.
- Tu n'as aucune envie que je sois ici, Naruto , alors je vais partir.
Il la vit regarder autour d'elle et en déduisit qu'elle cherchait la petite pochette rouge contenant ses rares documents. Il l'avait rangée dans le placard situé à côté de la porte d'entrée. Et pour le moment elle y resterait !

- Pour aller où ? railla-t-il.
- Je vais parler à mon propriétaire et...
- Non !
- Qu'attends-tu au juste de moi, Naruto ? lança-t-elle d'une voix vibrante de colère.
- Pour commencer, quelques explications ! Où est passé tout mon argent ?

D'un geste exaspéré, il tendit le bras vers elle, désignant sa tenue : le pyjama de l'hôpital qu'il avait dû payer.

- Et le tien ? ajouta-t-il.

Elle n'était pas riche quand il l'avait connue, mais pas non plus totalement démunie.
Hinata poussa un long soupir puis quitta la table pour rejoindre le canapé où elle se laissa tomber. Les bras croisés, Naruto attendit. Qu'allait-il se produire à présent ? Aurait-elle une fois de plus recours au mensonge, ou opterait-elle pour la vérité ? Et serait-il à même de discerner l'un de l'autre ?

- J'ai tenté... de sauver l'affaire de mon père, lui répondit-elle du bout des lèvres.
- Qui était éditeur ?
- De journaux et magazines, précisa-t-elle avec un sourire dénué de gaieté. En résumé, presse écrite.

Il se souvint alors des paroles qu'elle avait prononcées dans la voiture. Elle avait parlé de « mauvais cheval ». »

- Mais rien à faire. Pourtant je me suis battue jusqu'au bout. Tout l'argent y est passé : le tien et celui de mon fonds fiduciaire. Papa a vendu la maison et a liquidé tout ce qui n'était pas déjà investi dans son affaire. Tout y est passé, tout ! Ensuite il a commencé à avoir des ennuis de santé et il a fallu payer les soins. Je ne pouvais pas déclarer faillite tant qu'il était en vie : il n'aurait pas supporté une telle humiliation. Nous avons donc fait comme si tout allait bien. J'ai vendu les meubles, les vêtements, et aussi les bijoux de ma mère, pour réussir à garder la tête hors de l'eau. Puis il est décédé et les frais des obsèques ont englouti les tout derniers dollars.

Elle marqua une pause avant de poursuivre :

- N'ayant pas payé mon loyer depuis des mois, je me suis retrouvée à la rue. Je devais de l'argent aux derniers amis qu'il me restait. Je voulais repartir sur de nouvelles bases... et c'est ce que j'ai fait.

- Ce bouge infesté de cafards, voilà ce que tu appelles « de nouvelles bases » ? lança-t-il avec une colère mal contenue. Pourquoi ne pas être venue me trouver ?
- Voyons, Naruto , comment aurais-tu réagi ?

Comme il réagissait à cet instant précis, mais il ne l'aurait certainement pas laissée sombrer dans une telle misère !

- À une époque, notre divorce t'a bien arrangée, si je comprends bien.

Si Hinata ne l'avait jamais admis, il en était convaincu. Après quelques instants d'hésitation, elle finit par hocher la tête. Après quoi il la vit baisser les paupières. Était-ce là un signe de la culpabilité qu'elle ressentait pour avoir agi comme elle l'avait fait ? Cherchait-elle plutôt à lui cacher quelque chose ?

- Je voulais venir en aide à mon père.
Elle ponctua ces mots d'un rire narquois, avant d'ajouter :

- Je peux difficilement prétendre avoir l'étoffe d'une femme d'affaires ! Les études que j'ai suivies étaient axées sur l'édition numérique, ce qui, de son point de vue, « ne valait rien ».

Elle haussa les épaules avec lassitude.

- J'ai eu beau essayer de le convaincre du contraire, chercher à lui expliquer que c'était l'avenir de l'édition, rien n'y a fait. J'ai voulu l'inciter à proposer quelques publications en ligne, sans aucun succès. Difficile de changer les habitudes d'un vieil homme ! De toute façon, ça n'aurait pas suffi à redresser la situation, au dernier moment.

Et si on recommençait? Where stories live. Discover now