METANOIA [JUNGKOOK] : Le Serviteur de la Prêtresse d'Or

Chapitre XI : Les Amoureux

Un bruit incongru venant de la mer perturba l'intimité des amoureux.

Orphée observa derrière lui, et Anippe suivit son regard qui se dirigea vers les eaux, où deux poissons* sautillaient frénétiquement en défiant le courant des vagues.

Le jeune homme rigola intérieurement, accusant néanmoins les locataires de Poséidon d'avoir interrompu ce moment poétique. Quand ses yeux se focalisèrent à nouveau sur Anippe, il vit son regard apeuré, ses lèvres tremblotantes et ses pupilles brillantes.

Que traduisait cette réaction ? Pourquoi l'avait-elle arrêté alors qu'il voulait s'unir à elle ?

En quelques fractions de secondes, il comprit.

Elle avait peur.

Il approcha son visage du coin de l'oreille de son amoureuse, et lui chuchota des mots secrets. Ils furent prononcés dans un murmure si discret, que même les vagues voisines, espionnes des naïades* ne purent les entendre.

Alors, Anippe regarda Orphée d'un amour débordant, et déposa un bisou sur le grain de beauté qui trônait sous ses lèvres, telle une invitation au baiser. Elle ramena son corps d'homme vers elle, et à ce moment précis, il saisit.

Il saisit qu'elle avait accepté d'être à lui.

Lui qui serait à jamais son premier amour.

De là-haut, l'astre lunaire inquisiteur et caché par de grisâtres cumulus, observait les ébats passionnés d'un amour naissant.

Les premières lueurs de l'aurore réveillèrent brusquement Anippe, comme si la foudre de la réalité l'avait frappé. Elle se défit de l'étreinte fusionnelle qui la maintenait à l'homme à la voix d'or, le réveillant au passage.

La plage était encore déserte, mais l'heure des prières à la déesse Athéna allait bientôt sonner. Une peur intestine la rongea, celle que sa maîtresse n'aperçoive son absence. Les amants s'empressèrent donc de rejoindre l'Acropole, aussi discrètement qu'ils en étaient venus.

Orphée n'avait pas quitté la main d'Anippe, jusqu'à ce que l'imposant Parthénon ne les rappelle à leur condition respective. Leurs paumes se désunirent face au dur rappel de la vie.

Par chance, ils logeaient à la même bâtisse, celle de la Grande Prêtresse d'Or, qui accueillait ses appartements ainsi que ceux de ses serviteurs les plus proches.

Anippe pénétra discrètement la chambre sa maîtresse, en gratifiant Orphée d'un sourire. Ce dernier, se dirigea vers sa chambre et alors qu'il ouvrit la porte, il sentit sur lui un regard imposteur.

Dans le coin du long couloir, l'Acheteur* l'observait d'un œil magnanime. Les visages des deux hommes, tels des lions prêts au combat, ne se quittèrent pas jusqu'à ce que l'Acheteur ne quitte les lieux dans un silence inquiétant.

Les semaines suivantes furent rythmées par les cérémonies du culte d'Athéna. La journée, les deux serviteurs la passait majoritairement dans les jardins qui tapissaient les allées de l'Acropole. La nuit, quand ils le pouvaient, Orphée et Anippe se retrouvaient discrètement ; unissant leurs âmes et leurs corps dans une passion charnelle.