Préambule(modifié)

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                                                PROLOGUE N A T H A L I EDouala 2014

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                          PROLOGUE
N A T H A L I E
Douala 2014

  J'avais toujours des souvenirs très récent et détaillé de ce fameux jour.
  J'étais en face de lui, les mains moites et tremblante. Elles tombaient sur les côtés de ma robe et j'en profitais pour tripoter celle-ci. Je n'arrivais pas à le regarder dans les yeux, tant j'étais stressée. Une boulé s'était nouée dans mon ventre, la gorge serrée, mes paupières devenaient plus lourdes et ma vision de plus en plus floue.
  Je me fichais de tout ce monde qui avait les yeux rivés sur nous. Ainsi que de madame le maire qui était prête pour débuter la cérémonie. Tout ce qui comptait, c'était nous. Moi et l'homme de ma vie. Comme un flashback, je vis défiler toutes les étapes de notre vie. Depuis notre rencontre au collège, jusqu'à ce moment où il m'avait fait sa demande. J'avais répondu oui sans hésitation ! Je rêvais d'épouser cet homme avec qui j'ai grandi, cet homme qui m'avait appris et montré ce que c'était que l'amour. Celui que je connaissais et qui me connaissait parfaitement. Et cet homme, qui en dépit des embûches rencontré, était sur le point de me passer la bague au doigt pour la vie.
  Mon histoire avec Alexandre aurait facilement été classée dans la catégorie amour de jeunesse. Après tout, quand nous nous sommes rencontrés, on était au collège et j'avais à peine atteint l'âge de quinze ans. Il en avait trois de plus. Bien que nous nous connaissions un an plutôt, notre idylle débuta l'année suivante en classe de première, qu'il doublait. Malgré notre jeune âge, nous avions pu cheminer ensemble jusqu'à l'obtention de notre baccalauréat général.
  C'est à ce moment que le premier obstacle s'imposa. Après deux années de relation intense et passionnée, Alexandre m'annonça son voyage en Europe pour la suite de ses études. Pour moi c'était la fin, de tout. Le destin ne le permettait pas et même si nous nous aimions il était impossible de tenir une relation à distance durant sept ans. Dès cet instant nous avions été obligés de mettre un terme à notre histoire d'amour. Ce qui était particulièrement difficile pour moi, car il était mon premier amour et le seul qui jusque-là m'avait connu.
  Après une période sombre et de dépression, je me décidais enfin à tenter ma chance avec d'autres hommes. J'étais déjà à l'université, et des variétés m'approchaient. Trois ans plus tard, j'avais accepté une proposition. Bien que ce fût un moyen de me prouver à moi même que j'ai pu passer à autre chose j'avais décidé d'essayer.
Angèle était le premier. Très gentil, doux et attentionné, il comblerait facilement toutes les femmes. Mais pas moi. Je ne ressentais rien de particulier pour lui. Je n'avais pas de petit papillon dans le ventre quand on se voyait, je ne frissonnais pas à son touché, je ne ressentais pas toutes les sensations que j'avais avec mon premier amour. Sa gentillesse m'avait aidé à tenir trois mois de relation, pas plus.
  Avec Maxime c'était différent. En lui je voyais totalement Alexandre, dans sa façon de faire et de parler. Ils se ressemblaient et je crois que c'était ce que j'appréciais chez lui. Maxime était connu par ma famille. Il nous rendait fréquemment visite, et même mon père l'appréciait. « En plus, c'est un bamiléké » avait-il souligné un jour. Il faut dire que mon père avait une image précise de l'homme bamiléké qu'il qualifiait facilement de l'homme idéal, pour ses enfants.
  Ce qui a été une surprise pour ma famille surtout pour mon géniteur après deux ans de relation, c'était ma réponse suite à la demande en mariage de Maxime. C'était un non au quelle je n'avais pas hésité, je n'avais même pas réfléchi. Il était sorti tout naturellement de mon subconscient. À ce moment j'avais réalisé que j'aimais le faux semblant d'Alex que je voyais en lui, plus que sa personnalité. Le fait que ma famille aussi l'appréciait déjà me donnait une raison de plus de continuer avec lui mais au fond je ne le voulais pas.
  Vous n'imaginerez pas combien mon père m'a sermonné et hurlé dessus pour mon manque de prise de conscience. Pour lui, j'allais finir ma vie seule et regretter si je continuais à repousser les meilleurs hommes qui m'approchais. Il était vrai que le départ d'Alex m'avait renfermé sur moi-même, mais Maxime n'était pas l'homme qu'il me fallait j'en étais persuadé. Pendant une période indéfinie, j'avais choisi de rester seul.
  Sept années c'était écroulé et j'avais presque oublié Alexandre. Presque. Son appel téléphonique au quel j'avais décroché après tant d'années sans contact m'avait paru comme un électro-choc de toutes les sensations qu'il m'avait fait ressentir il y a des années, quand nous étions encore au collège. C'était le coup de téléphone que j'attendais depuis toujours. Sa voix avait peut-être un peu changé, devenu plus grave d'ailleurs. Mais j'avais toujours pu la reconnaître et je l'adorais !
  C'était concernant l'annonce de son retour au pays durant les jours qui suivaient. Ces quelques jours d'attente ont été les plus long de ma vie entre un mélange de stress, d'excitation et d'appréhension. J'avais hâte.
  Sa famille et moi étions présent à l'aéroport pour l'accueillir. Lorsque je le revis, une vague d'émotion me saisit et je me mis à pleurer. Il avait tellement mûri. Il était bien plus beau que l'homme que j'avais connu il y plus de sept ans. Il avait laissé une barbe bien entretenue recouvrir sur menton, et il gardait même une moustache qui le rendait particulièrement mignon. Il était devenu plus grand et imposant physiquement. J'avais l'impression de retomber sous son charme une nouvelle fois.
  Alexandre pensait à moi plus que je ne l'imaginais. Je savais qu'il n'aimait pas particulièrement la femme blanche, il était de ce genre d'hommes amoureux de la silhouette généreuse que seule la peau d'ébène pouvait naturellement avoir. Je n'avais tout de même pas éliminé l'hypothèse qu'il en avait trouvé une durant son séjour, avec qui il aurait eu une relation plus au moins sérieuse durant ces sept années. Quel ne fut mon bonheur d'apprendre que ce n'était pas le cas ! Bien qu'il ne m'ait pas caché qu'il eut quelques aventures, rien d'assez officiel n'avait réussi à le captiver. Il m'aimait toujours, et ça n'avait pas changé. Beaucoup plus, disait-il.
  Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que l'on reprenne les choses où nous les avions laissés. Malgré tout ce temps passé loin de soi, nous avions toujours le même désir l'un pour l'autre. A cet instant j'avais compris la raison pour laquelle j'avais refusé la proposition de Maxime. Il n'était pas l'homme de ma vie.
  A mes vingt-cinq ans, Alexandre m'avait fait sa demande en mariage. C'était l'un des jours plus beaux jours et inoubliable vécu à ses côtés. Il m'avait invité dans un restaurant chic, et en fin de repas à place du dessert, j'ai découvert une boîte rouge au fond de mon assiette. Il s'est agenouillé et a fait sa demande dans les règles de l'art. C'était sensationnel !
  Alors que tout semblait se dérouler pour le mieux, nos origines décidèrent de nous poser problèmes durant nos fiançailles. Dans notre pays, les mariages intertribaux n'étaient pas vraiment la bienvenue. Même si au fur et à mesure cette réticence était abandonnée, il restait encore des bribes de cette idéologie. Alex et moi venions de tribus totalement différentes, lui un homme du peuple Duala. Précisément de Bonaberi : Une tribu du Cameroun dans la région du littoral, vivant autour de la ville économique du pays. Tandis que j'étais originaire de pays Bamiléké peuple de Grass Field vivant dans la région Ouest du Cameroun ; précisément du village Baham.
  Aussi différentes de noms que de traditions, l'écart entre nos cultures était large. Et nos parents respectifs tenaient bien à l'a préservé. Même si son père n'était pas entièrement d'accord, il pouvait bien céder car il s'agissait de son fils bien aimé.
  Le mien avait été catégorique. Je devrais sans doute que mon paternel était quelqu'un de très stricte, sûrement dû aux séquelles qu'il a hérité en occupant le poste de commandant d'armé jusqu'à sa retraite. Ses décisions prise, il n'était prêt à les changer pour rien au monde. Même s'il s'agissait de moi, sa petite dernière. Mais à cet instant, cela m'importais peu. J'aurais pu, avec ou sans la bénédiction de mon père, épouser Alex. Nous avions surmonté le plus difficile et je refusais que la seule barrière à notre union soit nos origines.
Du temps. En bon remède qu'il est, il a fallu du temps pour que mon père et moi puissions trouver un terrain d'entente. Il faut dire que mon choix d'épouser un homme d'une autre tribu avait creusé un énorme fossé dans la relation que j'entretenais avec mon papa. Il a encore fallu deux années pour le convaincre d'accepter mon amour et mon union avec Alexandre. Maintenant nous sommes là, prêt à se passer la bague au doigt. A cet instant ou je me tenais en face de lui dans ma robe blanche, je croyais qu'on avait tout surmonter. Le plus difficile était passé, et nous étions parti pour un foyer épanoui.
  La question de madame le maire me fit revenir à la réalité et l'instant présent. Alors que je l'avais brièvement entendu me demander si je voulais épouser l'homme en face de moi, je me mis à couler des larmes de joie. L'amour que je ressentais pour cet homme était tellement grand, il était toute ma vie et je voulais passer le restant de mes jours avec lui. Je réalisais l'énorme chance que j'avais d'épouser un tel homme. Quelle femme ne le voudrait pas ? Dotée d'un charisme et d'une intelligence particulière, il avait toujours les mots pour réconforter. Il savait me redonner confiance en moi, me remplir d'espoir et il était l'une des raisons pour lesquelles je voulais toujours me surpasser.
— Madame Kengne Lise Nathalie, voulez-vous prendre pour époux monsieur Alexandre Bebey Laurens ? la question du maire se répéta, suite à mon silence. La salle entière était calme, tout ce qu'on entendait c'était le bruit de mes reniflements. Mince, j'avais pleuré ce jour.
— Bébé, tu dois répondre s'il te plaît. Mon futur époux c'était doucement pencher vers mon oreille, pour me chuchoter ses mots d'une voix douce et tendre. C'était tout ce dont j'avais besoin. J'avais besoin qu'Alexandre me le demande pour me ressaisir. J'inspirais longuement, puis relâcha l'air et toutes les émotions qui me contrôlait à cet instant.
— Oui, je le veux.
  Des cris et des applaudissements ont retenti dans la mairie.
  La même question fut posée à Alexandre, et il répondît joyeusement : oui je le veux ! Rien que le fait de le voir sourire à pleine dent, le voir si apaisé était suffisant pour me rendre moi aussi heureuse. Il me regardait tendrement de ses yeux noisette, qui me rappelait à chaque fois qu'il m'aimait. J'aimais particulièrement son sourire car chaque fois qu'il le faisait, les traits au tour de ses yeux se renforçait et les rendait encore plus petit. Qu'est-ce que je les adorais ces yeux !
— Je t'aime Nathalie . À chaque fois qu'il prononçait ces deux mots je fermais les yeux. Je voulais les savourer, les ressentir au plus profond de mon âme. Ils se répétaient en boucle dans mon esprit et me rappelait à quel point j'étais comblé.
  Nous nous échangeons ensuite nos vœux de mariage et nos anneaux, et sous l'autorisation du maire, il souleva mon voile et se pencha pour me baiser délicatement le front, puis déposa un bisou sur mes lèvres.
  Ce jour j'ai été si heureuse que pensait que ça se déroulerait comme dans les comptes de fées. Et il vécurent heureux, jusqu'à ce que la mort leur sépare !

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