Chapitre 4(modifié)

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                       Q U A T R E

23h42. Je regarde les aiguilles de l'horloge défilé les une après les autres et plus les heures s'écroulent , mon stress se décuple. Je n'ai pas de nouvelles de lui. J'essaye de l'appeler pour la énième fois mais je tombe encore sur sa messagerie. Alexandre ne rentre jamais aussi tard sans me prévenir, il s'est passé quelque chose. Je me rassois, mais pas pour longtemps. J'ai l'impression que mes jambes ne tiennent plus sur place et doivent être en mouvement constant, alors j'effectue quelques aller et retour dans le salon.
00h10. Les phares d'une voiture transpercent les rideaux et illuminent le salon qui jusqu'ici baignaient dans les ténèbres. Je vais vérifier à travers la fenêtre, c'est celle d'Alexandre. Le moteur se coupe, au bout de quelques secondes une portière claque et un bruit de voiture verrouillé raisonne dans la cours. Je retourne m'asseoir sur le canapé et l'attend.
Des clés se retournent dans le verrou de la porte d'entrée, s'ouvre et les lampes du salon s'allument. Je découvre un Alexandre totalement débraillé, tenant négligemment sa veste dans sa main. Sa chemise est entre ouverte jusqu'au milieu du torse et sa cravate a disparu. Je l'observe de plus près et aux premiers pas qu'il effectue je comprends qu'il est bourré. Il avance à pas claudicant et ne cesse de s'appuyer sur les murs pour avoir un minimum d'équilibre. Je me relève, avance vers lui.
— Princesse. Qu'est ce que tu fais là ? Tu devrais être entrain de dormir.
— Alex! tu empestes l'alcool.
Il fait mine de se renifler et me regarde en souriant.
— Je te promets que j'ai juste pris deux... trois... ou... quatre verres de whisky. Balbutie-t'il en comptant avec ses doigts.
Il est clairement sonné, et j'ai rarement vu mon mari aussi ivre. Il fait un pas de plus et tombe sur ses genoux. Je me rapproche de lui, passe un de ces bras autour de mon épaule tout en essayant de le relever mais du haut de son mètre quatre vingt douze, je n'arrive pas à le faire bouger d'un pousse.
— Allez Alex, fais un peu d'effort.
— Je suis fatigué.
— Tu ne peux pas passé la nuit ici, si?
— Il faut que tu restes avec moi. Tu as toujours été là pour moi. Et je t'aime.
— Moi aussi je t'aime. Mais on ne va pas passer la nuit dans le couloir.

*

Je ne sais pas comment j'ai réussi à le traîner jusqu'à l'étage, mais nous y sommes arrivés. Une fois dans la salle de bain, il s'assoit dans la baignoire et fait couler l'eau.
— T'es vêtements Alex! M'exclamais je en pouffant un rire.
— J'ai pas de force pour les enlever.
— La chemise au moins. Je vais t'aider.
— Tu prends tellement bien soin de moi. Tellement, tellement, tellement, bien.
— Je suis ta femme.
— Est-ce que tu crois que maman m'aimait ?
Pour la première fois depuis qu'il est rentré je rencontre son regard et aperçois la tristesse qui l'inonde. Alexandre parle difficilement de sa maman et à chaque fois qu'il l'a fait il m'a donné l'impression de n'avoir aucun bon souvenirs d'elle. Aujourd'hui il fait clairement allusion à elle et je trouve cela non seulement étrange, mais ça me fait de la peine pour lui. Je réussis à le débarrasser de sa chemise.
— Je crois que ta maman t'aimait oui.
— Elle ne serait pas parti si c'était le cas.
— Alex... ce n'était pas de sa faute. Personne ne décide de quand est-ce qu'il... décède. Il exprime un rire sans joie, puis me lance :
— Tu ne sais pas de quoi tu parles. C'était une pute.
— Alex!
— Je l'a déteste.
— Arrête Alexandre.
— Qu'est-ce que tu sais de cette femme ? Rien du tout.
— Je sais la seul chose que tu m'as dite d'elle depuis que l'on s'est rencontré. Elle est décédé quand tu avais douze ans.
— Enfaite... soupire t'il, quelque part c'est vrai. Et en même temps, ça ne l'est pas.
— Qu'est-ce que ça veut dire ?
— C'est compliqué Nath.
    La baignoire est presque pleine alors je vais couper le robinet et revient m'asseoir sur les bords.
— Je veux savoir.
— Cette histoire ferait une histoire génial au 10-12h Le Zénith. Une mère qui abandonne son mari et ses enfants parce qu'elle s'est trouvé un watt sur Facebook. Elle va le rejoindre en France et puis ses enfants, l'ex mari, enfin, toute sa vie au Cameroun devient de l'histoire ancienne. Une vingtaine d'années plus tard elle revient dans la vie de son dernier fils et lui dis « tiens, je suis ta mère. Je sais que j'ai fais des erreurs, mais je veux qu'on recommence tout à zéro ». Et elle croit vraiment que les choses vont s'arranger si facilement.
— Alex, je crois que tu as trop bu.
Il rit nerveusement et me répond ;
— Eh bien ma belle, crois moi toute cette histoire de merde est la mienne. Dans cette histoire ma mère est la pute, mon père le pauvre mari qui n'a pas pu s'en remettre de cette séparation brusque et a fini sa vie seul à élever quatre mômes. Et moi le petit dernier qui se fait abandonner par sa mère à douze ans.
— Tu m'as toujours dis que ta mère s'était faite écraser par un camion!
— C'est ce que j'ai souhaité pour elle. Je voulais qu'elle meurt.
  La froideur avec la quelle il le dit me donne froid dans le dos. Je préfère ne pas prendre tout ses mots avec beaucoup de sérieux car il est ivre et dans cet état ses émotions sont amplifiées.
— De toute façon, elle n'est peut-être pas encore morte d'un terrible accident de camion, mais pour moi elle n'existe plus depuis longtemps. Depuis vingt et un an exactement. Elle est morte pour moi le jour où elle nous a abandonné.
  J'ai du mal à croire que depuis tout ce temps il m'a menti. Je ne sais pas si je devrais être en colère pour ça, ou avoir de la peine pour tout ce qu'il a du subir. Je suis mitigée, alors je ne dis rien.
— Il faut que tu sortes de l'eau. Tu risques d'avoir froid.

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