Un Signe De Noël

IX. La défaite

-Je crois que je ne vous remercierais jamais assez pour ce réveillon, dis-je à la famille de Jules une fois rentré chez eux, vous l'avez rendu encore plus magique que ce à quoi je pouvais m'attendre, surtout quand on sait comment il a commencé.

-C'est normal Elisa, tu as toujours fait plus ou moins partie de la famille, même si cela fait un bon moment que l'on ne s'est pas vu, ça nous a fait plaisir de partager cette soirée avec toi, fais bien attention sur la route surtout, il a beaucoup neigé depuis que tu es arrivé. Conduis prudemment.

-C'est promis, encore merci, dis-je en enlaçant Madeleine et Jean.

-Je te raccompagne jusqu'à ta voiture au moins, se proposa Jules.

J'enfila à nouveau mon manteau et les salua une dernière fois avant de prendre la direction de la porte.

-Tu es sûre de vouloir rentrer tout de suite ? LA route glisse beaucoup, les déneigeuses ne sont pas encore passées, peut-être que tu pourrais partir demain matin ? Tenta une dernière fois mon ami d'enfance.

-Ils ont besoin de mois à la première heure, les filles ont fait une énorme boulette dans l'excitation d'un gros contrat, il faut réparer ça au plus vite et trouver un nouvel acquéreur avant que ce ne soit un gouffre financier. Je serais resté avec plaisir Jules, mais on a besoin de moi au travail, avouais-je, j'ai été vraiment contente de te revoir.

-Il faut croire que nos au revoir se font toujours de la même façon au même moment, sourit-il.

-J'espère que c'est un au revoir en bon terme et que l'on aura l'occasion de se revoir cette fois-ci, ça me ferait très plaisir, si jamais tu passes en ville, appelle-moi, je me débrouillerai pour avoir du temps. J'en aurais eu aussi il y a quelques années si tu m'avais prévenue que tu avais essayé de me retrouver après mon départ.

-Je pensais qu'après ce que l'on s'était dit tu n'aurais plus voulu me revoir.

-Et jamais je n'aurais pensé que tu partes à la recherche d'une fille qui t'as brisé le cœur le soir de noël, ni que tu l'accueil aussi bien des années après, encore moins que tu lui rendes son bonnet. Tu l'as gardé tout ce temps-là ?

-Aussi surprenant que ça puisse être j'ai toujours cru que tu finirais par revenir et que l'on pourrait s'expliquer, je l'ai gardé dans cet espoir là, ça m'a plutôt bien réussi, rigola-t-il.

-Oui, presque dix ans après, je retrouve enfin mon bonnet ! Confirmais-je en me joignant à son rire.

-Je vais te laisser y aller, tu as pas mal de route à faire et je n'ai pas envie qu'il t'arrive quelque chose parce que tu dois rouler vite pour être à l'heure, fais attention à toi Elisa, dit-il en me serrant dans ses bras.

-Ta voiture est garée au parfait endroit pour cet au revoir Elisa ! Cria Madeleine depuis le porche de la maison.

Nous levons la tête et apercevons une branche de gui au-dessus de nous, nous faisant rire alors qu'elle rentrait se mettre au chaud.

-Elle a eu le don pour créer des situations gênantes ce soir, mais ça m'a fait réaliser certaines choses, ce n'est pas plus mal.

-Comment ça ? Demandais-je intriguée.

-Ca fait une dizaine d'années que l'on ne s'est pas vu, et pourtant, tout est resté là où nous nous sommes arrêtés. On a grandis, on a eu nos expériences, et pourtant, on est toujours sur la même longueur d'onde, j'aurais du tout plaquer quand tu m'as dit que tu partais et partir avec toi, c'est un de mes plus gros regrets, et je n'ai jamais cessé de le penser. Mon histoire avec Morgane s'est fini seulement quelques jours après ton départ, c'est à ce moment que j'ai essayé de te rejoindre, mais c'était déjà trop tard et trop compliqué de te retrouver à côté de la formation et de tous mes échecs. Maintenant, je me concentre sur ma carrière et mes projets, je forme un nouveau chef pour me remplacer dans le restaurant de mes parents pour tenter d'ouvrir le miens, il ne me manque plus que le local et c'est loin d'être gagné car il va me falloir une clientèle mais dans le coin c'est loin d'être donné, personne ne vient ici juste pour un restaurant. C'est pour ça que je ne veux pas leur en parler, je pense qu'ils seraient prêt à remuer ciel et terre pour me trouver des clients, un local, tout ça au détriment de leur restaurant actuel. Il faut que je me débrouille.