Chapitre 10

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 À quelques heures du dernier enregistrement des auditions à l'aveugle de cette nouvelle saison de The Voice Kids, l'activité bat son plein. Du côté du foyer, les talents se prêtent volontiers au jeu de l'interview avec Nikos. Les enfants découvrent ce petit moment privilégié, rien qu'à eux. Ils jouent aux mini-stars et ça leur plaît. Émerveillés par le décor, leurs yeux sont remplis d'étoiles. Malgré le stress de l'audition à venir, les enfants sont relativement détendus et profitent au maximum du moment qui leur est offert, en plus de se faire de nouveaux copains.

Côté coulisses, ce n'est pas exactement la même histoire. L'effet "dernière audition" a tendance à faire monter la tension chez tout le monde, que ce soit les coachs ou les équipes de production. Les discussions ne sont plus aussi légères et conviviales que les autres fois. Tout à un arrière-goût de dernière fois. Même si la saison est loin d'être finie, les auditions sont toujours un moment très fort pour tout le monde.

Au milieu de ce rush évoluent les quatre coachs. Aujourd'hui, ils sont un peu brusqués par les personnes qui les encadrent. Les maquilleuses et coiffeuses ont peur de prendre du retard et qu'ils ne soient pas tous prêts. Les producteurs et réalisateurs craignent les changements de dernière minute et les imprévus.

C'est un peu tendu mais ils savent tous très bien qu'une fois que l'émission sera lancée, l'ambiance s'allégera.

Seule dans sa loge, Jenifer n'échappe pas à la règle et sent le trac monter encore plus qu'à son habitude. Très nerveuse, elle tient à peine en place et tourne dans sa loge comme un lion en cage. Elle redoute toujours ce mélange d'appréhension, d'impatience et de peur. Finalement, loin des préoccupations des équipes techniques, elle remarque qu'elle a un peu d'avance et de temps avant d'aller s'installer à la coiffure et au maquillage. Alors pour se calmer un peu, elle tente de taper un sms sur son portable, mais ses mains tremblantes lui compliquent la tâche. Ça la ferait presque sourire, après tant d'années et tant d'auditions au compteur, elle se laisse encore aussi facilement envahir par ses émotions.

Décidée à vaincre le mal par le mal, elle va au devant de son excitation. Si son trac la tire loin de scène, elle, fait front et commence à se préparer pour enfiler la robe suspendue derrière la porte de sa loge. Cette même robe qu'elle n'avait pas réussi à fermer par elle-même la première fois... Ses doigts serpentent le long du tissu, entre les différents éléments du vêtement. Dommage que ce soit la dernière fois qu'elle la porte, pense-t-elle.

Rapidement, elle dégage ses cheveux de sa nuque en un chignon, qu'elle fixe avec le bois d'un pinceau à maquillage qui traîne par là. Et elle ôte ses habits à elle. Pour la quatrième fois, elle enfile cette robe et la passe jusqu'au-dessus de ses épaules. D'un rapide coup d'œil, elle vérifie que tout soit bien en place et saisit la fermeture éclair. Mais une fois de plus, le stress la rattrape. Les tressaillements de sa main la retiennent et cet échec la fruste un peu plus. Elle s'énerve vraiment pour un rien aujourd'hui. Vivement que tout ça soit terminé. C'est un travail qui lui plaît énormément. Cependant, ça reste une sacrée source d'angoisse.

Elle se rend vite compte qu'elle ne pourra pas remonter plus haut cette fichue fermeture seule. À nouveau, la première option qui lui vient en tête est évidemment Amel, une loge plus loin. Résignée, elle tient comme elle peut sa robe ouverte et file chez sa voisine. Elle frappe doucement et appelle son prénom à travers la porte. Sans lui répondre à haute voix, Amel vient directement lui ouvrir la porte en souriant.

« Coucou ! Entre ma belle, l'accueille Amel.

— Et ben, c'est calme chez toi...

— On se relaxe comme on peut, ironise-t-elle alors que le stress s'entend dans sa voix. »

À trop t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant