Lettres à un ange

Chapitre 5 : La main du pouvoir

Tout était noir, rien ne bougeait, aucun son, même sa propre respiration était inaudible. Où se trouvait-il ? Il n'en savait rien. On en deviendrait fou à force. Soudain, le bruit d'une goutte d'eau se fit entendre. Il sentit une forme d'humidité autour de lui, alors qu'il ne voyait toujours rien. Puis quelques secondes après une légère humidité accompagné d'un halo de lumière apparut dans son champ de vision. Il y avait un trône plus loin, une silhouette y était installée. Alexandre se décidera donc à avancer en direction de ce trône. La lueur au dessus de lui avançait en même temps, dévoilant peu à peu un sol très humide et mou. Puis à la suite de ces avancées, l'individu sur le trône s'était dévoilé...

Alexandre sentait en lui une boule au ventre, quelque chose l'inquiétait. D'un côté, il laissait Nya seule contre son grès. Que risquait il de lui arriver ? Elle était au manoir dans la chambre, rien ne devrait venir la déranger. ça n'empêchait pas cette boule et ce sentiment d'oppression qu'il sentait en lui. Il avait l'impression d'être observé, d'être jugé sans aucun regard dans sa direction. Il avait peur. Les pupilles grises de l'ange étaient rivées vers cet inconnu qu'il reconnaissait maintenant. Et ça n'arrangeait pas son état. Il cherchait en vain un moyen de fuir cet endroit qui n'avait même pas d'horizon. Il ne voyait pas plus loin que l'espace éclairé par la faible lueur qui était au dessus de lui. Le trône enfin a découvert, l'inconnu se leva.

Il s'agissait d'un homme au regard rouge comme le sang et les enfers, avec des cheveux d'un blanc éclatant. Il avait avec lui de grandes ailes de couleur rouges. Le visage froid et sérieux il n'inspirait nullement confiance en l'ange. Ils se connaissaient, tout le monde connaissait cet homme après tout. Il s'agissait de Sinhae, l'archange du pouvoir. Aussi appelé "la main du pouvoir" par les plus craintifs. Connu pour être intransigeant et sans pitié, il n'était jamais bon de se retrouver dans son antre noire. Soudainement, il prit la parole de sa voix froide mais claire.

"Alexandre Browse. A l'instar de Nya Wilson, vous êtes prévenu. Tout contact avec cette ange déchue entraînera la suppression totale. Il n'y aura pas de troisième avertissement."

Il avait parlé avec un calme si froid que son sang en était gelé. Il n'arrivait plus à bouger. Evidemment il le savait, mais l'entendre de la voix de l'archange le plus craint de son temps c'est autre chose. Ces yeux étaient rivés vers l'homme aux cheveux blancs, il ne pouvait s'en détacher ni rien faire d'autre que le regarder. Les bras ballants, les jambes fébriles, il se sentait impuissant. Puis soudain, il se sentit tomber. Tout s'éloignait rapidement, le trône, l'archange, la lumière. Il était littéralement en train de tomber dans un vide qu'il ne connaissait pas, allait il seulement atterrir ? Il n'en savait rien.

Puis tout s'arrêta, la chute, tout. Il sentit d'un coup la texture du parquet contre son dos et ces mains, il essaya d'ouvrir les yeux mais c'était flou, la lumière l'éblouissait. Il y avait une autre silhouette à côté de lui qui lui faisait des signes qu'il ne comprenait pas, il ne les voyait pas correctement. Tout commençait progressivement à lui revenir, il prit conscience que c'était Nya qui était à ces côtés à lui faire des signes pour le réveiller, n'ayant pas conscience qu'un mouvement ne fait pas assez de bruit pour réveiller comme des mots. Alexandre se releva d'un coup. Il regarda Nya comme si il était terrifié, puis il recula en murmurant des mots incompréhensibles. Il prit le temps de respirer, venant ensuite donner des réponses à l'incompréhension grandissante de l'ange déchue.

"C'est... C'était Sinhae... Il veut nous supprimer... J-je... Je peux pas te garder ici... Tu risquerais trop..."

Nya écarquilla les yeux qui se perlaient de larmes. Alexandre venait de réaliser son pire cauchemar: finir seule, a nouveau. Elle n'osait pas s'approcher de lui, venant se redresser difficilement. Sans un son, ses larmes coulèrent le long de ces joues. Elle ne savait pas pourquoi elle semblait tant attachée à se garçon et pourquoi cette annonce lui faisait si mal. Elle devrait y être habituée ? Pourquoi tant d'émotion ? Ne pouvant se permettre de rester plus longtemps, elle approcha de la porte, sans prendre la moindre affaire. Avant de sortir. Alexandre n'aura même pas le temps de l'interpeler ni de la suivre. Quand lui arriva à la porte, elle était déjà hors de vue.

Les larmes lui aussi aux yeux, il monta, voulant retrouver les affaires de l'ange déchue qu'elle avait pu avoir. C'est en arrivant au niveau de la chambre qu'il remarqua une petite sacoche, remplie de lettres écrite par Nya durant le temps où il était inconscient avant qu'elle ne le remarque. Il s'installa donc en tailleur sur le lit, la mine basse. Puis entama sa lecture. Dès la seconde lettre, il laissa les larmes s'emparer de lui. Il pleurait sans discontinuer. Mais pourtant il ne pouvait s'empêcher de continuer de lire. A chaque lettre, des larmes s'ajoutaient. Mais aussi un sentiment incroyable de culpabilité, de sentiment, de colère. Cette tornade d'émotion n'eurent qu'un résultat: Alexandre ouvrit la fenêtre, se mit debout sur le rebord, avant de sauter. Déployant au premier moment ces ailes d'un blanc immaculé pour partir à pleine vitesse en direction de la ville où se trouvait sûrement Nya. Le cœur lourd et le corps possédé par cette tornade sentimentale qui déclenchait cette vitesse et cette force chez lui. Ces larmes avaient disparues, effacés par le souffle du vent qu'il subissait de plein fouet. Mais actuellement la douleur, le vent, les difficultés, tout ça était ailleurs, loin de l'esprit d'Alexandre. Pour le moment il devait retrouver Nya, coûte que coûte.

Quand soudain, il vit sur le toit d'un bâtiment désaffecté, une paire d'aile noire comme les cendres. C'était elle. Dans un élan de folie ou d'un autre sentiment s'en approchant, il accéléra dans un bruit sourd et court. Il la rejoignait.