Lettres à un ange

Chapitre 3 : Nuit noire

Devant les aiguilles, la jeune femme fut prise d'un recul et de tremblements. Qu'allait il faire d'elle ? Allait-il la blesser à nouveau comme tous les autres ? La voix pourtant rassurante de l'ange se faisait floue dans l'esprit de la déchue. Sa vue se troublait puis lentement, elle sombra dans une forme de sommeil étrange. Elle se sentait tomber dans un vide infini alors que d'un coup, elle était de retour sur le lit, seule. 

Rêvait-elle ? Ou venait-elle de se réveiller ? Elle était toujours dans la même pièce, qui pourtant était vide, Alexandre n'était plus là, les feuilles non plus, il n'y avait que le stylo posé simplement sur le bureau. Était-elle de nouveau abandonnée ? Après tout ce qu'avait fait l'ange pour elle, il n'allait pas faire ça ? Elle aurait voulu lever la voix pour appeler à l'aide, mais elle n'en était pas capable, sa gorge était nouée de stress, de peur et de questions. Elle se redressa du lit, observa autour d'elle sans rien remarquer d'anormal par rapport à avant son réveil, combien de temps avait-elle dormi pour qu'il ait le temps de partir et de tout ranger avant qu'elle ne le remarque ? Son sommeil était-il si profond que ça ? Toutes ces questions se mêlaient au stress de l'abandon, la peur de la mort et du rejet. Elle dû se reprendre, elle ne pouvait pas se submerger toute seule de questions sans réponse pour le moment. D'un mouvement fin et léger elle se leva, s'approcha du bureau pour récupérer le stylo, on ne sait jamais après tout. Mais une dernière question approcha dans sa tête: "Pourquoi je me fais tant de soucis pour un mortel ?", c'est vrai ça, pourquoi s'était elle mise à stresser ainsi alors qu'elle était persuadée être une gêne et un déchet, elle savait déjà qu'elle ne valait rien de plus qu'un chien errant, alors pourquoi tant d'espoir ? C'est dans cette triste pensée que plongea Nya, approchant la porte avec un calme désespéré. Encore une fois elle venait de tout perdre, d'être abandonnée, ça ne la choquait plus vraiment à force de temps, mais cette fois ci c'était différent. En quoi ça l'était ? Et bien Nya n'avait jamais pensé autant de bien de quelqu'un depuis son bannissement, elle n'avait jamais pensé à autant et n'en avait jamais reçu autant de même, c'était ça qui faisait la différence, cet inconnu du nom d'Alexandre lui avait apporté bien plus que tout les autres, et tout ça en seulement quelques heures, quelle étrangeté. C'est avec ce voile sombre de tristesse qu'elle ouvrit la porte, mais à ce moment-là, impossible pour elle de sortir, pourquoi ? Parce qu'il y avait un homme, grand et massif qui bloquait le passage et qui d'une main envoya Nya contre le lit. Qui était-il ? Qu'allait il faire ? En tout cas, rien de bon. Cet homme était Bellamore, l'un des 4 archanges et sûrement le plus dur, la jeune femme n'en gardait qu'un très mauvais souvenir, car c'est celui dont la voix tranchait contre sa faveur lors de son bannissement, que faisait il ici alors qu'aucune règle n'avait été transgressée, elle n'avait pas adressé la parole à quiconque ni eu contact avec un ange, alors qu'avait elle fait de mal ?

Lorsque l'archange Bellamore était sur place, elle se mettait à revoir ce qui lui était interdit, à savoir les ailes des anges. Et derrière Bellamore, il y avait quelqu'un, qu'elle n'arrivait pas à identifier à cause de la taille titanesque de l'archange en face d'elle, qui venait avant tout la menacer:

- "Ange déchue Nya Wilson, je viens en tant qu'Archange Bellamore pour vous mettre en garde. Suite à un rapport indiquant que votre personne a eu un contact rapproché avec un ange encore actif et causé l'abandon de sa protégée par celui-ci. Dans ces circonstances, je vous ordonne de cesser tout contact avec l'ange derrière moi, en cas de récidive, la sanction sera la même pour vous deux: la suppression."

Nya était à la fois perdue et terrorisée, un archange qui la menace de suppression totale, l'une des pires sanctions du monde angélique, il s'agissait en fait de la suppression de l'existence, personne n'aurait de souvenir de nos passages, tout ce qui est lié à nous est effacé, les souvenirs, les possessions, les émotions, comme si nous n'avions jamais existés. Mais quel ange avait-elle croisée et contactée ? Elle n'avait vu personne avec des ailes ou le lui signaler. A moins que ! Alexandre ! Tout commençait à se réaliser dans son esprit, Alexandre ne lui avait pas précisé sa nature pour ne pas qu'elle rejette ces soins et ai peur de lui, c'était inconscient de sa part ! Mais elle en était très touchée. Alors qu'elle observait Bellamore les yeux écarquillé, celui ci commençait à devenir flou, jusqu'à ce qu'un voile noire vienne la prendre et que d'un coup elle se mette à entendre une voix, familière et d'un calme altéré par une forme de stress, c'était celle d'Alexandre qui lui indiquait une instruction qu'elle ne comprenait pas immédiatement.

- "Eh Nya ? Nya ?? Réveille toi !

Sa vue revenait progressivement, la voix se faisait de moins en moins étouffée, et elle comprenait enfin, elle était donc en train de rêver ? Impossible, c'était trop réel pour que ce soit son imagination. Pour tester, elle se redressa d'un coup en réalisant qu'il était à côté, tourna sa tête de gauche à droite pour analyser ce qui avait changé, Alexandre était là, main sur son épaule pendant qu'il essayait de la réveiller, le stylo et les feuilles étaient toujours à son chevet, tout comme avant. C'était étrange et elle se devait d'en faire part à Alexandre, car c'était important.

Alexandre lui ne comprenait pas, elle était tombée endormie avec une facilité déconcertante et s'était mise à trembler et suer comme pas possible, par réflexe il avait pensé qu'elle faisait un cauchemar, ce qui était possible au vu de son vécu récent, il avait donc décidé de la réveiller. Mais il ne s'attendait pas à ce que Nya se décide à se lever directement pour récupérer une feuille et aller écrire, au bout d'une quinzaine de minutes boostées par la panique et la peur de la jeune femme, elle tendit le papier à Alexandre pour lui raconter son rêve, celui ci poussa alors un soupire, elle allait savoir la vérité. . .