Chapitre 6

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Le soleil quitte doucement les deux endormis, laissant place à de sombres nuages et un air frisquet qui n'annonçaient rien de bon. Luna se redresse vivement au son du tonnerre, réveillant George au passage. Encore étalé au sol, il ouvre les yeux pour apercevoir Luna ravagée par l'inquiétude au dessus de lui, le tonnerre grondant derrière elle et la pluie lui collant des mèches dans son visage contorsionné par la peur. La jeune femme ne voyait ni lui, ni même la tempête; ce réveil brusque avait été associé à celui qui avait précédé l'attaque des Mangemorts. Sous les yeux de George, une Luna embrumée par ses cauchemars revivait la scène. Secouée de tremblements, elle hurlait à l'aide, criant le nom de son père, ne réagissant à aucun appel de George. Celui-ci lui prit le visage entre ses mains et fut surprit de voir dans ses yeux gris, rendus ternes et sans vie, ce qui contrastait avec ses hurlements déchainés. Inconsciemment, elle sait qu'elle ne vit pas cette histoire pour la première fois, alors elle crie sans s'inquiéter, elle sait déjà à quoi s'attendre.

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Le jeune homme, par contre, ignorait à peu près tout de ce drame si ce n'est qu'elle avait été retrouvée dans les donjons du manoir des Malfoy. Pour la suite, il ne pouvait qu'imaginer, chose qu'il n'avait jamais tenté de faire, préférant aider Luna au lieu de noircir ses pensées de tortures. Durant ce temps, Luna tremblait comme si la foudre s'emparait de son pauvre squelette. De la bave coulait de ses lèvres et elle s'étouffait sous ses sanglots et ses cheveux.

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La main moite s'accrocha férocement à son poignet et avant même qu'elle ne transplanne à Poudlard, on l'amenait ailleurs par portoloin. NON ! Cria-t-elle alors qu'elle fut sauvagement fouettée puis frappée dans le ventre par des bottes, laissée à elle-même, entourée de jeunes enfants arrachés à leur orphelinat la veille. Sur dix-huit enfants, âgés de treize mois à douze ans, Luna les vit tous mourir, sauf quatre. Deux jeunes bambins étaient déjà mort à son arrivé, mordu par le froid, et une fillette de douze ans c'était enlevée la vie lors de l'attaque en se jetant sur un Mangemorts qui menaçait sa sœur. Le quatrième enfant, un petit bout d'homme de quatre ans, fut le seul survivant sur les dix-huit, mais il perdit la vue et reste depuis en soin intensif à l'hôpital pour blessures sévères. Luna n'avait pas été capable de le visiter, malgré ses récriminations intérieures.

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Luna continuait d'hurler sur Georges, crachant des mots de haine envers ce destin, cette vie injuste qui avait préférée la laisser vivre au lieu de ses jeunes enfants qui n'avaient jamais côtoyé la peur avant cette nuit-là. Les paupières closes, des images violentes lui revinrent incessamment en mémoire. Des bras tranchés, des poupées imbibées de pleurs et de larmes, des cheveux arrachés, des ongles rongés par le stress qui les tenaillait tous.

Recourbée sur elle-même, Luna vomissait ses pleurs, régurgitait sans cesse à chaque image, l'odeur du sang bien ancré dans sa mémoire. Elle prit la main de Georges dans la sienne et la serra jusqu'au sang, arrachant quelques larmes au jeune homme. Il lui caressait le dos, laissant la pluie éponger ses pleurs et le tonnerre couvrir ses cris, s'abreuvant le plus possible de tout son mal, mais il y en avait trop, aussi il l'amena chez lui doucement, tachant de ne pas la brusquer. Le temps qu'ils arrivent, Luna avait répété le nom des victimes plusieurs fois, tressautant de froid de plus en plus. Arrivés à destination, George appela sa sœur qui vint aussitôt l'aider, se chargeant de déshabiller Luna dans la salle-de-bain et de lui enfiler des vêtements chauds.

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Il laissa Ginny rejoindre sa mère à la cuisine et s'occupa de sécher les cheveux noueux de Luna et même de les brosser. Il s'allongea avec elle dans le lit simple et l'entoura de ses bras, chantonnant une berceuse dont il se rappelait de son enfance. Luna, semi consciente, s'imagina qu'elle était destinée aux enfants décédés et cette idée apaisante l'assomma dans un sommeil sans rêve, réparateur.

Ne change jamais, tu es parfaite comme celaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant