Chapitre 4

28 2 0
                                    


Ouvrant les yeux après plusieurs heures de repos, Luna se redressa sur ses coudes, scrutant la pièce en clignant continuellement des paupières. Son attention, au début attiré par les vieux meubles tout usés, fut vite réquisitionnée en la personne de George Weasley, assit à même le sol, la tête dodelinant vers la gauche. Ne voulant pas déranger le jeune homme et ne souhaitant vraiment pas lui causer le trouble de prendre soin d'elle, Luna se dépêtra de la grosse couverture, déposant ses petits pieds tout blancs délicatement sur le sol gelé. Tout ce qui comptait pour elle, à l'instant, était de vite rejoindre la petite maison moldue, loin de toute cette magie et de ces lieux regorgeant de souvenirs. Pourtant, son cœur se serra en voyant George, sa tignasse encore aussi flamboyante que dans ses souvenirs, remontant à il y a presque deux semaines, le jour des funérailles de Fred. Un mince soupir franchit ses lèvres, puis la jeune femme s'avança vers la porte entre ouverte, le dos bien droit et le regard encore un peu obscurcit par le sommeil.

Les marches grinçaient à chacun de ses pas, procurant à Luna des sursauts de craintes mêlées à un stress infernal. Respires, Luna, tu te trouves chez les Weasley, ce n'est pas l'escalier de la maison, pas CET escalier sur lequel les Mangemorts ont posés leur salles bottes pleines de sang frais. Inspire, Luna, Expire...

La descente des escaliers, à elle seule, venait de drainer toute son énergie. Le crâne douloureux et les jambes flageolantes, Luna pris une chaise de la cuisine comme support et déposa sa main glacée sur son front moite. De longues minutes s'écoulèrent doucement, le silence soutenant Luna dans sa terrible torture. Finalement, elle s'assit, caressant le bois poli du dossier, le visage absent de toute réalité. Sa longue chevelure blonde, presque blanche dans la pénombre, cascadait jusqu'au bas de son dos. Tapotant le parquet du pied, Luna se releva pour retomber lourdement sur la chaise une nouvelle fois.

Ce n'est VRAIMENT pas le temps de tomber mal ! S'ingurgita-t-elle. Je dois vite rentrer, papa va s'inquiéter. Déjà qu'il sait comme je souhaite m'éloigner de la magie. Seigneur de bon Merlin, dans quel pétrin me suis-je mise ? Il ne me reste plus qu'à me relever et à partir, il suffit que mes jambes me portent jusqu'à l'arrêt d'autobus le plus... Y a-t-il seulement un arrêt proche ?

Complètement démoralisée, Luna fondit en larmes, sans aucun bruit, comme d'habitude.

-Ah ! Tu es ici, Luna, je commençais à m'inquiéter. Surtout que vu ton état, je te conseillerais de vite retourner te reposer.

Relevant vivement la tête, un frisson d'effroi traversa la jeune blonde, pour réaliser que c'était George Weasley qui c'était dressé à elle de façon calme et toute douce et non un maudits Mangemorts, avec leur voix rauque et cruelle. Elle essuya promptement ses larmes et prit un air rêveur, déconnecté de toute douleur, sans émotion.

-Oh, bonjour, George, je suis très heureuse de te revoir.

Sa voix, basse et neutre, traversait la pièce avec une telle fluidité que George n'eu aucun mal à l'entendre, malgré le faible débit.

-Comment ton deuil se porte-t-il ?

La façon dont Luna parlait de la mort comme d'une personne à part entière fit sourire George, jusqu'à ce que son regard croise celui de Luna. S'approchant à grandes enjambées, il saisit le mince visage entre ses larges mains et souffla sur son nez; sans trop savoir pourquoi, d'ailleurs. Son pouce caressa la joue rose et douce tandis que l'autre soulignait gentiment le bas de l'œil de la jeune femme. Sa bouche près de son oreille, George chuchota, comme une confidence.

-Parle-moi, Luna, de l'origine de tes pleurs. Laisse-moi aspirer ta peine comme tu as si bien commencé avec moi.

Une larme traversa la paupière close de Luna, sillonnant sa joue rebondie. La vie de la larme fut de courte durée, George ayant achevé sa course en déposant un baiser au bord du menton, près de l'oreille. Les maigres forces de Luna s'éclipsèrent, donnant à peine le temps à George pour rattraper une Luna épuisée par la taille, bien évidement.

-Viens te reposer, une bonne journée de sommeil te fera le plus grand bien.

Abrutie par une lourde fatigue, Luna acquiesce mollement, la tête appuyée sur l'épaule du jeune homme, se laissant transporter dans ses bras jusqu'à la chambre dans laquelle elle c'était réveillée un peu plus tôt.

.

Les yeux une fois de plus entre ouverts, Luna pris le temps pour détailler en profondeur la pièce. Cette fois encore, ce fut la vue de George qui l'interrompit dans son étude, mais cette fois-ci en le voyant franchir la porte, un plateau repas dans les mains.

-Bon matin, petite fée ! Voilà presque vingt heure que tu dors, il était temps que tu récupère, il faut croire !

Le sourire charmant et le regard plein de gaîté de George désarçonna Luna, puis elle lança la première phrase qui lui vint en tête, mots qu'elle regretta amèrement en voyant le gai luron devant elle s'affaisser.

-Toi et Fred aviez l'habitude d'arrêter de parler au milieu de vos phrases pour laisser l'autre les achever, ce n'est difficile, maintenant, de les dire toute au complet ?

Un sourire triste sur les lèvres, George s'approcha du lit, s'y assit et déposa le plateau sur les genoux de la jeune femme. Le silence s'étirait depuis de longues minutes quand enfin il parla.

-L'autre jour, en allant prendre mon petit déjeuner, j'ai salué la famille en disant ''Belle journée ensoleillée, parfaite pour'' C'était notre phrase fétiche du matin et Fred devait achever avec'' vous énerver et se goinfrer ''.

Passant sa main sur son visage, George poursuivit, la voix rauque de douleur. Luna lui caressait le dos, une boule de remords au fond de la gorge.

-Ma mère a éclaté en sanglots et Ginny est partit de la cuisine, un regard haineux. J'aurais tellement dut me taire, moi et ma grande gueule !

Le jeune homme éclata en sanglots, ne laissant échapper des mots de sa bouche que quelques minutes plus tard.

-Hier encore... je me suis mis devant mon père; je portais les vêtements à Fred, et lui ai demandé comme si souvent s'il savait lequel des deux j'étais.

George redressa la tête et riva son regard alourdis par les larmes dans celui de Luna.

-Je n'avais encore jamais vu mon père pleurer, Luna, Merlin que c'était terrible !

Enlacés dans leur peine, les deux jeunes adultes se mirent à pleurer, George d'une façon fort bruyante. Luna, elle, ne laissa aucun son sortir, le visage contorsionné dans la douleur. Finalement, d'un geste lent mais soudain, Luna releva les couvertures pour que le jeune homme la rejoigne. Il ne s'endormirent pas aussitôt, chacun emmuré dans sa tristesse, partageant leur poids comme une seule douleur. Seuls des reniflements discrets venaient tordre le calme de l'instant, les laissant s'endormir tout doucement, épuisé par les larmes.

.

Ne change jamais, tu es parfaite comme celaKde žijí příběhy. Začni objevovat