Chapitre 2

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La cérémonie était finie depuis quelques minutes à peine et Luna, le cœur gros, se déplaça lentement vers la demeure des Weasley. De l'extérieur, la jeune femme semblait rêveuse, comme d'habitude. Toutefois, elle en avait marre. Marre de tout, elle ne croyait plus en grand-chose, dorénavant. Arrivée à la cuisine, elle se versa un verre d'eau et monta au premier étage, cherchant un endroit où penser, seule. Une porte était entre ouverte, une douce lumière en sortait. D'un pas léger, Luna ouvra la porte grinçante, incertaine.

- Il y a quelqu'un ?

N'obtenant aucune réponse, elle avança dans la pénombre, la lune se reflétant comme un fantôme, au sol, devant la porte d'une garde-robe; un endroit parfait pour ne pas être dérangé. Ses pieds frôlant à peine le sol, Luna entrouvrit la porte et se glissa à l'intérieur de l'endroit exigu, surprise d'y trouver un tapis moelleux et une chevelure rousse caractéristique. Au moment où son regard rencontra deux prunelles dorées, Luna recula, étonnée.

- Excuse-moi... George... je ne voulais pas te déranger.

Reculant de deux pas supplémentaires, elle s'arrêta.

- Merci pour tout à l'heure, ça a fait du bien à tout le monde, on dirait.

Esquissant un geste vers lui, la jeune femme se figea, réfléchissant longuement avant de parler. Elle s'accroupit devant l'homme, le scrutant lentement.

- Ça ne t'a pas fait du bien, à toi ?

Relevant la tête brusquement, George se perdit dans la contemplation de la chevelure blonde, tout ébouriffée. Mais il ne la regardait pas vraiment, il fuyait seulement le regard de la jeune femme, se sentant sondé de l'intérieur.

- Je ne sais pas, je ne sais plus.

Sanglotant à nouveau, George se replia sur lui-même, n'osant montrer ses larmes. Luna se releva, prit la poignée de la porte dans le creux de sa paume et la refermait. Accotée au mur, près de George, elle déposa sa tête sur son épaule carrée, écoutant ses sanglots comme pour absorber sa peine. Au bout de quelques minutes, le silence ne fut plus déformé que par quelques sanglots et reniflements, des mots gentils et doux passant la barrière de ses lèvres pour apaiser la douleur de George. Il s'accota, lui aussi, sur le dessus de la petite tête blonde et s'essuya les sillons salés qu'avaient creusés ses larmes. Après s'être mouché bruyamment, il laissa le silence prendre possession de la garde-robe, n'osant détruire la sérénité du moment.

Un doux chuchotement souleva l'air.

- Quand les nuits sont trop sombres et que la lumière du soleil me déchire la tête, j'imagine de belles choses, celles qui apaisent et qui calment mon cœur. Tu devrais essayer, George, juste une fois.

Sans même attendre de réponse, elle continua.

- Ferme les yeux. Il y a Poudlard, juste devant nous. Ne pense pas à la bataille finale, n'aie pas peur. Efface ses morts, remplace-les par des fleurs, de belles plantes toutes blanches ou colorées. Ne te crispe pas, George, je suis là, juste à côté.

Prenant la main de George dans les siennes, elle continua, la voix basse, comme un doux murmure.

- Regarde bien ces fleurs, elles dansent à l'aide du vent. Je sais que le ciel est sombre, on dirait qu'il va pleuvoir, il y a de gros éclairs au loin. Prends ces éclairs. Tends la main et écrase-les dans ta main; tu vois, ce n'est pas si compliqué. Je te tends un gros pinceau, là, à ta gauche. Garde-le bien dans le creux de ta main et peinture le ciel. Vois comme il redevient bleu et rayonnant grâce à toi ! Jette le pinceau, tiens, maintenant prend ce bol. Il contient des rayons de soleil; allez, vas-y, fais-toi du bien, redonne de la lumière au ciel. Je te donne un flacon de poudre, c'est pour attaquer les nuages, lance là, frappe ces affreux nuages tout gris et sales.

Une larme s'échappe, coule le long de la joue rebondie de Luna. Elle l'efface vite et poursuit, un sourire aux lèvres. George, lui, se sent apaisé, et se détend, accoté sur la jeune femme.

- Vois comme c'est beau, tout à coup ! Reconnais-tu cet endroit que nous avons si souvent côtoyé, une fois le sang enlevé par les gouttes de rosée ? Il y a des papillons, là-bas, le lac et son eau calme, dans le coin près du château. Ouvre les yeux, George. Rouvre les yeux enfin sur ce monde, il a changé tout en restant le même. Vois comme tant de choses sont restées belles.

Redressant l'homme, ils sortirent de la chambre, descendirent les marches et aboutirent dans la cour. On pouvait y voir un grand jardin de légumes et de fruits, la famille, les amis, tous réunis pour sourire et rire une dernière fois pour Fred. D'un geste de la main, Luna souligna tous ces détails, pointant ce qui était vraiment important, que la guerre n'a pu détruire; l'amour, les liens irremplaçables de la famille et de l'amitié.

Le regard rivé sur cette scène d'espoir, George se détourna les yeux, posant ses prunelles dorées sur le profil droit et serein de Luna.

Oui, se dit-il, maintenant je suis capable de voir toutes ces choses qui sont restées belles, qui en fait l'ont toujours été, juste sous mes yeux.

Portant la main dans la chevelure blonde, il caressa une mèche du dos de sa main, un sourire sur le bout des lèvres.

Debout devant l'entrée, les deux silhouettes restaient figées dans ce moment de douce plénitude, s'accrochant à l'idée d'un avenir meilleur, chacun priant pour l'autre.

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Voilà, j'espère que vous avez aimé. En fait, en écrivant, je me suis défini un style de romance pour ces deux-là. Il n'y aura pas de passion, du moins pas dans l'immédiat. Plus comme une recherche d'amour, lent et gentil, entre deux êtres brisés pas la vie.

Ne change jamais, tu es parfaite comme celaWhere stories live. Discover now