35 | Foudroyante douleur.

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— Ton oncle sait-il que tu as couché avec elle ? s'est-il enquis d'un air suffisant.

Bordel. De. Dieu.

Tandis que ce qu'il restait de mon cœur s'agitait péniblement pour survivre, Evan s'est à son tour tourné dans ma direction pour me contempler d'un regard dénué de sentiments. Se faisant, il a anéanti le peu d'espoir auquel je m'accrochais encore.

— Ce que je fais pour arriver à mes fins ne concerne que moi, a-t-il lâché froidement.

Espèce d'enfoiré.

Voilà, vous savez tout. Alors je suppose que vous comprenez à quel point j'ai besoin de soutien. Je ne peux pas décrire comment je me sens réellement. Comme je le disais plus haut, cette douleur là est sans l'ombre d'un doute la pire que j'ai connu. Donc je n'ai qu'une seule envie, et c'est évidemment d'y mettre fin. Mes yeux balayent instinctivement ce qui m'entoure, pendant qu'Ariana est concentrée sur l'échange des deux hommes occupés à se jauger. J'occulte volontairement ma petite voix intérieure qui commence à protester contre l'idée qui me vient. Car peu importe qu'ils sachent tous la vérité – dont ils se doutent déjà, de toute façon – après cette humiliation. Prenant une brève inspiration, je me reconnecte enfin à la réalité, choisissant de tenter le tout pour le tout. Au moment où une larme s'échappe sur ma joue, je décide d'en faire autant. Autrement dit, de fuir. Je veux franchir cette porte, la refermer, puis en ouvrir autant qu'il le faudra pour disparaître. Je ne supporterais pas de le revoir, dites-vous. Est-ce que cela vous étonne ? Pensez-vous que j'ai été naïve ? Vous doutiez-vous de la vérité ? Que j'aurais autant de mal à l'encaisser ? Mon cœur m'avait déjà prévenu qu'il n'en pouvait plus, et il avait raison. Cette fois, je dois abandonner pour passer à autre chose. En franchissant ce seuil et en avisant ensuite. Peut-être puis-je m'exiler à Kerguelen ? Être adoptée par les Nahua ? Me faire oublier aux îles Malouines ? N'importe où fera l'affaire pourvu que ce soit loin de lui. D'eux. Des enquêtes à mon sujet. C'est donc dans cet état d'esprit que je sors de ma torpeur, échappe à la scientifique en faisant volte-face, me précipitant sur la poignée blanche – comme le reste –. Je ne vois pas l'écran de l'ordinateur qui clignote lorsque mes doigts l'effleurent, tout comme je suis incapable d'entendre l'alarme qui retentit au même instant. Non. Je n'ai que mon objectif en tête. Hélas, je n'ai pas l'occasion de l'atteindre que je suis violemment tirée vers l'arrière pour rencontrer le regard affolé d'Ariana.

Non !

Il se trouve que la jolie blonde a – en plus – d'excellents réflexes. La seconde suivante, ce sont des mains familières qui me rejoignent pour me faire voler en éclats.

— Lâche-moi espèce d'enfoiré ! éructé-je dans un cri teinté de colère autant que de douleur.

Ne me touche pas !

Évidemment, je ne vous apprends rien en disant qu'il ne m'écoute pas. Bien au contraire et ses bras serrés autour de moi, il m'entraîne dans le couloir après que sa collègue – ou que sais-je, en réalité – ait ouvert cette saloperie de porte qui devait m'offrir une issue. Je ne cesse de me débattre – en vain – tandis qu'il me ramène vers ma chambre – cellule – d'un pas rapide, ignorant mes insultes ainsi que le fait que l'agent Allen nous suit de près. La scientifique retient ce dernier en posant une paume sur son épaule alors qu'Evan m'a attiré dans la pièce et se place dans mon dos pour me contenir.

— Calme-toi ! exige-t-il d'une voix neutre qui me donne la nausée.

Comment oses-tu ?!

— Va te faire foutre Evan ! répliqué-je avant de laisser sortir le hurlement contenant toute – non, pas autant, c'est impossible – ma colère.

La chaleur de son souffle sur ma nuque me rend folle, donc je n'ai de cesse de me débattre pour tenter de me défaire de ce contact que j'ai tant aimé mais ne tolère plus. Son menton se cale près de mon oreille, et je ne retiens pas davantage mes sanglots.

Je te déteste !

— Tu dois arrêter sinon tu devras être sédatée, me prévint-il avec indifférence.

Non !

Écoute-le, Taylor ! Tu ne peux pas prendre de risque !

Je cesse de bouger, puis ses lèvres effleurent brièvement la peau de mon cou dans un toucher familier.

— Le prochain tour de surveillance est à trois heures, chuchote-t-il à peine audiblement. Ensuite tu sors par l'aération direction le sud-est.

Quoi ?!

Il me relâche brutalement, m'abandonnant sur le lit pour s'avancer vers la sortie sans m'accorder un regard supplémentaire. Après s'être arrêté face son collègue, il gronde :

— J'appelle Duke. Nous réglerons la question avec lui.

— Ok, concède son interlocuteur dans un soupir blasé. Je suis fatigué de toute façon.

— Par contre, reprend Evan d'une voix forte, je ne comprends pas le choix d'Hayden. Tu pourrais m'expliquer ?

Bordel de dieu de merde !

Dois-je vous préciser que mon cœur vient encore de s'arrêter ?

***

L'autre côté de la porteWhere stories live. Discover now