27 | La prochaine danse.

Depuis le début
                                    

— Excuse-moi, mais la demoiselle me doit la prochaine danse !

Alléluia !

Maintenant que les regards se tournent vers nous, l'avocat n'a pas d'autre choix que de me libérer, et je réprime difficilement un soupir de soulagement. J'attrape la main tendue avec une reconnaissance évidente, puis me laisse guider vers la piste en esquissant un sourire ravi.

Je t'aime, est-ce que tu le sais ?

Ce que nous allons faire dans les minutes qui suivent ne va clairement pas être au goût de la mère de Carly, mais est-ce réellement important ? Néanmoins, avant de m'attirer les foudres de celle-ci, je préfère préciser :

— Je t'aime.

— Moi aussi ma chérie.

Ma meilleure amie laisse entendre son adorable rire en se plaçant face à moi sous le projecteur, tout en remontant sa robe pour dévoiler ses jolies jambes à la seconde où les autres lumières s'atténuent, et que les premières notes de « Follow me » de Tommee Profitt & Ruelle se font entendre. Je préfère accrocher les prunelles de la sublime brune plutôt que de scruter l'assemblée, probablement frémissante à cause du son électro sur lequel nous commençons à nous déhancher, réalisants des mouvements contemporains quelque peu sexy. Oui. Madame Howards ayant oublié de préciser que j'étais aussi soumise à l'interdiction d'effectuer une chorégraphie plus moderne, ce n'est pas comme si nous avions vraiment enfreint une règle, n'est-ce pas ? Toujours est-il que nous avons toutes les deux ricané en imaginant sa réaction, comme si nous étions encore des adolescentes faussement rebelles. Moue radieuse plaquée sur le visage, nous enchaînons nos gestes en suivant la musique dans la coordination parfaite que nous avons acquise il y a des années. L'entraînement fait tout, voyez-vous.

« Oh, nous pouvons voler. »

Cette chanson nous parle. On peut presque dire qu'elle dévoile à tous mon secret mais sans vraiment le faire. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle mon amie me l'a proposé lorsque j'ai soumis l'idée d'un petit spectacle pour secouer un peu cette foule rigide.

« Suis-moi jusqu'au bout du monde. »

Il n'y a toujours qu'elle, qui sait. Étant donné qu'Evan n'a pas dit les mots. Parfois j'ai l'impression qu'ils sont là, prêts à être prononcés, mais qu'il les retient. Exactement comme je le fais, finalement. Je n'ai rien avoué non plus, après tout, donc ce n'est pas comme si j'étais en droit de lui reprocher.

« Je te montrerai tout ce que tu n'as jamais vu avant. »

J'imagine que cette fois encore, il attend que je fasse le premier pas. J'en ai parlé avec Lyly et dans un soupir compréhensif, elle m'a dit qu'elle me soutiendrait peu importe ma décision. Mais maintenant que mon regard le cherche parmi les invités qui nous contemplent, je vois qu'elle me dit Je veux que tu sois heureuse toi aussi. Fonce, Tay.

« Oh, nous dansons sur l'horizon. »

Elle est revenue de sa débordante inquiétude au fil des semaines, réussissant à se raisonner bien qu'avec difficulté. Peut-être que dire la vérité à Evan ne serait pas aussi dangereux que ce qu'elle appréhendait au départ, se dit-elle. Parce qu'elle le connaît davantage, a eu l'occasion de nous observer ensemble, et ne peut plus l'imaginer me trahir maintenant que nous avons noué une vraie relation. Développé des sentiments. D'après elle ces derniers sont flagrants, qu'importe que nous n'ayons rien admis. Comme pour m'imposer l'évidence, les iris – parfaits – de l'agent fédéral viennent d'épingler les miens, et il ne dissimule pas son amusement face à notre petite rébellion dont il ne savait rien.

« Comme un courant dans ma peau, tire-moi plus près. »

Tu ne diras rien, n'est-ce pas ?

La nouvelle mariée et moi chantonnons avec bonne humeur, mais c'est désormais à lui que je veux dire...

« Suis-moi jusqu'au bout du monde. »

Lorsque notre danse touche à sa fin, la lumière revenant progressivement à la normale, j'enlace Carly avec affection pendant qu'elle serre ma main avec une conviction sans équivoque.

— Vas-y chérie, souffle-t-elle à mon oreille.

D'accord. Si même toi tu le dis, à quoi bon lutter ?

Alors je serre les poings en me détachant d'elle, puis me dirige vers lui d'un pas décidé. Me voyant arriver, il s'avance à son tour pour venir à ma rencontre et à l'instant où nos corps se rejoignent, j'enroule instinctivement mes bras autour de son cou en me hissant sur la pointe des pieds pour retrouver ses lèvres. Au bout du compte, je me recule légèrement sans savoir depuis quand je ne respire plus, l'observant dans un silence qu'il partage l'air mi-sérieux, mi-amusé, mais totalement heureux.

Allez, Taylor.

— Tant pis si c'est cliché de te le dire le jour d'un mariage, mais je t'aime, avoué-je enfin.

Ses doigts glissent lentement le long de ma joue, et je tente de ne pas m'agacer.

— Ne me fais pas attendre cette fois je t'en supplie, gémis-je en fermant nerveusement les paupières.

— Impossible, s'amuse-t-il en m'embrassant à son tour. Ça fait des semaines que je veux te dire que je suis amoureux de toi.

Bordel. De. Dieu.

Tu sais ce que ça signifie, Taylor ?

Oui.

L'heure d'une confession est arrivée.

***

L'autre côté de la porteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant