VI

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Elle m'a nourri, elle m'a formé, elle m'a offert de son ivresse

Elle a failli me voir tomber, me reprendre de justesse

Et quand sa nuit m'offrait l'asphalte comme seul et unique horizon

Elle s'est révélée comme la préface de toutes mes inspirations

	Elle s'est révélée comme la préface de toutes mes inspirations

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 Au plus loin, il y avait Neptune. Uranus, avec ses satellites, et Saturne, avec l'anneau, celle dont le théâtre portait le nom. Jupiter, la plus grande, celle qui leur faisait de l'ombre. Un ban d'astéroïdes par là. En se rapprochant encore de l'astre, c'étaient Mars, puis la Terre, qui tournait et eux avec. Vénus, de la même taille, et enfin, à deux doigts de brûler sûrement, Mercure. Et au centre, il y avait... Jisung.

Minho s'insulta mentalement. Il ferma les yeux, tenta de chasser ses pensées stupides. La nuit était noire, et ça ne partait pas. Le sourire de cet illuminé restait gravé sur ses paupières, indélébile.

Ses pensées s'évadaient trop loin lorsqu'ils dansaient, alors, pour s'en détacher, il avait consciencieusement appris l'ordre des planètes qui gravitaient autour d'eux. En partant du soleil, ça faisait, Mercure, Vénus, Terre, Mars. Des astéroïdes. Et malgré cela, ses pensées revenaient invariablement et toujours vers Jisung. Il avait tout essayé, calculer combien il avait gagné dans la journée, compter les temps dans la valse, ou compter les poils du chat. Même le regard de Némésis semblait équivoque : c'est trop tard mon grand, t'es foutu.

Une poubelle valsa dans un fracas quand Minho balança son pied dedans. Putain ! Il s'arrêta en pleine rue et se prit la tête entre les mains. Sors de là, semblait-il vouloir dire, sors de ma tête ! C'était à s'en arracher les cheveux. Il saisit le masque qui lui recouvrait la moitié du visage et le lança contre un mur de toutes ses forces. Ça ne partait pas.

Il était en train de tomber amoureux de Han Jisung.

Parmi toutes les personnes qui peuplaient la cité, son crétin de cœur avait choisi un metteur en scène, un illuminé, un... Un homme. Dans un grognement de rage, il revint frapper le mur, cette fois de son propre poing.

Puis il s'immobilisa, tenta de reprendre sa respiration. Ça sifflait sous son crâne. Et ça explosa. Il redressa la tête, fronça le nez. Au milieu des nuages, une pluie de couleur retomba. Le bruit, ça n'était pas lui, c'était la ville. Il soupira, se passa la main sur le visage. C'était donc aujourd'hui, le feu d'artifice.

Un nouveau claquement sonore retentit, larmoya du bleu. Un instant, le visage de Minho était éclairé, ses cernes, son expression maussade. L'instant d'après, il se perdait à nouveau dans l'ombre. Dans son dos, il entendait les cris et les rires, la foule en délire devant le spectacle. Peut-être que, depuis le théâtre, Jisung le regardait aussi. Dans la rue où il se trouvait, Minho, lui, était seul. Plongé dans la nuit, tout était noir. Seules des langues de lumière léchaient à intervalles réguliers les façades des immeubles. Lui en bas, dans une flaque d'ombre, restait là, démuni, et c'était cette même fatalité, la même que depuis sa naissance, qui semblait lui ouvrir les bras.

𝑳𝒆 𝑻𝒉𝒆́𝒂̂𝒕𝒓𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝑴𝒆𝒄𝒉𝒂𝒏𝒊𝒄𝒂𝒍𝒔 ༄ 𝐌𝐢𝐧𝐬𝐮𝐧𝐠Where stories live. Discover now