Chapitre 7

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Sous une nuit sans lune, une ombre se faufilait entre les arbres avec une agilité certaine. Ninja de la nuit, elle se glissait avec aisance et rapidité entre les troncs dans la pénombre. Au fin fond du domaine qu'abritait ces bois une vaste demeure se dressait. Solitaire mais bien enracinée, elle faisait face à la forêt qui la bordait avec fierté. Elle était la destination de ce danger silencieux qui s'approchait furtivement, déterminé à accomplir sa mission.

Sur la façade élégamment décorée qui faisait face aux ténèbres, une fenêtre était restée ouverte au rez-de-chaussée. Laissant le froid et les mauvais esprits entrer, son propriétaire finit par venir la fermer. Seulement, il était trop tard. Le danger s'était déjà glissé entre les murs.

Dans le grand salon qu'offrait à découvrir cette demeure, le parquet se mit à grincer au-delà des pas du seul maître des lieux. Un frisson lui parcouru l'échine alors qu'un présence derrière lui parut de plus en plus menaçante.  À la faible lueur d'une lampe à pied, une ombre dominante l'engloutit un bref instant dans les abysses. L'homme n'eut pas le temps de se retourner qu'on le bouscula. Rattrapé par le col, il se sentit projeté contre un mur. Puis, avant même qu'il ne comprenne ce qu'il se passait, se retrouva dos contre les moulures qui ornaient ses cloisons. Face à lui, un masque de squelette semblable à ceux que l'on pouvait trouver au Mexique le jour des morts. Mais bien que les couleurs qui se dessinaient sur le crâne de son agresseur puissent être réconfortantes et quelque peu magiques, la peur n'en demeura pas moins culminante.

« Parles ! cracha d'une voix féminine, son attaquant . 
- J-je peux parler ! répondit docilement la proie, complètement apeurée. Parler de ce que vous voulez ! D'économie, de politique, même de la météo !
- M'mène pas en bateau ! Bâtard !
- Oh ! Vous faites du bateau ? continua le pauvre homme, poursuivant sur la voie de l'innocence. »

Évidemment, il aurait été trop simple que sa cible se mette à table dès l'ordre prononcé. Alors, afin de lui rafraîchir la mémoire, l'assaillant se décida à retirer son masque. Dévoilant son visage à la lumière tamisée du salon, Akame espéra voir dans son regard les souvenirs le submerger.

Une seconde, puis deux et il y eut bien une étincelle qui s'alluma dans ses iris, mais ce ne fut pas ce qu'elle attendait.

« Diable, une borgne ! Je n'en avais encore jamais vu ! »

La stupeur se mêlant à une pointe d'admiration que la brune lu dans sa voix la fit bouillir.

« Mon visage te dis rien ? l'interrogea-t-elle, vexée.
- Non, pourquoi ? Devrait-il ? demanda le concerné. Je suis navré, nous connaissons-nous ?
- Yagi c'est ton nom ? Oui ou non ? »

C'était-elle trompée ? Avait-elle fait une erreur quelque part ? Mauvaise adresse ? Mauvais nom ? Peut-être même Uta s'était-il joué d'elle en falsifiant son carnet.

« Eh bien oui, je... »

Alors il n'y avait aucune hésitation à avoir. Sa cible était un être encore plus abjecte que ce à quoi elle s'attendait. Resserrant sa poigne elle le souleva quelque peu. D'instinct sans doute, ses propres kakugans s'activèrent. En voyant cela, comme un ours face à un opposant qui ne se soumet pas, le défi s'empara d'elle. S'il voulait se battre, elle l'écraserai comme un vulgaire insecte.

« T'es encore plus un bâtard que je l'imaginais ! »

Elle se mit à le secouer.

« Quel genre d'ordure fait des expériences sur une p'tite fille et l'oublie juste après ? hurla-t-elle. Quel genre de pourriture arrache son humanité à un enfant et est même pas capable de reconnaître son visage ? »

Une expérience parmi tant d'autres hein ? Elle n'était rien d'autre ! Finalement Sachi avait bien fait de vouloir l'éloigner des colombes. Du même temps, elle l'avait arraché à ses griffes de savant fou. C'est alors que la brune fît un rapprochement. Mais oui ! Comment n'avait-elle pas pu y penser avant ? Elle cessa de le malmener et tira son col dans sa direction.

« C'est à cause de toi hein ? Que Sachi a voulu fuir et changer de nom, suggéra-t-elle la voix défaillante. C'est ça hein ? C'est pas à cause du CCG ! C'était pour pas que tu m'retrouves ! »

Les secousses ne reprirent pas, au lieu de ça, elle envoya valser son défouloir à quelques mètres de là. La victime s'écrasa sur le parquet avec lourdeur, mais loin d'être sonné, tenta aussitôt de s'échapper. Rampant au sol tel une larve maladroite, il espérait sans doute atteindre ne serait-ce que la porte qui menait au couloir. Mais son assaillante n'eut aucun mal à stopper sa course pitoyable. Transperçant sa paume à l'aide de l'un de ses tentacules, elle le cloua sur place sans peine. Il hurla de douleur.

« À cause de toi ma vie a été qu'une succession de mensonges supplémentaires ! »

Se penchant vers lui, Akame jubila un bref instant. Elle n'avait pas honte de le reconnaître, le voir ainsi, totalement à sa merci, était grisant. Un sentiment de toute puissance l'envahît alors. Elle avait la sensation de reprendre enfin le contrôle de sa vie. L'impression d'être libérée des chaînes et des tromperies. Elle se sentait capable de tout. Elle était capable de tout. Elle plaça soigneusement son kagune sur la jugulaire de sa cible. Elle n'avait qu'un geste à faire et ce serait terminé. Un seul geste. 

« Hiruko Yagi, un dernier mot ?
- Hiruko ? répéta l'interpellé se raccrochant à une lueur d'espoir. Il y a méprise ! Il y a méprise ! »

Malgré sa détermination à en finir, les paroles de sa proie la perturbèrent. Si bien qu'elle lui laissa quelques secondes de plus afin d'avancer ses arguments :

« Je m'appelle Haruto ! Haruto Yagi !
- Alors, t'es pas le Docteur Yagi ? demanda Akame sans grande conviction, totalement déboussolée.
- Non ! Non ! Je ne suis même pas médecin ! Vous pouvez vérifier ! »

Il avait désigné d'un geste affolé, une commode en bois massif de bon goût. S'exécutant, la brune ouvrit le premier tiroir pour y rechercher quelconque document qui démentirait ses dires. Lorsque ses yeux se posèrent sur un passeport soigneusement ranger, son sang ne fit qu'un tour. Il disait la vérité. Ce chien disait la vérité ! Il ne s'appelait pas Hiruko. Son nom de famille ne s'écrivait même pas de la même façon que celui qu'elle avait pu lire dans son dossier médical. Uta s'était trompé sur toute la ligne. Cela en disait long sur l'importance réelle qu'il accordait à ses clients.

Mais alors, cela voulait dire que cette ghoul lâche et trouillarde n'avait définitivement rien à voir avec ses histoires. Akame s'en était pris à la mauvaise personne. Elle ne touchait pas au but, loin de là ! Elle n'avait pas avancé d'un iota. Folle de rage, ne sachant comment évacuer sa colère, elle donna un violent coup de pied dans le meuble qui avait renfermé la vérité.

« Doucement ! Ce meuble coûte plus cher que toute votre vie de salaire ! »

Un frisson parcouru l'entièreté de sa colonne et alors, ce fut au tour de la tapisserie de se retrouver endommagée. Transpercée par un poing crispé par un tourment d'émotions peu positifs, elle n'avait pas réussi à protéger le plâtre qu'elle camouflait avec élégance. Un cratère se dessina alors lorsqu'Akame retira sa main. Elle la secoua afin d'en éjecter les quelques débris accrochés à sa peau.

« Estime-toi heureux qu'mon poing ait juste terminé dans l'mur, cracha-t-elle sans même lui accorder un regard. »

Ce fut sur ses mots que la furie se détourna pour de bon. Elle n'avait plus rien à faire ici, bien que sa frustration soit immense. Elle était tentée de mettre le feu à cet endroit. De faire exploser ces murs joliment décorés et ce précieux mobilier. Elle mourrait d'envie de transpercer le cœur de ce riche individu incapable de se défendre. Elle avait besoin d'extérioriser sa rage. Pourtant elle n'en fit rien. Grimpant agilement sur l'encadrement de la fenêtre, elle disparut aussi vite qu'elle était apparue. S'en allant au sous le ciel étoilé, rongée par une désillusion incendiaire.

Ce soir là, ce fut la forêt qui prit feu derrière elle.

Pour ta Vérité, Princesse !  [Tokyo Ghoul Re:]Where stories live. Discover now