Pour ta Vérité, Princesse ! [Tokyo Ghoul Re:]

Chapitre 1.2

Le trajet jusqu'à son enfer paru bien long à la jeune brune. Malgré la compagnie de son amie, elle ne pouvait s'empêcher d'appréhender. Tant et si bien qu'elle était même capable de sentir son estomac s'amuser à faire des nœuds dans ses intestins. Elle angoissait. Elle angoissait tant qu'elle s'arrêta même un bref instant devant la porte qui la conduisait à coup sûr aux réprimandes. Mais elle ne se défilerait pas. Non. Ça ne lui ressemblait plus. Ça ne lui ressemblait pas. Prenant son courage à deux mains, elle entra.

« Uta ! s'exclama la brune à peine le seuil passé. Bonjour !
- Encore toi... répondit immédiatement l'intéressé, ne partageant pas du tout son enthousiasme factice. »

Descendant les marches qui les séparaient du sous-sol qu'était la boutique du punk au cheveux noirs de cendre, le duo se glissa entre les expositions de masques, dressées sur leur piédestal tout le long de la salle. Le propriétaire des lieux, ses yeux rouges sévèrement posés sur les nouvelles arrivantes, quitta son bureau avec flegme, laissant son tabouret rouler jusqu'à elles. Sans même attendre quelconque explication de leur venue, il tendit la main, comme s'il savait pertinemment de quoi il s'agissait. La jeune fille était déjà passée assez de fois pour qu'il en connaisse les raisons. Il n'avait même plus besoin de mot, Akame était devenue ennuyeusement prévisible.

Cette dernière ouvrit alors le sac en bandoulière qu'elle portait à l'épaule et en sortit un masque d'ours aux reflets bleus et mauves. Sur le front, entre les deux oreilles, des symboles se dessinaient, coulant jusque autour des yeux qui ne paraissaient plus avoir aucune forme. Le museau quant à lui, n'offrait plus rien de sa truffe et seulement un semblant de babine qui pendait pathétiquement, à peine accroché à son crâne. Une fois de plus, c'était un massacre.

« Je suis désolée ! Tellement désolée ! se précipita-t-elle la moue d'un cocker plaqué sur le visage.
- Elle est désolée, ajouta Toka sans grande conviction de pardon.
- Tu ne sais pas à quel point je suis désolée ! »

Le jeune homme lui lança un regard d'avertissement. Il était certain que si elle osait s'excuser encore une fois, elle perdrait une dent. La brune se tut alors instantanément. Voilà donc ce qui la terrifiait tant chez lui. Il n'avait besoin d'aucun mot pour faire passer le message. Tout se lisait aisément dans ses iris, même ses plus sombres desseins. Sans doute cette particularité aurait-elle pu lui plaire en d'autres circonstances. Seulement, lorsque cette négativité indissimulable lui était destinée, elle ne pouvait s'empêcher de frissonner d'angoisse.

Uta vint attraper l'objet non sans un certain dégoût. L'état dans lequel elle avait mis son œuvre le désolait. Il n'arrivait à le tenir autrement qu'en le pinçant entre son index et son pouce. Il n'avait plus rien du masque qu'il lui avait confié quelques semaines plus tôt à peine. Ce n'était pas la première fois qu'elle revenait depuis la fin de l'été, mais jamais elle ne l'avait encore ramené à moitié brûlé. Attendant une explication, il la toisa, lâchant tout de même un soupir silencieux.

« L'autre jour, il a plu et... Il était totalement trempé, expliqua-t-elle confuse. J'avais peur que la peinture phosphorescente s'en aille alors je l'ai vite mis à sécher. Puis j'ai dû sortir Muchi, lui donner un bain parce qu'il a eu la bonne idée de se rouler dans la boue. Et je l'ai oublié sur le radiateur et...
- Et il a cramé, termina l'artiste totalement empreint au désespoir.
- Et il a cramé... »

Confuse, Akame laissa sa voix s'éteindre à la fin de sa phrase. Elle avait horreur de ces instants de culpabilité. Horreur de cette tête en l'air qu'elle était capable d'être parfois. Ça ne lui arrivait que si rarement d'antan. Avait-elle la tête trop pleine à présent que sa mémoire lui paraissait complète ? Trop chargée pour daigner se rappeler de toutes ces petites choses du quotidien qui lui permettaient de prendre soin de ses affaires ?