Chapitre 5.2

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« Mais non ! J'y crois pas ! »

Se crispant aussitôt, la coupable s'immobilisa. Elle était repérée. D'une œillade discrète, elle zieuta tout de même le visage de celle qui venait de la prendre en flagrant délit. De longs cheveux cendrés, attachés en chignon et un regard qu'elle reconnue sans peine. Ako !
Avant même qu'elle prenne le temps de réaliser que celle qu'elle voulait à tout prix éviter se trouvait devant elle, la nouvelle arrivante se précipita dans sa direction pour la prendre dans ses bras.

« Oh, ma chérie ! Mais comment ça va ? s'extasia-t-elle de son ton dénué de toute honnêteté. On ne s'est pas vu depuis... »

Soudainement, sans qu'elle ne daigne terminer sa phrase, la femme resserra quelque peu son étreinte. Comme si les souvenirs de leur dernière rencontre l'avaient tant bouleversé qu'elle ne pouvait exprimer ses émois par la parole. Pourtant, elle pouvait bien se fatiguer à faire passer le soir de la mort de son amant comme un événement insurmontable, cette comédie fit naître un grommellement chez la brunette qui tenta de se défaire de cette embrassade forcée. La jeune fille savait bien qu'Ako ne s'était jamais vraiment soucié du sort de son père ou même du sien. Si tel avait été le cas, elle aurait tenté de reprendre contact avec elle après la mort de Fujio.

« Excuse-moi, c'est encore tellement douloureux. Mon cœur s'est brisé cette nuit-là, tu sais ? Je ne sais pas si je pourrai un jour le réparer. »

Alors qu'elle la lâchait enfin, Akame ne trouva autre chose à faire que de lever les yeux au ciel. Mais lorsque ses iris retrouvèrent le visage de son interlocutrice, ils remarquèrent quelques larmes timides, hésitantes à se laisser glisser sur les joues de leur propriétaire. Le doute s'immisça alors. Sa peine lui parut soudainement si réelle. Avait-elle vraiment souffert de la mort de son compagnon ? Avait-elle réellement eu le cœur brisé en apprenant sa mort ? Ou bien aurait-elle dû être destinée à une carrière dans la comédie ? La voilà qui sortait déjà un mouchoir pour effacer les maigres preuves de sa souffrance inclassable. Mais peu importait la véracité de ce chagrin à vrai dire. Que tout ceci ne soit que supercherie ou sincérité, ces sanglots, la jeune fille n'en avait pas grand chose à faire. Elle avait autre chose à faire que de se soucier de ça.

« Qu'est-ce qui t'amène ici ma chérie ? demanda la comédienne, ne prenant toujours pas le risque de prononcer son prénom. Tu n'es pas malade au moins ?
- J'voulais savoir si c'était possible de consulter les fichiers des médecins employés par la clinique, annonça la brune, concise, glaciale.
- Eh bien, ce sont des informations confidentielles. Elles ne sont pas accessibles au public. »

Aussitôt, Akame regretta son honnêteté. Elle n'aurait jamais dû révéler à cette femme ses intentions. Ne s'était-elle pas dit qu'elle se débrouillerait seule ? De plus, maintenant, la voilà qui devait se méfier. Elle ne la laisserait sûrement pas passer à présent qu'elle venait de lui annoncer que ces dossiers n'étaient pas accessibles. Les choses ne seraient visiblement pas aussi facile qu'elles l'avaient été au CCG. Cela était bien étonnant par ailleurs. L'on aurait aisément cru à l'inverse. La brune elle-même, s'était persuadée que les événements se dérouleraient sans accrocs après son succès chez les colombes. Quelle erreur !

« Très bien, tant pis. J'me débrouillerais autrement, souffla-t-elle agacée de sa bêtise.
- À moins que... ! se précipita Ako en voyant déjà se détourner. »
Barrant d'un même temps, le chemin à son interlocutrice, la trentenaire ne parut pas prête à la laisser partir. Avait-elle flairé une occasion de tirer partie d'une quelconque façon de la situation de sa cadette ?
« Ce serait contre le règlement de te donner l'accès. Je risquerais gros, tu sais ? insista-t-elle de ses faux-semblants d'innocence. Je pourrais même perdre mon travail ! Peut-être que tu aurais quelque chose à me proposer ? Quelque chose qui me servirait de garantie ? Au cas où. »

Pour ta Vérité, Princesse !  [Tokyo Ghoul Re:]Where stories live. Discover now