MESSAGE
-destinataire : ulysse-
On est en haut sur le balcon viens

Le « on » me fit grincer des dents, alors que je savais d'avance que Ulysse était en sa compagnie.

Je n'avais qu'une envie, c'était me venger du mal qu'il m'avait fait, en sachant pertinemment que le mal, c'était moi qui l'avait fait.

- Mon frère est en haut, on va l'rejoindre.

Il posa sa main sur le bas de mon dos timidement, tandis que je lui indiquais le chemin pour accéder au balcon. Ken était mal à l'aise face à cet entassement de personnes tous vêtus de tenues ridicules, moi comprise dans le lot.

J'avais honte de savoir qu'avant de faire de lui une des personnes les plus spéciales à mes yeux, j'avais voulu faire de lui ma vengeance pour les larmes que Hugo m'avait tiré.

Regarder mon frère dans les yeux après cet évenement fut impossible. C'est même comme ça que j'ai perdu le goût de la parole, la paresse s'était emprise de mon sort. Je ne dirais pas que l'amour m'avait vaincu, qu'il était la raison de mon silence et de mes démons, car derrière ce rideau se cachait ma verité fatidique: rien ne m'avait blessé, si ce n'était moi. Je n'avais jamais trouvé de raison à ma tristesse, et plus elle se dissipait à l'intérieur de ma chair, plus je comprenais que tout n'avait pas de raison. Mon père, son argent, ma ville, peut-être que ces faits auraient pû être des raisons valables à ce désespoir.

Peut-être que c'était pour ça que tout le monde autour de moi était malheureux. Je n'avais pas été un cas épargné, j'étais un des nombreux fruits du pommier de Paris et son animosité.

- Ken ?

Il arqua un sourcil face à l'intonation que j'avais pris à la fin de mon interrogation, pendant que mon coeur battait un peu trop fort devant les mots qui s'impatientaient à sortir.

Comment fallait-il que je tourne ma phrase ? Des paroles, j'avais toujours eu plus besoin de paroles que d'actes, alors qu'en retour j'offrais plus d'actes que de paroles.

- J'crois que j'voudrais jamais qu'tu partes.

Je vis ses joues se pourprer et son sourire en coin comme il le faisait si souvent se relever, surpris des mots que je venais de chuchoter en m'accrochant à son bras avant de pousser la porte qui accédait à notre balcon secret. Je connaissais encore les lieux par coeur, alors que je n'étais pas venue ici depuis une décenie. Quand ma mère m'avait parlé de cette salle, je m'attendais à une des vieilles réceptions où mon frère et moi n'avions aucune distraction, tant elle en avait parlé à table avec une telle futilité. Mais celle-ci, en remontant mes souvenirs, c'était une de mes préférées.

- Salut, j'avançais ma tête pour saluer Ulysse, puis Hugo. Le contact de sa joue, glacial, me rappelait d'autant plus de souvenirs lorsque je nichais ma tête dans son cou et qu'il n'y avait que son parfum qui me sécurisait.

Des mois entiers que je ne l'avais croisé nul part, évitant la moindre confrontation lorsque mon frère l'invitait à la maison.

- J'vous présente Ken.

Ken s'avança vers eux sans la moindre difficulté, toujours aussi confiant et souriant que lors de notre première soirée passée à ses côtés. Le regard d'Hugo fut douloureux.

Je le connaissais ce regard.

Parce qu'il savait que je le regardais.

Hugo souriait de toutes ses dents en l'accueillant sur les fauteuils extérieur où mon frère et lui étaient assit. Il paraissait si sur de lui, comme si il n'y avait rien eu entre nous, comme si l'un et l'autre n'avions jamais été le premier amour de l'autre. Il souriait, mais ses yeux le trahissait. Ce n'était pas un regard de haine ni de jalousie, simplement le regard qu'il avait sur les chanceux.

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