Elements Tome 2 : L'Echo du Passé

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Halteko fronça le nez.

— Mais je voulais le rendre fier, mais ça lui a pas plu. Du coup, maintenant il est déçu.

— Ah.

Yengo fit mine de réfléchir, les sourcils froncés. Halteko le regardait avec des grands yeux sérieux.

— Eh bien, jeune homme. Sache une chose que j'ai apprise au cours de ma vie : ce mentor qui te guide sur le chemin de la vie est impossible à décevoir. Il te pardonnera toujours, tant que tu es sincère ; il t'aimera toujours, tant que tu le respectes. Es-tu sincère, Halteko ? Le respectes-tu ?

— Oh oui ! C'est le meilleur cavalier gris !

Yengo sourit.

— Alors va, va et sois juste. Ton mentor sera fier de toi.

— D'accord !

Halteko se leva, puis se rassit.

— Euh, Maître Yengo ? Vous avez vraiment combattu pendant la Guerre des Sœurs ?

L'ombre qui s'était évanouie au contact de la fraîcheur enfantine ressurgit en force, rappelant l'urgence de son départ.

— Oui, jeune homme. Oui, j'ai combattu.

— Oh. D'accord. Et vous allez où, là ?

Yengo sentit son cœur se serrer, et n'eut pas le courage de mentir.

— Je m'en vais entreprendre un dernier voyage.

Halteko le regarda, et Yengo eut l'impression d'être transpercé par ce regard limpide et pur.

— Vous partez mourir.

Ce n'était pas une question. Ce n'était pas un jugement. C'était une phrase simple, une phrase d'enfant. Et cela rendait la vérité plus horrible encore.

— Oui. Je n'ai plus la force de me battre, Halteko. C'est fini pour moi.

Le garçon lui tapa sur le genou et se releva.

— Bonne chance alors, Maître. Je vous souhaite le meilleur !

Pleurait-il ? Lui, à qui même la Guerre avait peiné à arracher des larmes ?

Oui.

— Merci, jeune cavalier. Je te souhaite, à toi aussi, le meilleur.

Et alors que le jeune partait, il posa une dernière question.

— Qui est ton mentor ?

— Maître Vysfrel, voyons ! J'ai dit que c'était le meilleur des cavaliers gris.

Oh. Un bon mentor, pour un bon apprenti.

— Dis-lui au revoir de ma part.

— Je n'y manquerai pas. Adieu !

Yengo ne l'avait jamais oublié, ce jeune garçon. Car, sans le savoir, il lui avait prêté de la force et du courage. Yengo avait marché, longtemps.

Et Yengo avait continué à se battre.

Ce n'était qu'une bataille pour la survie, mais les ombres avaient quitté son âme. Transpercées par un regard d'enfant, elles avaient reculé jusqu'à l'abîme dont elles étaient sorties. Et le souvenir fantôme d'Halteko montait la garde pour les empêcher de revenir.

Des années plus tard, des métis échappés lui avaient raconté le terrible massacre des cavaliers gris et la prise de leur territoire par les Teneus. Yengo avait pleuré ses amis, pleuré le passé. Puis, les fugitifs avaient poursuivi leur route.