Elements Tome 2 : L'Echo du Passé

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Ces instants sont vifs et déterminants, songea l'Esprit. Vifs, déterminants et simultanés.

Volage, son attention se focalisa sur le groupe de Quêteurs se rapprochant avec une gaieté forcée du palais à la silhouette inquiétante et sombre. Se rapprochant de leurs amis. Se rapprochant d'une vérité mortelle et insaisissable.

Ses yeux fantômes se posèrent avec nonchalance sur la jeune femme à l'armure dorée qui progressait à une vitesse foudroyante parmi les arbres moussus de la Forêt Vierge. Se rapprochant, elle aussi, de son but. Ou du moins de ce qu'elle croyait être son but.

Puis il tourna son regard vers ses Elues. Si fragiles et fortes à la fois. Accompagnées des Eternels, elles survolaient courageusement la mer agitée. Bientôt ils emprunteraient le passage, bientôt ils pénètreraient la brume du Néant qui était devenue sa prison.

Bientôt, mais pas tout de suite.

Un frisson d'impatience le secoua. Cela faisait bien trop longtemps que les choses traînaient. Et il lui faudrait attendre encore un peu avant d'atteindre son but.

Songeant avec perplexité à la dernière fois que ses mots avaient retenti dans sa conscience, l'Esprit eut un mouvement de recul. Faible, fantomatique, inexistant, il se fondit dans le Néant avec un soupir prolongé.

Bientôt.

Serela pouvait sentir son cœur battre à un rythme effréné dans sa poitrine. Son armure, lourde et inutile, ralentissait sa course et entravait ses mouvements. Une petite voix dans sa tête lui murmura bien de l'enlever, mais la jeune guerrière serra les dents et secoua la tête.

Peut-être parce qu'au fond, cette voix ressemblait beaucoup trop à celle d'Halteko.

— Le journal ! Merci, monsieur le facteur.

Si Halteko avait pu soupirer, il l'aurait fait. Et il aurait sûrement accompagné cette manifestation d'ennui d'un roulement d'yeux excessifs. Il n'avait aucune notion du temps, mais il lui semblait que cela faisait des siècles qu'il était coincé entre Primordia et Roger.

— Oh, une mauvaise tempête. Vraiment, ce n'est pas de chance...

Si la météo était la seule chose à propos de laquelle s'inquiéter, songea cyniquement Halteko, alors tout allait bien...

— En même temps, le triangle des Bermudes est un drôle d'endroit. Ah ça pour sûr !

Halteko se figea mentalement.

Cela ne pouvait pas être une coïncidence... Le cavalier gris ne croyait pas au hasard.

Pourtant, il ne ressentait aucune douleur. Son corps devait donc être en sécurité. Or, le passage était douloureux, les gamins ne pouvaient donc pas être en train de regagner la Terre ?

Sauf si...

Non. Non, ils n'auraient pas fait ça...

Serela jura et commença à défaire les liens qui retenaient son plastron doré. Soupirant de soulagement, elle le laissa tomber par terre et fit de même avec ses jambières. Elle noua ses indociles boucles cuivrées en un chignon, ses lèvres serrés en une mince ligne.

Ne pas penser à la symbolique de ce geste.