Chapitre 13

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Yamaguchi se réveilla au milieu de la nuit, le corps endolori par les coups qu'il avait reçu la veille. Sa mâchoire le dérangeait et l'empêchait de dormir correctement. Il avait mal partout. Aussi bien physiquement que mentalement. Les morceaux qui commençaient à se recoller petit à petit venaient de se briser à nouveau à partir d'un simple coup de pied.

Il sortit de la petite pièce qui lui servait de chambre et se dirigea vers la cuisine à la recherche de glace dans le micro-congélateur intégré au frigo. Il en avait besoin pour calmer sa douleur.

Il trouva donc des glaçons et les mit dans un vieux torchon posé sur la table à ses côtés puis appuya le tout contre sa joue dans l'espoir de calmer un tant soit peu ses maux.

Il n'avait pas ressenti ces picotements depuis un bon moment et ils ne lui avaient pas franchement manqué. Il aurait aimé retourner chez Tsukishima mais il ne pouvait pas se le permettre.   

Il alla ensuite dans la petite salle d'eau, collée à la chambre de sa colocataire. L'endroit était en désordre, une tonne de produit de beauté étaient entreposés sur les étagères ou jonchaient à même le sol comme des déchets abandonnés. Il se regarda ensuite dans le miroir, plein de trace de doigts et de maquillage, où il aperçut son visage pour la première fois depuis qu'il était rentré.  

De larges cernes violacées entouraient ses yeux rouges d'avoir versés tant de larmes, son teint était pale comme s'il n'avait jamais vu le soleil de sa vie et pour finir, sa joue semblait enflée à cause du choc d'un peu plus tôt. 

Il accentua la pression du torchon glacée contre sa joue ce qui lui fit serrer les dents et fermer un œil à cause de la douleur.

Mais il s'en fichait.

Il n'avait à l'heure actuelle qu'une seule personne en tête.

Tsukishima.

Et il s'en voulait un peu pour ça, d'ailleurs.

Ses amis de Karasuno avaient toujours était là pour lui, pour le soutenir. En particulier Sugawara et Yachi qui avaient voulu l'aider dans les moments les plus difficiles. Et pourtant il n'arrivait qu'à penser à une seule et unique personne : un grand, blond à lunettes, un peu arrogant voir médisant parfois mais incroyablement gentil au fond, passionné de vieux films et de dinosaures, obsédé de musique et vouant une haine profonde envers le soleil et sa chaleur. Voilà la personne qui occupait son esprit.

Yamaguchi s'était souvent dit -et se disait encore- qu'il ne méritait pas d'avoir côtoyé un tel être humain. Si classe, si impressionnant. Quelqu'un qui n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait, quelqu'un de franc. Quelqu'un qui avait tout ce qu'il aimerait avoir. Il se savait peu objectif, bien évidemment, mais tout de même, qu'est-ce qu'il aurait apprécié n'avoir qu'un centième de la classe de celui qu'il osait encore appeler son ami.

Il ne savait plus s'il pouvait toujours le qualifier comme tel. Après tout, il s'était enfui. Et puis, Kei l'avait-il même un jour considéré ainsi ? Il ne pourrait le dire. Mais il préfèrerait que la réponse soit négative. Cela lui aurait donné une raison de plus d'être parti du jour au lendemain.

Il retourna se coucher, il était épuisé et avait encore besoin de sommeil bien que, demain, il ne retournerait pas en cours. Il ne comptait plus y retourner du tout. Fuir était sa meilleur option bien qu'il ne loge qu'à une petite dizaine de minutes de chez Tsukishima. A n'importe quel moment il pouvait le croiser dans la rue ou même ailleurs, cela leur était déjà arrivé par le passé. Ils s'étaient rencontrés à la bibliothèque et avaient sympathisé après coup.

Il ne fallait pas que cela recommence. Il ne devait plus le revoir. Ni lui, ni tous ses autres camarades. Malgré la superficie immense de la ville d'Osaka, la probabilité qu'ils se croisent restait tout de même présente.

-Du haut d'un balcon- [Tsukkiyama]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant