23. Préparatifs

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Point de vue d'Isabella :

— C'est envoyé ! m'exclamai-je joyeusement après avoir appuyé sur le bouton.

— Hum ? fit-il distraitement.

Je roulai des yeux.

— Lâche ce téléphone, Christopher ! me fâchai-je.

— Quoi ? Oh, désolé... Tu disais ?

Je croisai les bras sous ma poitrine et détournai le regard. Bien sûr, j'appréciais sa présence constante à mes côtés, mais parfois, j'avais l'impression qu'il était là sans vraiment l'être, qu'il n'écoutait pas vraiment ce que je disais !

— Bébé... Je suis désolé, j'étais en train de répondre à mes mails, s'excusa-t-il.

Allongé à côté de moi, il posa sa main sur mon ventre, le caressant doucement. Il savait que ce geste me touchait profondément, et il en profitait. Je ne pouvais pas lui en vouloir, même si j'essayais. Je relevai mes yeux plissés vers lui, et son sourire me fit fondre.

— J'aimais mieux quand tu te fichais du travail.

— Tu ne penses pas ce que tu dis. Tu as juste le seum parce que le boulot te manque...

Chris avait arrêté d'aller à la société depuis mon malaise, et à la place, il bosse depuis la maison. Du coup, on passait nos journées au lit ; lui sur son ordinateur à travailler ou sur son téléphone à passer des coups de fils interminable et à répondre à ses mails, et moi, à mater la télé et à lire des bouquins.

Entre nous deux, c'était moi qui me faisais le plus chier. Il faisait si beau dehors, j'avais envire de sortir, de me promener, de profiter du soleil et me baigner dans la piscine... Mais j'avais interdiction de bouger de ce lit.

Pour me doucher, Chris m'accompagnait. Pour descendre en bas - de temps en temps - il me portait dans ses bras en prétendant que je n'étais pas si lourde que ça, mais je devinais à ses grimaces qu'il n'était pas tout à fait sincère.

J'avais pris dix-sept kilos jusqu'à présent. Impressionnant oui, j'étais devenue une baleine ! J'avais peur de ne pas réussir à perdre tout ce poids après l'accouchement. J'appréhendais de ne pas retrouver mon ventre plat, mes hanches et mes cuisses d'avant. Je redoutais que mes anciens complexes ne refassent surface après toutes ces années.

Mais la seule chose qui me donnait espoir, c'était mes bébés ; après tout, mon corps était le sacrifice ultime pour qu'ils grandissent sainement. Et Chris, qui malgré tous mes petits défauts physiques, n'avait pas cessé de me regarder avec amour. Il m'aimait inconditionnellement, et je me considérais comme la future maman la plus chanceuse.

— Tiens, garde-le, me tendit-il son téléphone. Comme ça, je ne serais plus tenté de le consulter.

— Arrête, c'est nul, je ne peux pas prendre ton portable !

— C'est moi qui te le donne.

Voyant que je refusais, il se redressa pour le poser lui-même sur ma table de chevet, le mettant hors de sa portée, puis revint s'allonger à mes côtés, de profil, sa joue collée à l'oreiller et ses cheveux retombant sur son front. Incapable de résister, je passai mes doigts dedans et il soupira de bien-être.

— Alors, qu'est-ce que tu faisais ? me demanda-t-il.

Il pointa mon ordinateur portable posé sur mes cuisses et je me tournai vers mon écran.

— J'ai envoyé la liste de naissance à nos proches.

— Oh... Déjà ?

— Oui, et j'ai avancé mon rendez-vous à la maternité pour l'accouchement, on ne sait jamais...

Engendrement [Tome 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant