Chapitre 24 : Himéros

Depuis le début
                                    

L'habitacle se mit à trembler légèrement alors qu'une douce musique se diffusait en son sein. Je n'entendais plus rien venant de dehors. Une porte claqua et quelques secondes plus tard, je pus sentir le froid atteindre mon corps.

Mes yeux papillonnèrent un peu, le temps que je m'habitue à la faible lumière. Namjoon se tenait droit devant moi, Jin et Yoongi étaient juste derrière.

— Sors.

Je ne me fis pas prier. Si je quittais aussi vite cette cachette, ce n'était pas du tout parce que je craignais un nouveau duel entre moi et le bras droit du chef, mais bien parce que je rêvais de prendre un grand bol d'air frais.

Tant que j'arrivais à les en convaincre, c'était le principal.

— T'as désaoulé ?

— Ouais, ça va mieux.

Leurs yeux me scrutaient. Je me sentais comme un chien en cage, pris au piège et vulnérable. Plus je passais du temps avec eux et plus je me rendais compte à quel point, seul, je ne valais rien. Je n'étais ni plus ni moins qu'un être fragile et sans défense ; du moins lorsque j'étais en infériorité numérique.

La lune nous surplombait, brillant au milieu du ciel noir telle une luciole à la cime des arbres. L'air glacial se fit sentir quand une bourrasque de vent vint mettre en pagaille mes cheveux. Ceux de Jin ne bougèrent pas d'un millimètre, comme si ceux-ci n'étaient que de vulgaires tiges de métal, résistants à tout mouvement.

— On va rentrer, vous devriez faire pareil. La nuit porte conseil comme on dit.

Sans plus attendre, Namjoon passa à côté de moi et s'enferma à la place du conducteur avant d'être rapidement rejoint par son patron. Yoongi, lui, me tourna le dos et s'en alla vers sa propre auto, sans un mot.

Loin de moi l'envie de le faire attendre, alors je me mis à trottiner dans son sillage. L'idée que mon portable n'était plus en ma possession ne me quittait pas. J'avais deux options : faire comme si je n'avais rien remarqué et laisser le temps se charger du moment où il le découvrirait, ou jouer carte sur table et prendre le risque de débuter un affront sur le parking du manoir.

— Yoongi... On a un problème.

L'intéressé continua son chemin sans se retourner.

— Quoi ?

— Je...

Au loin, je vis la berline des Kim quitter les graviers et passer le grand portail en fer forgé.

— Je n'ai plus mon téléphone.

Sa main resta en suspens à quelques centimètres de la portière. Ses yeux étaient noirs, son regard glacial.

— Tu n'as plus ton téléphone ? répéta-t-il lentement.

— Je... Oui. Je m'en suis rendu compte dans le coffre quand j'ai essayé de te joindre.

Il ne pipa mot. D'un coup sec, il ouvrit la porte et s'assit dans la voiture. Pris de panique, j'ouvris rapidement la mienne et commençai à baragouiner toutes sortes de phrases.

— Non mais il est sûrement tombé dans la salle, ou alors je l'ai laissé à côté du bar. Je suis sûr qu'il y est, il faut aller le chercher. J'te jure, j'suis sûr qu'il est-

— Le manoir est vide, me coupa-t-il en mettant le contact.

— Non mais il est peut-être-

— Jimin, le manoir est vide. On vient de passer deux heures à l'inspecter, il n'y a pas de téléphone.

Arès meets HadèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant