[part 3] #1 Memento

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[Note de l'auteure] La partie 3 sera très courtes: deux textes plus long et un épilogue. Mais ce sera sans doute plus difficile, aussi.

TW: Deuil, dépression... Enfin, c'est ma version 60's du Dernier Problème (Pour ceux qui n'ont vu que la série de la BBC, vu que les noms portent confusion: dans les nouvelles originales, c'est l'équivalent des chutes de Reinchenbach)

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Au moment où j'écris ces lignes, l'été 1967 me semble déjà très loin. Nous sommes maintenant en 1973, et je porte doublement le veuvage: Celui de ma chère épouse Mary, que j'avais rencontré en 1969, et celui de mon très cher ami Sherlock Holmes, qui, dans une autre époque, serait peut-être appelé mon époux.

Il me semble nécessaire d'expliquer un peu ce qui s'est passé dans l'intervalle, sans m'attarder inutilement, et comment mon destin a pu se retrouver jalonné de tant de malheurs. Je porte la responsabilité de certains, mais pas de tous. J'espère quoi qu'il en soit que vous poserez des yeux indulgents sur ces quelques lignes.

J'avais expliqué que cet été-là, mon ami s'était sevré de ses drogues. Malheureusement, cela ne dura pas si longtemps, et je le surpris rapidement à revenir à son vice. Pouvais-je le blâmer? Je savais que ce serait difficile, et je savais que les démons et les douleurs qui l'assaillaient l'avaient rendu fragile aux tentations, et je peux même juré qu'il a été l'homme le plus fort que j'ai jamais rencontré pour traverser l'existence malgré tout.

Nous nous aimions alors, mais de manière bien innocente. J'avais probablement vu juste en pensant que Holmes ne souhaiterais jamais porter notre relation au plan physique, et pourtant, j'en souffrais, mais pas comme vous pouvez l'imaginer. Ce n'était pas de la frustration, mais d'observer son chagrin qui me hantait.

Les enquêtes se suivaient toujours, et les lecteurs ont été heureux d'en entendre parler ces dernières années, puisque sa mort ne m'a pas empêché de les écrire. Au contraire, je cherchais cet acte par lequel je rendais mon ami immortel, tout comme Hadrien avait voulu nous faire connaître sa dévotion éternelle à Antinoüs en le divinisant.

Je sais que je n'avais rien d'un homme auguste, mais comment ne pouvais-je pas me sentir lié à l'Empereur sage, dont le chagrin pour son jeune amant noyé dans les eaux du Nil fut si dévastateur que leurs noms sont toujours indissociables près de deux millénaire après eux? Parlera-t-on toujours de mon ami, ce si bon Sherlock Holmes, noyé dans ce gouffre sinistre des montagnes suisses, pour se souvenir que je l'ai aimé?

Ce texte sera le dernier que je lui dédierai, et il ne sera certainement pas publié de mon vivant. Je ne souhaite pas que l'on me rappelle chaque jour à quel point je suis éploré, et que l'on me reproche d'avoir aimé deux personnes en même temps, car je doute que quiconque puisse avoir assez de cœur pour comprendre mes sentiments. Ce sont là des reproches que j'ai suffisamment l'habitude de me faire à moi-même.

Cela faisait presque deux ans que nous étions devenus des amoureux chastes, et bien qu'il me jurait régulièrement bientôt prêt, je savais que cela n'arriverait pas, et je n'attendais plus rien à ce niveau-là. Nous ne serons jamais amants, et j'étais d'accord avec cela. Mais j'avais beau lui dire que cela me convenait, il continuerait à penser que cela me chagrinait.

Combiné à ses tristes humeurs et les douleurs qu'il refusait toujours de me décrire, il essayait de plus en plus de substance, pensant peut-être trouver le courage dans l'une d'elle.

Lors de l'une de ses expérimentations, il avait peut-être trouvé ce qu'il cherchait, vu la manière dont il avait agi sous l'influence de l'un de ses immondes cachet. Vu qu'il n'en gardait aucun souvenir, je me suis béni de ne pas avoir profité de son euphorie.

I only kiss your ShadowWhere stories live. Discover now