Chapitre 21

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Ils atterrirent dans une zone désertique, où le sol semblait sec et totalement dépourvu du moindre signe de vie.

Sakura, déboussolée par le voyage qui avait été quelque peu chaotique, dû s'asseoir à même le sol le temps de calmer son tournis. Jane n'en menait pas large, le visage bien plus pâle que d'habitude, tenant son fils qui sanglotait contre son cœur, et Rabeon et Anastasia durent reprendre leur souffle.

Seule Esnya paraissait aller bien.

«Excusez-moi... Ce doit être la distance qui fait cet effet, cela ne faisait pas ça quand on s'entraînait dans le Dôme? Demanda-t-elle, inquiète.

- Ne t'inquiète pas, tu as raison, ce doit être la distance, la rassura Sakura. Bon, on explore?»

Rabeon hocha la tête, excité par la perspective d'être tout proche du but.

Le groupe regarda ce qui pouvait ressembler à une entrée de camp. Le seul endroit qui pouvait y ressembler était l'ancienne mine où se trouvaient de nombreux tunnels, pour la plupart effondrés. Sakura songea que cela ferait une entrée discrète et peu repérable, en plus du fait que des assaillants ou des voyageurs pourraient se perdre dans les tunnels. De toute façon, au vu de paysage désertique qui les entourait, ils n'avaient pas beaucoup d'autre options.

«On va vers la mine? Demanda la japonaise. C'est ce qui paraît le plus logique.

Tous hochèrent la tête. Elle ajouta:

- Ça ira Jane, avec le petit?

- Oui, ne t'inquiète pas, ce système est plutôt confortable.»

Esnya avait enroulé Day dans une large bande de tissu et l'avait attaché contre le ventre de sa mère, afin que celle-ci soit le moins possible entravé dans ses mouvements.

«Bienvenue», intervint une voix masculine qui venait de derrière le groupe.

Les cinq amis se retournèrent, surpris. Ils se retrouvèrent face à un homme d'une quarantaine d'années à la peau mate, vêtu d'un ensemble en lin. Son tee-shirt violet était orné de broderies bleues, et son pantalon était en toile beige, simple. Musclé et rasé à la militaire, sa sévérité rehaussée par ses yeux or, il était réellement impressionnant. De plus, il venait d'apparaître de nulle part, car tous étaient persuadés de ne pas l'avoir vu approcher.

«Je suis Nathaniel, ou Nate comme vous le voulez, reprit-il devant le manque de réaction de ses interlocuteurs. Vous devez être les fugitifs de Paris.

Jane, serrant son fils contre elle un peu plus fort, confirma d'unsigne de tête. Elle se mordillait la lèvre tant elle était nerveuse.

- Bien. Je suis le sous-chef de Zelenyy. Nous ne vous avons pas conduits directement dans notre camp pour des raisons évidentes.

- Nous sommes des personnes de confiance, s'enhardit Rabeon en se redressant de tout sa taille.

- Je n'en doute pas mon jeune ami. Mais des personnes autour de vous... Ne sait-on jamais. La sécurité avant tout.

- Que devons nous faire pour prouver notre fiabilité? Demanda Sakura d'une voix qui se voulait à la fois rassurante et sûre.

- Vous allez être aveuglés jusqu'à ce que nous arrivions au camp, puis nous allons vous donner d'autres habits pour vérifier s'il n'y avait aucun mouchard dans les vôtres. Vous aurez deux ou trois jours pour vous habituer à la vie de Zelenyy, puis le chef vous donnera vos premières missions.»

Sakura regarda ses amis. Tous semblaient à l'aise avec le concept, mais la japonaise se demandait en quoi allaient pouvoir consister ces fameuses 'missions'. Allaient-ils être séparés, où bien mis en équipe avec des personnes déjà sur place? De nouveau, une foule de questions se bousculaient dans sa tête.

De toute façon, ils n'avaient pas le choix. Tous les cinq se laissèrent poser un bandeau noir et opaque sur les yeux. Nathaniel accepta de ne pas couvrir le visage de Day, à condition que sa mère lui mette la main devant les yeux, ce que Sakura trouva exagéré. Ce n'était qu'un bébé, et, après tout, il ne risquait pas de répéter grand-chose.

À tâtons, une main sur l'épaule de la personne de devant, Nate les fit tourner en cercle deux fois afin de les désorienter, avant de les mener enfin vers Zelenyy.

En chemin, Esnya demanda:

«Il y a plusieurs nationalités dans le camp Nathaniel?

- Oui bien sur, répondit-il.

- Mais... comment allons-nous faire pour communiquer?

La question était légitime.

- Nous avons ce qu'on appelle un polyglotte. Il parle presque toutes les langues du monde grâce à son don, ce qui estplutôt utile. Un de nos télépathes s'est rendu compte qu'il pouvait absorber ces connaissances et donc maîtriser tous ces dialectes, expliqua-t-il. Comme il a pu absorber ces connaissances, il a essayé de les implanter dans l'esprit d'une autre personne. Et cela a fonctionné, du coup, nous avons répété l'opération, et tout le monde connaît toutes les langues. Parlez en n'importe quel dialecte, on devrait normalement vous comprendre. De plus, nous somme en train de développer notre propre langue, le palamorien, pour reprendre le terme par lequel nous sommes désignés, pour pouvoir communiquer en cas de besoin.

- C'est génial! Vous nous l'apprendrez. s'exclama la guinéenne.

Pendant que Nathaniel hochait la tête, le frère de la jeune femme paraissait bien moins emballé par l'idée de tous comprendre toutes les langues et en fit part au groupe:

- Oui, comme ça ce polyglotte se sent bien inutile, maintenant que son Don est devenu monnaie courante, ronchonna-t-il.

- Il est considéré comme un des membres les plus importants de notre communauté. Sans lui, nous ne pourrions pas communiquer, et notre micro-société aurait sombré depuis longtemps dans le chaos, ou pire, elle pourrait même ne plus exister, le reprit sèchement Nathaniel.

Rabeon continua de grommeler à la fin de la file indienne, quand soudain il laissa échapper un grognement étouffé.

- Tout va bien? Demanda Esnya, qui sentit la main de son frère quitter son épaule.

- Oui, j'ai trébuché, c'est tout. Le sol est irrégulier.»

S'ensuivit un silence tendu. Sakura commença à s'impatienter au fur et à mesure que le groupe s'enfonçait sous terre. L'air devenait plus frais, et une senteur de sous-bois humide emplissait ses narines. Ce fut surtout l'humidité qui surprit la jeune femme, car ils se trouvaient malgré tout sous un immense désert dans lequel il ne semblait pas y avoir d'eau à des kilomètres à la ronde.

Au bout de cinq bonnes minutes de marche dans le silence et sur un chemin cahoteux, ils s'arrêtèrent enfin. Ils entrèrent dans une salle et purent finalement retirer leurs bandeaux.La salle était très lumineuse, ce qui fit papillonner les paupières des cinq amis et ronchonner Day.

Entourée de murs en béton armé, la pièce ressemblait à un bunker. De chaque côté de la porte d'entrée et de sortie se trouvaient deux bancs, sur lesquels étaient posés cinq piles de vêtements et un tas de lange.

«Changez-vous et déposez vos anciens habits dans la trappe que vous trouverez en sortant», leur indiqua Nate avant de sortir de la salle en fermant la porte derrière lui dans un claquement sourd.

La gêne s'installa dans la pièce. Ils allaient donc devoir se changer les uns devant les autres. Tous très gênés, ils se mirent chacun face à une pile de vêtement, regardant le mur sans se retourner.

Anastasia apprécia très peu le style vestimentaire imposé. Sa tenue était composée d'un caleçon en toile blanche, ainsi que d'un pantalon et d'un tee shirt en toile de lin beige, comme les vêtements de Nathaniel. Le tissu, malgré le fait qu'il soit léger et ne tienne pas trop chaud, était rêche et désagréable au toucher. La Domière se demanda si les habitants de Zelenyy faisaient eux même leurs habits, et se promit que si c'était le cas, elle ferait en sorte de les aider à adoucir le tissu.

Lorsqu'elle fut changée, elle se retourna vers ses compagnons et vit qu'ils étaient tous affublés de la même manière.

Ils sortirent de la salle et quand ils virent la trappe dont parlait Nathaniel, ils y jetèrent leurs vieux vêtements. Anastasia le fit avec regret, en passant en dernière.

Et ils entrèrent enfin dans Zelenyy.

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