Chapitre 3

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«Arrêtez je vous en prie...» gémit une femme à genoux, le visage caché entre ses mains. Son corps, vêtu d'une robe d'hôpital bleu-vert qui s'attachait dans le dos, était secoué de sanglots. À côté d'elle, grand et sec, se tenait un homme accoutré d'un masque, de gants et d'une blouse blanche. Il semblait interagir avec un autre homme, habillé de la même manière, qui se tenait de l'autre côté d'une grande vitre, un nourrisson dans les bras.

«Tais-toi, on vient juste de te l'enlever ton gosse»,asséna l'homme qui semblait être un médecin.

Son collège déposa le bébé sur une table d'opération, qui brillait d'un éclat froid dans la lumière blanche. Choqué par ce contact désagréable, l'enfant se mit à pleurer en battant des bras et des jambes. Sa mère tenta de se détourner et mit ses mains sur ses oreilles pour ne pas entendre les pleurs de son bébé, mais le médecin l'attrapa et la fit regarder de force son fils tout en lui susurrant:

«Regarde-le, ton gamin, c'est un monstre, une erreur de la nature! Infecté avant même d'être né... Vas-y Walt, commence les tests», lança-t-il à l'intention de son collègue. Sa voix était froide et métallique, comme si rien, à part la jeune femme et le nourrisson, n'était pourvu de sentiments humain.

Le dénommé Walt sortit donc de sa mallette noire une seringue remplit d'un liquide jaunâtre, qu'il injecta dans le bras de l'enfant, qui cessa de se débattre petit à petit. Le liquide semblait être un puissant somnifère, et la dose inoculée à un si petit être semblait excessive. Lorsqu'il eut totalement agi, l'homme se saisit d'une seringue vide dans une main et d'un lien de caoutchouc dans l'autre, qu'il attacha autour du bras fragile mais potelé du bébé afin de procéder à une prise de sang.

La mère, terrifiée, sanglotait dos à la vitre, secouée de haut-le-cœur. Ses yeux rougis et gonflés laissaient à peine entrevoir ses iris dorés, et ses cheveux coupés court étaient noirs clairsemés de vert. Sa peau était si pâle qu'elle paraissait presque translucide, et la douleur transparaissait dans le moindre de ses traits.

Visiblement, la femme était enceinte au moment où elle avait été infectée, et avait ainsi transmis le virus à son enfant in utero.

Lorsque la femme eu enfin le courage de tourner le regard vers son fils, quelques minutes plus tard, le «médecin» tenait dans sa main une demi-douzaine de fioles remplies d'un liquide rouge, sans doute le sang du nourrisson. La mère pâli soudain, semblant sur le point de s'évanouir devant la vision de son enfant inerte et des fioles de sang.

L'examen étrange terminé, le médecin posa le bébé dans les bras de sa mère et deux soldats portant des masques maintinrent sans ménagement la femme afin de la ramener dans sa «chambre».

Celle-ci, qui ressemblait plus à une cellule qu'à une véritable chambre, était meublée d'un unique lit, constitué d'un matelas très fin et déchiré posé sur un simple planche de bois. Dans un coin reposait une pile de linges et un strict nécessaire pour prendre soin du bébé et pour le garder en vie. Les murs étaient recouverts d'une couche de plâtre qui s'effritait par endroits. L'air de la pièce était chaud, lourd et presque irrespirable.

Les soldats jetèrent la femme à terre avec un morceau de pain rance, et l'enfant dans ses bras se mit à pleurer.

Après le départ des deux hommes, la pauvre prisonnière se mit à sangloter doucement en berçant son fils dans ses bras tremblants avant de l'emmailloter dans plusieurs tissus abîmés qu'elle avait laissés sur le lit, durement obtenus après avoir supplié les gardes.

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