La personne qui avait laissé traîner : mégot, boîtes de pizza et bouteilles de bière, dans tous les endroits possibles et imaginables de la chambre que je devais nettoyer, sauf dans la putain de poubelle, pouvait bien aller se faire foutre.
Profondément (je ramassais un préservatif usagé qui pendouillait sur la lampe de chevet) si ce n'était pas déjà fait.

Je fis un nœud à la capote et la glissais dans une poche de mon tablier.

Sac plastique en mains, je commençais mon tour de la chambre, à vider les fonds de bouteilles dans l'évier et attraper les mégots de cigarette sous le lit, tout en évitant de poser les pieds sur les préservatifs abandonnés qui transformaient le sol en un champ de mine.

Je pliais un carton de pizza quand on ouvrit la porte de la chambre.

– Aram, la 109 te demande, m'informa Jasmine qui avait passé sa tête mauve dans l'ouverture de la porte.

Je me redressais en retirant mes gants.

– J'arrive !

Devant la chambre, Jasmine et Angélique m'attendaient.
Elles avaient sans doute tout juste terminer la 89, car leurs chariots étaient chargés de sacs plastique et draps usagés, d'où s'échappait l'odeur rance du vomi et des excréments.

Angélique, une étudiante du même âge que moi, qui travaillait dans ce trou à rat pour payer ses études, pris la parole à la vue de ma mine dégoûtée :

– Une partie de plaisir, elle leva les pouces avec un faux sourire plein d'ironie.

Jasmine me remit les clefs de la 109, à laquelle elle avait sûrement dû être assignée au premier abord.
Mais le client était roi, et s'il préférait que tel employé nettoie sa chambre, personne n'avait rien à y redire.

– C'est encore l'homme d'affaires, il doit apprécier ton travail, s'extasiait la naïve Angélique.

Jasmine était moins cruche, et me lança un regard en biais alors que les deux jeunes femmes s'éloignaient avec leurs chariots.

Je remis le nettoyage de la chambre que j'avais commencé à plus tard, et dirigeais mon chariot vers la chambre où on m'avait appelé.

Devant la porte de la 109, je pris un moment pour inspecter mon uniforme.
Sous mon tablier, le bermuda que j'avais eu le droit de porter depuis le début de l'été, était un point en plus.
Je délestais un peu ma blouse de travail, sensée être rentrée dans mon bas, de façon à ce qu'elle se soulève facilement à chaque mouvement, et en déboutonnais le premier bouton.

Fin prêt, je toquais à la porte.

– Service de chambre, m'annonçais-je avant d'entrer.

La chambre était relativement propre, mais lorsque le client restait plus d'une nuit, on s'assurait juste de rafraîchir un peu et préparer le lit pour l'autre nuit. Généralement, lorsque le client s'absentait, afin de ne pas le déranger.

Mais le 109 n'avait pas quitté sa chambre.

Dans un coin sombres de la pièce, le client, un homme d'une trentaine d'années toujours bien habillé, était assis sur un fauteuil.
Son visage brouillé par un nuage de fumée venant de sa cigarette.
Il "semblait" ne porter aucune attention à ma personne.

Je le saluais, puis commençais mon travail.

Je n'ouvrais pas la fenêtre, il n'aimait pas ça.

Je commençais par refaire le lit.
Penché dessus pour lisser les plis, je m'allongeais presque sur les draps pour frotter ma blouse de travail qui s'ouvrit plus largement sur mon torse, dévoilant plus de peau que nécessaire.

Le résident de la 109 était un habitué.
Certainement un homme d'affaires souvent en déplacement en ville pour son travail. Il logeait ici une fois par semaine, pendant deux nuits, et réservait toujours la même chambre.

Et l'homme était généreux dans ses pourboires.
Il y avait comme une sorte d'accord tacite entre lui et moi.
Je me penchais plus que nécessaire en faisant mes tâches, prenais plus de temps à dépoussiérer les meubles et astiquer les toilettes, oubliais de fermer quelques boutons ; et quelques billets de plus s'ajoutaient au pourboire.

En me tenant sur la pointe des pieds pour passer un coup de chiffon au-dessus de l'armoire, je pouvais sentir ma blouse sortir de mon short (comme je l'avais prévu), et deviner le regard de l'homme sur mes reins à découvert.

Je terminais la chambre en vidant les poubelles, m'accroupissant pour ramasser quelque papiers qui avaient "manqué" leur atterrissage dans la corbeille.

Cette position, accroupie, les jambes écartées, le tissu rêche de mon bermuda s'étirant pour mouler mes fesses, devait être l'un des petits plaisirs favoris de monsieur 109, puisque je ramassais de plus en plus de papier "égaré" ces derniers temps.

Je souris discrètement et me lécha les lèvres.
Visons pour un gros billet aujourd'hui.

Armé d'une petite pelle et d'une balayette, je rampais carrément à ses pieds pour ramasser la cendre de sa cigarette. Et je sentis, jusqu'au creux de ma nuque, la tension grimper d'un cran alors que je prenais mon temps entre ses jambes ouvertes.

Un coup d'œil entre les mèches tombantes de ma frange, me confirmait que l'homme était parfaitement concentré sur moi.

Avec ça, c'est sûr qu'il avait de quoi fantasmer toute la nuit.

Mon ménage achevé, je quittais la chambre en souhaitant une bonne nuit au client, un billet de 50 dans la poche.

Avec ses costumes de bonne fabrique et ses chaussures cirées, ce pervers était clairement plein aux as ; à se demander pourquoi il ne se payait pas une chambre dans un meilleur hôtel que notre taudis, où seul les prostitués venaient faire leurs passes.
Peut-être travaillait-il dans un secteur illégal lui aussi.

Je l'imaginais bien à la tête d'une organisation criminelle.

– Tu vends ton cul ou quoi ?

Je sursautais.
Jasmine, les bras croisés, me toisait, appuyée contre le mur d'en face.

– Je vends rien du tout, et même si c'était le cas ce s'rait pas tes oignons, crachais-je, honteux de m'être fait prendre.

Son regard glissa sur ma blouse sortie de mon short, puis remonta au col déboutonné, que je reboutonnais rapidement.

Nous nous jaugeâmes un instant, puis elle haussa finalement les épaules et s'en alla.

Ma mâchoire se contracta.
Je ne faisais rien de mal. Je n'étais pas comme ces putes de trottoir qui vendaient leur cul dans nos chambres. Je ne faisais que me mettre en valeur pour un plus gros pourboire, c'est tout.
C'est pas comme si je couchais.

Mais dans ma poche, le billet de cinquante avait soudain l'air plus sale que la capote usagée dans mon autre poche.












The worm in the wolf's belly [MxM]Nơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ