Chapitre 02

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À califourchon sur une chaise du vestiaire des femmes de chambre, je me rongeais les ongles en consultant le planning de la semaine, accroché au mur face à moi, à la recherche d'un trou où je pourrais caser un nouveau job.

Assise à côté de moi, Jasmine, ma collègue aux cheveux violets, jouait à un jeu sur son téléphone.
Le bruit de ses faux ongles tapant l'écran, me distrayant des craquements saccadés du lit de la chambre 134, au-dessus de nous, ou les clients s'adonnaient à des "activités sportives".
Probablement illégales, au vu de la réputation sulfureuse de notre hôtel.

– Arrête de ronger tes ongles, on me reprit à l'ordre.

Je sortis mes doigts de ma bouche et avisais Léa, qui entrait dans la pièce avec un chariot de draps sales.

– C'est pas tes ongles que je ronge à ce que je sache, contrecarrais-je le petit bout de femme qui se prenaient pour la grande sœur de tout le monde ici, malgré sa taille de nain de jardin.

Jasmine pouffa.

– Je viens d'avoir l'image dans la tête, se justifia-t-elle, ses yeux ne quittant pas l'écran de son téléphone.

Léa leva les yeux au ciel, avec quand même un sourire aux lèvres, signe qu'elle avait maintenant, elle aussi, l'image de moi lui rongeant les ongles dans la tête.

Léa était une gentille fille à la peau cacao et au sourire facile, qui avait tout de suite pris sous son aile de mère poule, le petit poussin que j'étais quand j'avais commencé à travailler ici la première fois.

– Tes ongles vont finir par tomber si tu continues à les ronger comme ça, tenta-t-elle de me faire peur.

Elle rangea son chariot dans l'office attenante au vestiaire, et revint vers moi pour prendre mon visage entre ses mains. Traçant du doigt le pansement sur ma mâchoire.

– Mon skate à perdu une roue, j'me suis viandé, baratinais-je avec un signe de tête vers le skate qui dépassait de mon sac à dos, au coin de la pièce.

J'avais préalablement dévissé l'une des roues, pour me rendre plus crédible devant les yeux de faucon de Léa.

– Ces trucs-là son dangereux, s'indigna la jeune femme en claquant la langue, tu as mal quelque part ? tu veux que je fasse ta part aujourd'hui ?

Je m'ébrouais pour dégager mon visage de son étreinte, et me mis debout tout en sautillant sur place pour signifier que j'allais bien.

– J'ai rien, mais si tu insistes pour faire ma part... fis-je espiègle, haussant les épaules.

Je reçus une tape sur les fesses.

– Si tu as autant d'énergie pour faire l'idiot, va aider Angélique dans la 89, le mec qui à dormi là-bas est un vrai porc.

Je râlais, et Jasmine, qui n'avait, visiblement, rien de mieux à faire, rit de nouveau.

– Jasmine est libre et pleine d'énergie, caquetais-je rapidement, tout en récupérant un chariot de nettoyage dans l'office, moi j'ai un planning chargé aujourd'hui.

Jasmine se décrocha enfin de son téléphone pour me faire les gros yeux.

Mais je n'attendis pas que des rayons lasers mortels en sorte, pour prendre la fuite dans les couloirs de l'hôtel.

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Valet de chambre ne voulait pas dire "esclave à porté de main".
Il semblait que certaine personne avait du mal à intégrer ce concept.

The worm in the wolf's belly [MxM]Where stories live. Discover now