J'arrive, je pose la patte de gazelle juste sous son nez.

- Mange, c'est moi qui invite.

Mais il ne mange pas. À la place, il parle :

- Pourquoi tu fais ça ? Tu n'es pas obligée.

- Je suppose que je ne pouvais pas laisser un lion qui semble avoir mon âge dans cet état. Ce n'était même pas envisageable.

Je dis ça en m'asseyant.

- Mange, ce n'est pas empoisonné.

Cette fois, il ne se fait pas prier, et dévore littéralement ce que je lui ai apporté.

- Par contre, c'est payant.

Il relève la tête, appeuré.

- Je savais que c'était un piège.

- Je veux juste savoir ce que tu fais ici, et dans cet état, mais fini de manger d'abord.

Il se remet à manger, plus doucement, rassuré.

Il faudrait que j'apprenne à chasser, je suppose qu'il ne sait pas le faire, autrement il ne serait pas dans cet état. Et puis, en général, ce sont les femelles qui chassent, jamais les mâles. Je lui apprendrai quand même, il doit savoir se débrouiller lui-même. J'espère juste que ce n'est pas trop compliqué, de chasser. Pour l'instant, il ne dois pas fournir trop d'efforts, dans son état, ça peu être mortel, surtout compte-tenu des températures de saison.

Une fois son festin achevé, je lui demande de me suivre.

- Pourquoi ?

- Tu dois te reposer, à l'ombre. Je connais un endroit qui y reste  la plus grande partie de la journée, je vais t'y conduire. Tu y resteras. Je reviendrais demain avec de la nourriture. Je vais devoir retourner avec les miens, ils vont s'inquiéter. Tu me raconteras ton histoire une autre fois.

- Et si je ne veux pas te suivre ?

- Regardes-toi. Tu as vu dans quel état tu es ? Tu te crois sérieusement en position de ne pas m'écouter ?

Mon regard sévère fait qu'il n'ose pas répondre, aussi parce qu'il sait que j'ai raison. Nous commençons à marcher, à une bonne allure, car la température monte à une vitesse fulgurante. Et qu'il doit se reposer au plus vite. En chemin, nous arrivons à un lac. Je surveille ses arrières tandis qu'il se désaltère. Ça peut vite dégénérer, dans le coin.

Quelques instants plus tard, nous sommes en train de marcher à nouveau. Après encore quelques minutes, nous arrivons à destination, une petite tanière creusée juste en dessous d'un arbre imposant. Je le laisse s'installer tranquillement.

- Je vais devoir repartir, ça va aller ?

- Je pense, oui.

- Alors à demain.

Il hoche simplement la tête. Je me retournais quand je l'entends me souffler un 'merci'. Je souris et pars, le laissant seul avec ses pensées, qui ne doivent pas être super joyeuses.

Le jour suivant et tous les autres jours j'allais le voir, lui apporter à manger, et nous allions nous désaltérer au lac. Nous discutions peu. Juste des banalités. Je pense qu'au fond, il voulait que j'oublie notre contrat. Malheureusement pour lui, j'ai la mémoire longue.

Trois mois après notre rencontre, je suis allée le voir bien plus tôt que d'habitude, en début de soirée, au lieu de l'aube. Il a semblé surpris de me voir, mais pas dérangé. Je pense qu'il se sentait seul, même si il ne m'en a jamais parlé.

Imagines STRAYKIDSWhere stories live. Discover now