| Exercices d'écriture |
S'entraîner, s'inspirer, lire.
Ces exercices ont été donnés par ma professeure à la faculté, dans mon cours nommé "Atelier d'écriture".
Je vous les partage, car si certains écrivent depuis des années, d'autres débutent et pe...
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
___________________
consigne
▼
"Pour montrer votre volonté d'intégrer l'atelier, écrivez une lettre de motivation originale."
Forme libre
___________________
mon texte
▼
494 mots
Dans la clarté défaillante de la fin d'après-midi, un homme est assis à son bureau.
Le dos courbé et les yeux fatigués, il tient entre ses doigts un peu tremblants une feuille de papier jaunie. À côté de sa main droite, une vieille pochette en carton bleu, à la couleur délavée par le temps, repose au milieu d'une paperasse impressionnante.
L'homme a passé sa journée à faire du tri dans les tiroirs de son vieux bureau, et à présent il ne peut plus voir correctement les mots sans les lunettes qu'il a posées sur le bout de son nez, un peu plus tôt. Jeter, ou garder : le choix est censé être facile, mais cela fait des années qu'il entasse les documents. Impôts, prêt immobilier, diplômes de sa fille, contravention de voiture. Il a amassé tant de pochettes en carton, étiquetées au feutre noir, qu'ils ne peuvent décidément pas tout emporter avec eux.
Il émet un grommellement un peu effacé qui résonne légèrement dans la pièce vide, puis se gratte le menton. Il repose ses yeux sur la feuille.
Celle-ci, elle vient de la pochette bleue intitulée « faculté 2020-2021 ». Cela remonte à loin, et sur le moment il a peiné à se souvenir. La lumière de l'extérieur décline doucement, petit à petit, mais l'homme ne prend même pas le temps d'allumer une lumière, trop occupé par les mots hésitants qui se dessinent sur la page. À présent, sa mémoire lui revient toute entière, et cette écriture un peu brusque et serrée le fait doucement sourire.
En haut, au-dessus de deux lignes rouges tracées à la règle, un titre s'impose à son regard : « Lettre de motivation — cours atelier d'écriture ».
Il s'en souvient, en se concentrant un peu. Sa dernière année, pendant ce qu'on a plus tard appelé la Grande Pandémie. Une lettre de motivation qu'il avait écrite à la lumière de sa lampe, avec la fin de son stylo à bille.
L'homme passe son doigt sur le papier. Il plisse les yeux.
L'image du cours en lui-même s'échappe derrière ses paupières, et la seule chose qu'il vient à lui prend la forme de cette envie un peu retorse qui l'avait poussé à prendre son stylo pour faire parvenir son désir d'y participer. Dans sa jeunesse, avant les petites rides au coin des yeux et les mèches blanches dans ses cheveux noirs, il avait senti le bout de ses doigts frétiller face au mot « écriture » qui s'était imprimé en lui. Encore aujourd'hui, il peine à retenir les bords de ses lèvres qui insistent pour se relever en un sourire mélancolique.
Il hésite plusieurs secondes, et la pièce s'assombrit peu à peu. Le soleil disparaît derrière les immeubles, le clocher de la cathédrale annonce une heure ronde au loin, et finalement il range la feuille dans la pochette bleue.
L'homme la prend, puis la pose dans un carton. Au feutre noir, de grandes lettres annoncent « à garder ».
