❝Je te rejoindrais, mon amour...❞

𝐄𝐏𝐈𝐋𝐎𝐆𝐔𝐄 𝟐

Il pleuvait, comme la plupart du temps ces derniers jours. Le vent rafraichissait grandement les corps en ce jour d'été. Pourtant ce n'était pas commun en cette période. La fraicheur avait remplacé les températures élevées.

Harry avait vieilli. Des cheveux blancs, un peu partout, une barbe plus claire qu'auparavant, mais cela n'empêchait pas qu'il soit respecté au sein de sa brigade. Il travaillait dans la police depuis des années déjà, mais n'avait obtenu le poste de chef de brigade que depuis un an et demi. Enfin, sans aucun doute que le stress causé par ces affaires criminelles avait accéléré le rythme de décoloration de son cuir chevelu. Ginny avait bien tenté de lui faire faire une teinture, mais il avait refusé. Comme ça, juste pour le principe et parce qu'il n'en avait pas envie.

Il rentrait tard le soir, parfois pas du tout. Il n'était pas le meilleur des pères. Il n'était clairement pas le meilleur mari non plus, peut-être l'un des pires et encore moins un bon ami. Il n'était pas très présent, mais il les aimait très fort : ses enfants James, Lily, Drago et sa femme Ginny.

Harry avait mis moins de temps que ce qu'il ne pensait à reprendre une vie normale. Mais il n'avait jamais oublié, certainement pas. Son sourire, ses cheveux d'ange, ses blagues – drôles ou pas, sa beauté légendaire. Lui. Parfois, il se disait qu'il aurait dû attendre. Et puis il se résonnait : cela n'aurait pas été une vie. Alors, même si les contacts avec sa famille et ses amis étaient souvent très compliqués, qu'il y avait plus de conflits et de non-dits que de véritables contacts humains, Harry s'en contentait. Au fond, même s'il n'avait pas complètement digéré son grand amour, cette vie lui convenait.

Ginny gérait son foyer d'une main de maître. Elle n'était pas mère au foyer comme l'avait été sa propre mère. Non. Elle, elle était journaliste pour un périodique plutôt répandu. Elle gérait ses enfants aussi, et ses propres états d'âmes sans rechigner.

En fait, cette famille fonctionnait bizarrement, avec des disputes, des bagarres, des mots durs, mais surtout, un amour pur, caché, mais bien présent au fond de chaque cœur.

Tous les ans, depuis 15 ans, Harry se rendait sur une tombe bien précise. Dans la troisième allée, à droite, la quatrième. Elle était simple, faite de marbre. Un pot à fleur fanait sur le dessus, et tous les ans, à la même date, Harry venait déposer des narcisses blancs en hommage. Ce jour-là était le plus calme de toute l'année dans la grande demeure des Potter. Les enfants ne comprenaient pas pourquoi, ils ne savaient pas toute l'histoire.

Mais ils n'étaient pas stupides, ils voyaient bien que leur père était bien plus silencieux, le regard dans le vague et mélancolique. Ginny le laissait tranquille alors que tous les jours, elle lui demandait, ou reprochait, telle ou telle chose. Ce jour-là de l'année, il n'y avait aucuns cris, et aucune dispute n'était tolérée. Plus tard, ils n'apprendront rien de cette époque, seulement quelques brides en tirant les verres du nez aux amis de Harry et Ginny, mais pas plus.

Mais petit à petit, au fil des années, Harry s'était rendu compte qu'il s'ennuyait. Dans son métier, dans sa vie. Il ne faisait rien de nouveau, ne voyait personne à part sa famille, et il n'en pouvait plus. Toujours la même routine. Se réveiller, des cris de tous les côtés avec ses enfants, aller au travail, remplir des dossiers épuisants, des cris d'urgence et des interventions, une migraine à n'en plus finir en rentrant du boulot, à nouveau des cris de ses enfants, puis s'endormir s'il en avait la possibilité.

Il n'avait pas pris de congés depuis longtemps, ou même simplement un jour pour maladie. Ce rythme était trop énergique pour son âge, certes, mais que pouvait-il faire, une journée, seul ? Il n'avait plus de passions, ses enfants étaient à l'école et Ginny travaillait. Ce n'est seulement lorsqu'il s'effondra au milieu de son bureau, devant ses collègues, que le médecin lui prescrivit du repos.