Prologue

25 1 5
                                    

Épuisement.

En dépit de la joie, l'excitation, la concentration, la fierté, l'appréhension, l'angoisse et l'irritation provoquées par les Melon Music Awards et les Mnet Asian Music Awards s'étant déroulés à 4 jours d'intervalle, l'épuisement primait sur ces émotions décuplées par la cadence effrénée du quotidien insoutenable en décembre.

L'euphorie plaçant chaque homme qui l'expérimentait sur un petit nuage engendré par ce type d'événement titanesque, entre entraînement intensif, prestations explosives, interminables cérémonies afin de sacrer les meilleurs artistes de l'année et les récompenses obtenues, teintait tous les faits d'une nuance dorée. Cette euphorie animait également l'heureux élu d'une confiance et d'un optimisme à toute épreuve, parfois jusqu'à l'inconscience, mais finissait par retomber peu de temps après le laissant hagard et apathique. Une coquille vide.
La vague était dévastatrice.
Oui, il était grisant de participer à de tels événements visant à récupérer le fruit de son dur labeur sous les regards scrutateurs des collègues, concurrents, public en folie et caméras qui permettaient de retransmettre partout à travers le monde. Le simple fait de se savoir nominé justifiait un regain de travail et d'entraînement peu importe l'état de fatigue de chacun. La pression était colossale, mais servait à certains de stimulant psychologique afin d'affronter ce nouvel épisode de leur carrière.
Les retombées en étaient forcément complexes à gérer surtout que ces spectacles grandioses avaient toujours lieu en fin d'année bien que certaines, moins magistrales, émaillaient les premiers mois, tel un dernier acte théâtral qui se devait de terminer une pièce en apothéose. Tous avaient de toute évidence accumulé une importante fatigue aussi bien physique que mentale et leur lot de douleurs. L'adrénaline procurée était donc plus que nécessaire à tout un chacun afin de surmonter l'épreuve.


C'était comme la drogue, avec son pic de béatitude et sa descente chaotique.

Tous ne réagissaient néanmoins pas ainsi face aux cérémonies de remise de prix, succombant au stress ou traversant l'événement avec un certain détachement car ne croyant guère aux miracles ou sous l'emprise de certaines substances. Mais tous n'étaient pas membres de BTS, groupe de K-pop à la renommée internationale, maintenant plébiscité par la presse américaine et une nuée d'êtres, très jeunes dans l'ensemble, dont les cœurs n'étaient que des bourgeons prêts à éclore et les yeux une rivière d'étoiles qui ne s'illuminaient que pour leur talent et leur charme.
En effet, le groupe formé par sept jeunes hommes originaires de différentes régions de Corée du Sud battait tous les records possibles et imaginables, raflant 8 prix lors des MMA et 9 lors des MAMA dont les Daesangs, pour ne citer que leurs plus récents accomplissements.

Une telle réputation nécessitait donc de redoubler sans cesse d'efforts afin de satisfaire une communauté toujours plus exigeante et critique, aussi bien côté artistique que physique, et se renouveler afin de ne pas lasser le public sans comprendre pourquoi ils avaient été élus et pas d'autres tout aussi talentueux.

La douleur et la fatigue ne comptaient pas. Il fallait monter sur scène même avec une foulure à la cheville, une sinusite ou avec si peu d'énergie en réserve que l'on risquait de s'effondrer au moindre mouvement. Et surtout ne rien laisser paraître de ses faiblesses.

Leur apparence devait toujours être aussi soignée que leurs mélodies, paroles, scènes ou chorégraphies. Les critères d'une bonne idole de la K-pop étaient d'avoir l'air du gendre idéal tout en étant créatif, charmant, doué dans sa spécificité, une bête de scène et savoir suscité l'engouement. Et ce, en toute circonstance. Leur travail était de vendre du rêve à des milliards de gens, d'embellir leur quotidien au détriment du leur.
Évidemment, s'ils étaient au sommet aujourd'hui, c'était car ils l'avaient voulu et avaient travaillé dur pour y parvenir, animés par des raisons personnelles propres à chacun – il était souvent question de valeur à prouver à ses parents ou soi-même – bien qu'avec le dénominateur commun d'illuminer la vie de tout un chacun. Parfois, certains le regrettaient.

IdoleWhere stories live. Discover now