L'affliction des Oursols

Une résolution

Sur place, notre botaniste fut estomaqué de voir autant de souffrance et de destruction en un seul endroit. La zone avait été complètement dévastée et la nature était toujours coupée net et n'arrivait visiblement pas à reprendre le contrôle. La forêt avait été consumée et seul un cratère aride demeurait là. Pas de vent, pas d'air, pas de vie.

Le panda fit quelques pas dans cette poussière noire puis comme drainé, il tomba à genoux. Il commençait à suffoquer. Il imagina les scénarios de cette catastrophe et tous les animaux et les plantes détruits en un instant. Sa magie lui permit de visualiser rapidement ce qu'il s'était passé des mois plus tôt. L'air n'ayant pas bougé depuis, le plan astral semblait interrompu dans sa course inlassable du temps. Il prit appui sur son bâton pour essayer de se relever. Mais le bâton s'enfonça en partie dans le sol.

Ul'Vira vit d'abord des mages qui avaient dû passer pour étudier le phénomène puis il vit la colère de cet ours en pleurs, luttant contre une ombre. Il vit aussi Faitboum et Skrall. Il ne put s'empêcher de pleurer. La végétation avait été carbonisée et la terre détruite. Les larmes ruisselaient sur ses joues rondes, suivant son pelage en y creusant des sillons. Ses larmes se mêlaient à la poussière noire. Le bâton du mage se mit à vibrer, une racine poussait de sa base vers la boue corrompue. Puis d'autres racines se mirent à arpenter la poussière. Il se releva en lâchant son bâton sous le choc.

Dans la bulle du bâton, la matière noire se condensait, comme de l'encre dans l'eau. Sur le terrain, des petits geysers commençaient à se former. Sur les arbres avoisinants, à moitié coupés, de la sève se mit à perler des troncs. Comme si eux aussi pleuraient enfin, des mois après la catastrophe.

Les nœuds sur le haut du bâton se muèrent en branches avec des feuilles. D'abord espacées puis de plus en plus denses.

De la base du bô germaient des graines de fleurs et de poacées en tout genre. La végétation s'étendit alors des bords du cratère vers l'intérieur et depuis le Bâton des Rêves et Cauchemars vers l'extérieur.

Magiquement, la nature reprit petit à petit ses droits autour du pèlerin. Ses larmes d'empathie se muèrent alors en larmes de joie.

La zone noire avait considérablement réduit quand le panda remarqua quelque chose d'étonnant.

Des hosta pseudoconvallaria se mettaient à fleurir en massifs face à lui.

"Mais, cette plante ne fleurit que si une grande quantité de magie est concentrée en un point. Comme aux abords de l'Université..."

Les massifs semblaient former une artère vers la forêt dense. Il laissa son Arcarme enracinée dans le sol pour qu'elle continue à purifier les lieux et suivit ce sentier floral.

Bientôt, une autre plante, l'anthurium crystallospadicum, se mit à border le chemin.

"Encore une fois, cette plante ne devrait pas se trouver ici. Les anthuriums crystallopadicum poussent près des habitations, là où la vie animale est dense. Typiquement, il y en avait souvent dans les villes. Elle sert de lampadaires car elles rediffusent magiquement de la lumière la nuit et cet arrangement sied aux populations qui prennent soin d'elle."

S'enfonçant dans la jungle sombre, la lumière diffuse de ces grandes plantes empathiques était la bienvenue et le cadre était vraiment fabuleux. Un délice de couleurs s'éclairait alors que Ul'Vira avançait.

Il heurta sa patte dans un rocher et se rendit compte qu'il était arrivé à des ruines. Lui qui avait déjà parcouru l'Île lors de ses études à l'Université, intéressé par la végétation s'y trouvant, il n'avait jamais vu cet énorme château face à lui, caché du reste du monde. La végétation avait repris le contrôle des lieux. Le panda s'enfonça dans le reste des salles. Il trouva de la Ruta muralis, encore une plante luminescente.