📌𝐂𝐑𝐈𝐌𝐈𝐍𝐀𝐋 ; ᵐᶤᶰˢᵘᶰᵍ

𝟐- 𝐁𝐑𝐄𝐀𝐓𝐇𝐄

Respirer. Il voulait respirer. Par respirer il entendait vivre et par vivre il entendait être libre.
La liberté, elle était si loin de lui et pourtant à portée de main.
Il avait décidé d'être libre après avoir quitté le cimetière la main dans celle de sa mère.
Il avait décidé de jeter son malheur dans le trou dans lequel on avait jeté sa sœur.

Pour être libre il devait oublier, mais comment oublier lorsqu'on avait souffert ?
Comment oublier lorsqu'on avait vu souffrir ?

Il appelait la liberté, jour après jour, il criait son nom, elle l'entendait, elle approchait, elle caressait son visage, mais elle ne s'abandonnait pas à lui.

"Viens à moi" criait-il.
Dans ses rêves et ses cauchemars, dans l'angoisse et dans la peur.
"Viens à moi ! ". Il implorait la liberté, il criait jusqu'à manquer d'oxygène.

"Elle arrive, elle tarde mais elle arrive" il savait, alors il attendait. La patience est une vertu, sa mère le lui répétait depuis sa plus tendre enfance. Jiyeon avait su être patiente, Jisung apprenait.

Respirer. On lui demandait sans cesse de respirer. Pourtant respirer était un art qu'il ne maîtrisait que très peu. Il devait respirer lorsque ses peurs venaient le border, il devait respirer quand il pleurait, il devait respirer quand il avait mal, il devait respirer en toutes circonstances.

Là, il peinait à respirer devant les yeux habitués de ses deux fidèles camarades et ceux des passants.
Là, on posait une veste sur sa tête pour l'empêcher de croiser les milliers regards portés sur lui, ces milliers d'yeux pleins de jugement.

Là, il se relevait doucement, il se dirigeait vers la salle d'eau la plus proche, en l'occurrence celle d'un petit restaurant de quartier.
Felix et Hyunjin le suivait en silence, le même dans lequel ils entendaient ses cris. Il rinçait son visage pendant qu'une petite main faisait des va et viens dans son dos.

« - T'es sûr d'être prêt à entrer à nouveau dans la vie active ? lança Hyunjin.

- J'ai pas le choix, et en plus je t'ai dis que je vais mieux.

- T'as beau dire que tu vas mieux, la scène de tout à l'heure nous prouve bien le contraire.

Felix ne s'attendait à aucune réponse, il continua alors :

- On est là pour te supporter Jisung, arrête de dire que tu vas mieux si c'est pas le cas, comment tu veux qu'on t'aide si tu nous mens, hein ? Rends-toi à l'évidence, tu n'es toujours pas prêt à réaffronter la vie quotidienne ! C'est pas toi qui nous racontais ta crise d'angoisse dans la rue ? Le même jour ou tu prétendais que t'allais mieux et que tu allais te battre pour elle ? Jisung tu vas sur tes vingt-deux ans ! Arrête de te voiler la face ! Maintenant dis nous, tu vas bien oui ou non ?!

- Oui puisque je te le dis putain ! Je vais bien ! Vous qui êtes là depuis qu'on est enfant vous êtes pas foutu de le voir ? Tu penses que parce que j'ai déclaré que je vais bien je vais toujours sourire ? Que je vais plus être paniqué ? J'ai perdu ma sœur ! Ma jumelle ! Alors je peux comprendre que ça ne nous atteigne pas de la même manière mais ne m'oblige à rien, arrête de me presser !

- On ne te presse pas Jisung, arrête de dire n'importe quoi ! Tu penses vraiment que si on voulait te presser on t'aurait attendu ces cinq derniers mois ? On veut juste que tu sois honnête envers nous et envers toi-même ! Si tu as encore besoin de temps on le comprendra parfaitement et on t'aidera.
Jiyeon n'est plus qu'un souvenir pour chacun de nous. Tu comprends ça ? D'accord t'as mal, mais est-ce que tu es le seul à souffrir ? Tu penses qu'on a pas pleuré nous aussi ? T'es égoïste là ! Arrête tes bêtises je t'en supplie, t'as encore besoin de temps et du temps on en a !