Améthys saison 3 - La Libération I (terminée)

chapitre 29 partie 1

Améthys

Quelque chose me secoue. J'ouvre brusquement les yeux. Je suis enfermée dans un tube, mes pieds, mes poignets sont attachés à des sangles. Une machine me transporte. Il y a des tubes en face, ils renferment les créatures qui semblent endormies.

Le tube tourne, je me retrouve la tête en bas. De l'autre côté, je vois une vitre, il y a des boudjelaihs habillés avec leur combinaison blanche. Ils doivent certainement être aux commandes de la machine.

Je me débats, je dois sortir de là ! D'autant plus que je ne sais pas ce qui se trame ! Je ne sais plus ce qui m'est arrivée... après que... après que quoi ?

Le tube pivote. J'ai aussitôt la tête qui tourne. Je me retrouve dans une autre pièce où des corps baignent dans une eau bleue et des bras mécaniques leur injectent je ne sais quoi avec de grosses seringues. Les machines ronronnent. Mon cœur bat la chamade. Qu'est-ce qu'ils comptent me faire ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Je ferme les yeux, respire calmement pour essayer de me rappeler...

Je revois des vers gluants... un tas de lumières... Une source... et j'ouvre les yeux, mon rythme cardiaque s'accélère. Je crois que j'ai fait quelque chose que je n'aurai pas dû.

J'entre soudain dans un tunnel, des faisceaux lumineux verts rayonnent autour du tube. Je sens une chaleur traverser mon corps. C'est comme s'ils me scannaient.

Je continue de respirer calmement. Je dois étouffer mon angoisse grandissante.

Le tube s'arrête brusquement, me voilà dans une salle toute blanche. Une porte s'ouvre et deux scientifiques entrent. Le tube s'ouvre, ils détachent mes sangles et me soulèvent par les bras. Je m'écroule. J'ai la tête qui tourne et j'ai l'impression que des épines me transpercent les pieds ! Les scientifiques me traînent alors comme si j'étais un vulgaire sac.

Nous traversons un corridor et les lumières m'éblouissent.

Ils ouvrent une porte et me placent sur une chaise de docteur. Ils m'attachent de nouveaux avec les sangles. L'un d'eux prend des électrodes et les place sur mes tempes.

— Qu'est-ce que vous allez me faire ? questionné-je.

Ils ne me répondent pas et l'autre prend une aiguille. Je me sens partir.

Lorsque je reprends conscience, mon corps est affalé sur un sol rocheux. Je me redresse, je suis dans un endroit sombre, on dirait une grotte. Mais quelque chose au loin attire mon attention. Une lumière, un peu bleuâtre et violette à la fois. Je me lève et m'y dirige. J'ai l'impression d'être hypnotisée, je ne peux plus détacher mes yeux... Rien d'autre n'existe à part la lumière et l'énergie que j'y ressens. C'est tellement agréable.

Je m'arrête devant une grande source. Je connais cet endroit, j'y suis venue lorsque j'étais petite. Je l'observe, essayant de me remémorer.

Brusquement, de la vapeur s'élève, prenant une forme étrange.

Shhh....

Je plisse les yeux. La chose semble me parler, mais je ne comprends pas ce qu'elle dit.

Shhh...

Tout à coup, le sol se met à trembler sous mes pieds, des roches s'effondrent, la terre fend sous moi et rapidement, je m'envole pour ne pas tomber.

La forme pousse alors un hurlement à m'en donner mal à la tête. Elle se rue vers moi et passe à travers mon corps. C'est alors que je vois du sang, des cadavres par milliers, une planète qui se dessèche et où il ne reste ni vie, ni âme.

— Qu'as-tu fait ? Qu'as-tu fait ? j'entends soudainement en voyant la forme prendre l'apparence d'une femme aux vêtements anciens.

Je l'ai déjà rencontré il y a longtemps... Ici même...

J'écarquille les yeux alors que tout me revient. Cet endroit. La Source de Cirth. L'origine de nos pouvoirs.

Je déglutis. Je le leur ai dit. Je leur ai avoué, je n'avais pas le choix où j'allais perdre Alaska.

— Ils vont tout détruire ! Crie-t-elle d'une voix hystérique.

— Je ne le permettrai pas ! répliqué-je.

— Mais tu es là ! Tu es dans le Gouffre ! Tu ne peux rien faire ! On ne peux rien faire lorsque l'on est un lowclass !

Je fronce les sourcils. Cette femme... Charon... Un des ancêtres ne m'aurait jamais parler ainsi. Mes yeux se posent alors sur la source qui s'écoule dans les cavités. Je remarque un brouillage informatique. Je ne suis pas dans la réalité.

— Vous n'êtes pas réel, murmuré-je.

Je fixe alors l'ancêtre et lève la main vers son front. Aussitôt, une lumière bleuâtre et violette s'échappe de mon doigt et elle se désagrège, puis tout le décor disparaît.

Tout devient noir et j'ai l'impression de tomber. Ma respiration se bloque un instant avant que je ne me redresse en sursaut, le souffle maintenant saccadé.

Me voilà dans la réalité. Sur une table d'opération, des perfusions et un casque de simulation sur ma tête, mais aussi des boudjelaihs évanouis sur le sol. Les sangles qui m'attachaient, ont été comme dévorés par une onde de choc.

Je retire alors rapidement les perfusions et mon casque. Je leur ai révélé ce qu'ils voulaient, mais en me faisant passer toute ses simulations, que cherchent-ils ?

Je pose mes pieds par terre, le cœur battant vivement dans ma poitrine. Peu importe. Je n'ai pas su tenir ma promesse, maintenant qu'ils connaissent la Source, le peuple est en danger.

Je fais un pas, mais j'ai l'impression que des fourmis venimeuses sont en train de me dévorer les jambes. Je pousse un cri en sentant la douleur, mes pieds ne me supportent pas et je tombe.

Je me mets alors à ramper jusqu'à la porte. Peu importe ce que j'ai fait. Il est trop tard pour s'en vouloir. J'ai fait ça pour protéger mes amis, mais je sais que je peux encore protéger Cirth. Je dois juste rentrer là-bas. Retourner sur Cirth.

La porte s'ouvre et je distingue des alarmes qui clignotent au-dessus de ma tête, mais ce qui m'inquiète, c'est le sol maculé de sang et les boudjelaihs à même le sol qui semblent avoir été transpercés par quelque chose. Je commence à me demander si c'est moi qui ai fait ça, où s'il n'y a pas autre chose. Avec toutes leurs expérimentations et les créatures qui vivent dans ces lieux, peut-être qu'il y en a une qui est sortie de leur contrôle !

Je me pince les lèvres puis fixe ma main. J'ouvre ma paume et me concentre. La peur qui encombrait mon estomac se dissipe en voyant que j'arrive à faire appel à mon énergie. Je vais pouvoir me défendre et... je m'assieds, ferme les yeux pour me soigner. Lorsque je ne ressens plus rien dans mes jambes, je me redresse, mais suis prise d'un vertige. Je m'appuie contre l'embrasure de la porte et me mords les lèvres. Pauvre de moi, j'ai malgré tout besoin d'énergie.

J'inspire et j'expire.

Calme-toi Améthys.

Même si je tombe nez à nez avec la créature qui a fait ce massacre, je vais pouvoir me défendre. Et si les boudjelaihs m'attrapent encore, je me relèverai et me défendrai.

J'observe le couloir. Il faut d'abord que j'ai une idée de l'endroit où je me trouve. Je ne peux pas me téléporter n'importe où, d'ailleurs, je n'ai pas assez de force pour utiliser ce don. Le plus sage serait d'utiliser ma clairvoyance. Je pourrais alors savoir à qui j'ai à faire.

Je m'introduis dans le couloir et observe d'abord sur ma droite, puis sur ma gauche. Le couloir de droite se termine avec une porte sur laquelle est inscrit A 50, tandis que celui de gauche mène à un carrefour et où des scientifiques baignent dans leur sang.

Je ne peux pas voir plus loin que le carrefour. Prendre ma droite m'amènerait à un cul de sac. Je n'ai donc pas le choix que d'aller vers ma gauche.

J'avance lentement, à l'affût, observant constamment ce qu'il y a au lointain, et écoutant le moindre bruit suspect. Un filet de sueur roule sur mon front car, plus je m'approche du corridor, plus je perçois un grognement inhumain.